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Le 98,5 FM veut des excuses de la Police de Laval

Une voiture du Service de police de Laval (SPL). Photo: Yves Provencher/Métro

Après les révélations mises en lumière sur une perquisition ayant permis d’accéder au contenu de textos échangés entre un sergent détective de la Police de Laval et deux journalistes, dont Monic Néron, la station radiophonique 98,5 exige des excuses publiques pour avoir fouillé la vie privée d’une des leurs. La demande a été notamment adressée via la voix de Paul Arcand, l’animateur du matin de la station.

Lors de l’audience tenue le 31 mai par la Commission d’enquête sur la protection de la confidentialité des sources journalistiques, le témoignage du sergent détective Hugues Goupil a permis d’apprendre que la Police de Laval avait ouvert une enquête sur de possibles fuites médiatiques, malgré les aveux du policier impliqué, Domenico Digenova.

L’affaire concernait l’arrestation d’un pompier suspecté de vendre des stupéfiants dans le stationnement de la caserne 5, à Saint-François.

Le 10 décembre 2014, la Ville de Laval avait suspendu avec solde les détectives Dominico Digenova et Antony Donato parce qu’ils auraient divulgué des informations aux médias lors de perquisitions huit jours plus tôt.

«La médiatisation a nui au déroulement de l’opération et mis en jeu la sécurité de nos policiers», confiait alors Daniel Guérin, des Affaires publiques de la Police de Laval.

Intervention risquée
Une trentaine de policiers avaient été impliqués dans quatre perquisitions. Le jour même de l’opération, le lieutenant Guérin avait prévenu l’inspecteur responsable, Jean Joly, que Monic Néron «transmet live sur les ondes plusieurs détails de l’enquête et elle mentionne aussi que l’arrestation du pompier vient tout juste de survenir». Il affirme qu’il est impossible qu’elle ne fût pas informée d’avance.

Plus tard, Jean Joly adhère à ce point de vue en écoutant la bande audio du reportage trop étoffé quand on pense qu’il a été diffusé seulement 15 minutes après l’arrestation. Il spécifie aussi que c’est le quatrième dossier de l’Antigang qui est «coulé» dans les médias, persuadé que la fuite vient de l’interne.

Dans son rapport daté du 5 décembre, Jean Joly écrit avoir demandé à Domenico Digenova s’il avait couché avec la journaliste (Monic Néron). Ce dernier lui répond que non, «qu’il voulait seulement se servir d’elle pour avancer la cause des dossiers sur lesquels il est assigné».

Du côté du lieutenant-détective Donato, celui-ci confie à son supérieur que son collègue «a fait ça parce qu’il voulait la fourrer… il a pensé avec sa graine…»

Malgré l’absence de motif sexuel au final, la Police de Laval a continué d’utiliser cette raison pour obtenir des mandats d’un juge et accéder au contenu de téléphones cellulaires, a relevé la Commission Chamberland.

Investigation poussée
Le 9 décembre, les deux agents sont rencontrés, apprenant qu’une enquête interne sera entamée. Les appareils cellulaires sont saisis et entreposés.

Environ un mois plus tard, l’un des enquêteurs, Hugues Goupil reçoit un registre de cellulaire attestant de nombreux échanges entre l’appareil du détective Digenova et les numéros associés aux journalistes Monic Néron et Audrey Gagnon (TVA), sous forme de messages textes, les jours précédant l’opération policière.

Au fil de l’enquête, Domenico Digenova fera des aveux, larmes aux yeux, sur sa responsabilité dans la divulgation d’informations privilégiées à des médias, devant l’inspecteur Joly, aujourd’hui à la retraite.

Ce jeudi 1er juin, le sergent Hugues Goupil, est de retour devant la Commission Camberland pour terminer sa déclaration. Jean Joly et Monic Néron, journaliste, devraient aussi être entendus.

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