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Construction: plainte judiciaire des syndicats

Quebec construction workers march during a demonstration as the province wide strike enters its second day Thursday, May 25, 2017 in Montreal.THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz Photo: La Presse canadienne
Helen Moka et Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne

MONTRÉAL — Tous les espoirs semblaient permis, mais les négociations de la dernière chance dans le secteur de la construction ont frappé un écueil, samedi après-midi, avec le dépôt d’une plainte du syndicat, qui déplore la «mauvaise foi» de leurs vis-à-vis. De son côté, le gouvernement Couillard a convoqué tous les députés lundi matin en vue de la possible adoption d’une loi spéciale.

Les négociations ne sont pas rompues pour autant entre les parties. Tant l’Alliance syndicale que l’Association de la construction du Québec (ACQ) ont assuré qu’ils voulaient en venir à une entente négociée pour éviter la loi spéciale, qui selon le gouvernement, pourrait nuire aux deux côtés.

La ministre Dominique Vien a confirmé en mêlée de presse, samedi, que les députés seraient au salon bleu à 9 h 45, lundi, pour adopter possiblement un projet de loi spéciale, même si le gouvernement croit encore à la possibilité d’une entente entre les deux parties.

L’Alliance syndicale en a pris plusieurs par surprise, samedi, en annonçant qu’elle lancera lundi matin des procédures judiciaires pour «négociation de mauvaise foi contre l’Association de la construction du Québec (ACQ) et son négociateur, Dominic Proulx» parce que selon elle, l’ACQ a «menti» en disant qu’elle retirait les clauses sur la conciliation travail-famille, ce qui n’a pas été le cas dans la dernière offre qui leur a été présentée.

«Hier soir, ils sont revenus nous rire dans face avec cette demande-là pendant qu’on a 175 000 travailleurs qui sont dans la rues, qui perdent des salaires, puis qu’on a l’épée de Damoclès d’une loi spéciale, je suis obligé d’envoyer ce message-là», a déclaré le porte-parole de l’Alliance syndicale, Michel Trépanier, lors d’une mêlée de presse samedi après-midi devant les bureaux du ministère du Travail du Québec, à Montréal.

En déposant la plainte, le syndicat veut dénoncer le représentant de l’ACQ qui aurait affirmé, selon lui, «qu’il allait prendre tous les moyens nécessaires pour atteindre son but et qu’il irait jusqu’à la loi spéciale» pour forcer le retour au travail des 175 000 travailleurs de la construction en grève générale illimitée depuis quatre jours.

L’Alliance syndicale reproche également à l’ACQ d’avoir présenté une nouvelle offre patronale vendredi soir à la table du secteur institutionnel-commercial et industriel, qui faisait reculer les pourparlers en arrière de plusieurs semaines puisqu’elle réintroduisait des propositions que la patrie patronale s’était engagée à retirer.

«Je ne sais pas quelle « game » qu’ils jouent, mais ça, on ne le prend pas», a-t-il laissé tomber.

La réaction de l’Association de la construction du Québec ne s’est pas fait attendre. Le porte-parole de l’ACQ et membre du comité de négociation, Éric Côté, est sorti des mêmes bureaux quelques minutes plus tard pour réagir à cette annonce «surprise» et «inopportune» de l’alliance syndicale.

M. Côté a souligné que organisation aurait pu «à plusieurs occasions» présenter des plaintes de mauvaise foi à l’encontre de l’Alliance syndicale, mais qu’elle ne l’avait pas fait pour le bien des négociations.

«À notre avis, il s’agit d’une stratégie pour venir déstabiliser et faire dérailler la négociation. Malgré cela, nous allons continuer de négocier», a-t-il soutenu.

Il a souligné que l’Alliance syndicale avait tout le loisir d’accepter l’offre globale initiale de la partie patronale puisqu’il y était justement question de conciliation travail-famille. Selon Éric Côté, cette offre avait été rejetée par l’Alliance syndicale dans la minute précédant le déclenchement de la grève générale illimitée mercredi dernier.

«Cette proposition globale contenait toutes les questions, et nous avions justement défini un cadre pour toutes les questions qui touchaient la flexibilité et la conciliation travail-famille, nous étions prêts à faire une offre qui tenait, à l’accepter, et l’Alliance syndicale a choisi d’entrer dans le train en marche de la grève», a-t-il déploré.

Aucune des deux parties n’était en mesure de savoir quelle incidence pourrait avoir ou non ce recours devant les tribunaux alors que le gouvernement Couillard se prépare à déposer une loi spéciale dès lundi matin également, à défaut d’une entente négociée entre les parties.

Aide aux sinistrés
Un certain nombre de grévistes sont venus en aide aux sinistrés de Rigaud, samedi.

Parmi eux: Olivier Chrétien, un tuyauteur de la région de Montréal qui est en grève. Joint par La Presse canadienne à RigaudM. Chrétien a confirmé que ses confrères de travail et lui «souhaitent en arriver à une entente négociée en fin de semaine». Selon lui, «si tout le monde est de bonne foi (…) et que tout le monde met de l’eau dans son vin, on devrait en arriver à une entente négociée d’ici dimanche».

M. Chrétien est monté à bord d’un des quatre autobus qui sont partis samedi matin de Montréal en route vers Rigaud pour venir en aide aux sinistrés des inondations. D’autres syndiqués en grève les ont rejoints sur place de sorte qu’ils étaient au-delà d’une centaine sur l’heure du dîner, selon sa propre estimation. Durant l’entrevue, ce travailleur de la construction en grève a assuré qu’il ne s’agissait pas d’une opération de relation publique pour se donner une bonne image dans les médias. Il s’est dit convaincu que tout cela «c’est de bonne foi, d’autant plus qu’eux-mêmes ne travaillent pas en ce moment et que ça leur fait plaisir de donner de leur temps pour aider les gens qui en ont besoin».

Olivier Chrétien a parlé d’un accueil chaleureux de la part des sinistrés, dont certains étaient en pleurs alors qu’ils voyaient arriver du renfort dans leurs opérations de nettoyage. Comme bien d’autres, il a trouvé «dommage ce qui leur arrive» mais a éprouvé un certain réconfort dans le fait que «ça remonte le moral».

Quant au moral des syndiqués de la construction en grève, il semble bon malgré le constat que les avis semblent partagés à leur égard au sein de la population. Sans donner des exemples précis, M. Chrétien a dit avoir l’impression que les gens qui n’apprécient pas leur mouvement de grève «n’avaient pas toutes les informations» pour comprendre leur point de vue. Ce tuyauteur reconnaît que «tout le monde a droit à sa propre opinion» mais qu’en fin de compte, «ça va peut-être donner du courage à d’autres personnes pour aller jusqu’au bout dans leurs propres négociations de travail».

Et à en croire Olivier Chrétien, les 175 000 travailleurs de la construction en grève ne sont pas prêts à «lâcher le morceau puisqu’ils sont tous solidaires les uns des autres».

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