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Nadeau-Dubois promet de continuer de «déranger»

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Plus de cinq ans après avoir passé plusieurs jours à Québec pour négocier un compromis sur la hausse des frais de scolarité pendant une longue crise étudiante, Gabriel Nadeau-Dubois retournera mardi dans la capitale nationale, mais cette fois-ci pour être assermenté comme nouveau député de Québec solidaire (QS) à l’Assemblée nationale. Au salon bleu, le politicien de 27 ans ne compte pas «rester tranquille» et promet d’amener des «débats dérangeants».

«Ça fait des années qu’on dit qu’on veut des jeunes en politique et quand des jeunes débarquent en politique, la première chose qu’on leur dit c’est: « J’espère qu’ils vont apprendre et qu’ils vont rester tranquille ». J’ai certes appris beaucoup de choses depuis 2012, mais non je ne resterai pas tranquille», a laissé tomber M. Nadeau-Dubois, en entrevue avec La Presse canadienne dans un café de sa circonscription de Gouin.

«Si j’avais dix ans de plus, ces commentaires-là, on ne les entendrait pas».

M. Nadeau-Dubois réagissait aux conseils de certains politiciens d’expérience, qui disaient espérer que l’ancien leader étudiant allait faire preuve de retenue en tant que nouveau député. Le premier ministre Philippe Couillard l’a encouragé à «ajuster son discours», tandis que le député caquiste Éric Caire a dit souhaiter qu’il «prenne la pleine mesure de la fonction à laquelle il accède».

«Je vais prendre les conseils de Manon (Massé), d’Amir (Khadir), pour ce qui est des gens de la CAQ, je vais laisser leurs conseils de côté», a-t-il affirmé avec un sourire en sirotant un café.

Gabriel Nadeau-Dubois est arrivé en politique avec un lourd bagage médiatique, marqué par la crise étudiante, durant laquelle il a été le porte-parole du regroupement d’associations étudiantes appelé la CLASSE. M. Nadeau-Dubois, qui incarnait la frange modérée du mouvement, ne pouvait alors exprimer aucune opinion personnelle, dont celle de condamner la violence qui survenait parfois dans des manifestations.

S’il dit avoir mûri depuis cette époque, le militant ne veut pas de distancier de son passé parfois controversé, même si cela lui met à dos certains électeurs.

«Je n’en ai pas honte, bien au contraire. J’aurais pu essayer de prendre mes distances de 2012 dans les cinq dernières années, mais je ne l’ai pas fait, parce que d’une part, c’est impossible, mais d’autre part, je suis très conscient que la notoriété que j’ai, je l’ai héritée de cette mobilisation-là», a-t-il expliqué.

«Ce serait irresponsable de faire comme si je ne venais pas de là», a-t-il ajouté.

Encore porte-parole

Gabriel Nadeau-Dubois croit être capable de rejoindre plus de gens maintenant qu’il est porte-parole de Québec solidaire et bientôt député, parce qu’il ne sera plus dans une logique de confrontation comme en 2012, et, surtout le poste qu’il occupe maintenant lui laisse plus de latitude sur ce qu’il peut dire en public.

«Le rôle que j’avais à l’époque, il était très compliqué, il était très contraignant. Ça a rendu cette grève-là très difficile pour moi. Oui, je suis content d’être dans un contexte où quand même je vais avoir plus d’espace pour m’exprimer et mettre de l’avant mes propositions», a-t-il soutenu.

«Québec solidaire est une organisation plus unie que l’était le mouvement étudiant à l’époque. Déjà, je le sens, c’est plus serein comme ambiance», a-t-il poursuivi.

«Déranger», il l’a fait lorsqu’il a annoncé sa candidature en mars dernier, alors qu’il avait déclaré que la classe politique des 30 dernières années avait «trahi» le Québec. Les politiciens de toutes les couleurs politiques ont rapidement dénoncé ces paroles, qu’il a dû rectifier.

«Oui, il y a des gens qui ont renié leurs promesses, je veux bien être poli, mais un moment donné, il ne faut pas non plus se mettre la tête dans le sable», a-t-il lancé.

Or, le jeune député devra maintenant siéger avec certains de ces députés qui sont ou qui étaient au gouvernement dans les 30 dernières années, et son parti devra parfois travailler avec eux pour faire avancer des projets.

M. Nadeau-Dubois semble très à l’aise à l’idée s’entendre ponctuellement avec ses collègues des autres partis si cela peut faire avancer ses objectifs.

«On (QS) a travaillé avec la CAQ sur les enjeux des mini-centrales, on a travaillé avec le Parti québécois sur les enjeux d’austérité en éducation, on a signé une entente avec tous les partis politiques sur la réforme du mode de scrutin», a-t-il énuméré.

«Moi je vais continuer comme ça, à être ferme sur le projet de société, mais à être ouvert aux compromis et aux alliances lorsque nécessaire», a-t-il assuré.

Après un marathon d’entrevues et de réunions, Gabriel Nadeau-Dubois s’en ira à Québec lundi et le lendemain, il sera assermenté comme député à l’Assemblée nationale.

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Gabriel Nadeau-Dubois sur…

La condamnation de la violence en 2012

«Je ne pouvais exprimer aucune opinion personnelle. Aucune, sur rien. J’aurais pu (condamner personnellement la violence), si je l’avais fait, il y aurait eu un autre porte-parole de nommé et j’aurais été destitué. Non pas que je voulais garder ce rôle-là à tout prix, mais je pense que j’assurais à l’époque un certain équilibre à l’intérieur du mouvement.»

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Les gens qui ne l’aiment pas

«Les gens qui ne m’aiment pas, d’habitude, ils ne m’aiment vraiment, vraiment pas. J’ai envie de leur dire: « Écoutez-moi, écoutez-nous, Manon et moi, regardez ce qu’on propose. Si vous ne m’aimez pas la face, fermez les yeux et écoutez le projet qu’on propose ».»

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Le projet avorté de conclure des pactes électoraux avec le Parti québécois

«Moi, je me suis rallié à cette décision et je trouve que c’est la bonne. Je pense que ce dont les gens s’attendent de nous à Québec solidaire, ce n’est pas qu’on fasse des bricolages électoraux pour avoir le plus de députés possible.»

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