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La campagne électorale accusée d’être responsable de crimes haineux

Photo: Adrian Wyld

OTTAWA — Les conservateurs et les bloquistes rejettent tout lien entre la hausse des crimes haineux constatée en 2015 et le discours politique durant la campagne électorale fédérale.

«C’est absurde et sans fondement», s’est défendu le député conservateur Tony Clement.

«Je ne suis pas d’accord avec cette analyse-là, a affirmé le chef parlementaire du Bloc québécois, Xavier Barsalou-Duval. Ce n’est pas parce qu’on a des débats de société, par exemple, sur l’intégration et sur la laïcité, que nécessairement, ça va faire augmenter les crimes haineux.»

Statistique Canada a dévoilé mardi de nouvelles données sur les crimes haineux, qui ont bondi de 5 pour cent en 2015. Les musulmans ont été particulièrement touchés par ces infractions. Celles perpétrées contre des membres de cette communauté se chiffraient à 159 incidents — une hausse de 61 pour cent par rapport à l’année précédente.

Le Conseil national des musulmans canadiens (NCCM) n’a pas hésité à faire le lien entre cette hausse et le discours électoral adopté par les conservateurs en 2015.

«C’était une année difficile pour la communauté musulmane, qui a souffert de la rhétorique politique durant l’élection fédérale, qui dépeignait les musulmans comme des terroristes, des sympathisants de terroristes ou comme étant contre les femmes», a affirmé Khalid Elgazzar lors d’une conférence de presse, mardi matin.

«Dès que M. Harper a commencé à parler du voile facial, nous avons immédiatement commencé à recevoir des informations sur des femmes qui avaient été harcelées au Canada», a renchéri la directrice des communications de l’organisme, Amira Elghawaby.

Le secrétaire principal de Justin Trudeau, Gerald Butts, semble lui aussi faire le lien entre cette hausse de crimes haineux et le discours politique. «Que s’est-il passé encore en 2015 ?», a-t-il ironisé sur Twitter en partageant un lien de l’étude de Statistique Canada.

Justin Trudeau avait accusé les conservateurs et les bloquistes d’utiliser le niqab pour diviser les citoyens durant la campagne.

Le niqab est devenu un enjeu électoral en septembre 2015 lorsque la Cour fédérale a rejeté un appel portant sur l’interdiction du port de ce voile lors de la prestation du serment de citoyenneté.

Stephen Harper avait alors promis qu’il étudierait la possibilité de l’interdire dans la fonction publique fédérale.

Le Bloc québécois avait aussi exploité la question du niqab afin de marquer des points contre le Nouveau Parti démocratique.

Le chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, s’est bien gardé de faire un lien de cause à effet, mais s’est dit préoccupé par ce genre de discours politique.

«Ceux d’entre nous qui faisons partie de la vie publique avons l’obligation de toujours être un modèle, de toujours dire que c’est inadmissible dans notre société de propager la haine contre des gens sur la base de leur langue, leur religion et de leur culture», a-t-il déclaré.

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