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46 M$ pour contrer la maltraitance chez les aînés

Photo: Archives
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Québec s’est doté, jeudi, d’un deuxième plan d’action pour contrer la maltraitance envers les aînés et s’est attaqué de front à la question de l’abus financier, le type d’abus le plus fréquent, selon des statistiques.

La ministre responsable des Aînés, Francine Charbonneau, a relaté en conférence de presse à Québec qu’il n’était pas rare qu’une personne âgée reçoive un appel au beau milieu de la nuit d’un «neveu» qui a eu «un accident», ou qui «est en prison» et qui a besoin de 5000 $.

Le tiers des quelque 4000 personnes qui communiquent avec la Ligne Aide Abus Aînés chaque année (32,7 pour cent) le font d’ailleurs pour dénoncer des situations de maltraitance financière. De façon générale, la plupart des abus sont commis envers les femmes. Dans 38 pour cent des cas, c’est l’enfant qui maltraite son parent.

«Il faut qu’on soit capable de détecter cette forme d’abus financier là, qui fait en sorte que nos aînés sont pris dans un carcan et ne savent pas à qui s’adresser, a déclaré la ministre Charbonneau. La commis dans une banque ou une caisse peut accompagner un aîné dans une problématique; il faut juste qu’on se parle, qu’on fasse de la formation.»

Le gouvernement lance donc un plan d’action, assorti d’une enveloppe de 45,8 M$ sur six ans, où il y introduit la notion de «bientraitance». Le plan comprend une cinquantaine de mesures, dont:

-élaborer et offrir aux intervenants du secteur financier une séance d’information sur la maltraitance financière;

-ajouter un volet à la formation sur les crimes économiques offerte aux procureurs aux poursuites criminelles et pénales;

-rédiger et publier un guide de bonnes pratiques à l’intention de l’industrie encadrée par l’Autorité des marchés financiers;

-distribuer auprès des intervenants du secteur financier un aide-mémoire énumérant les facteurs de risque liés à la maltraitance financière;

-organiser un forum sur la maltraitance financière;

-réaliser une large enquête québécoise sur la prévalence du phénomène de la maltraitance envers les personnes aînées.

Selon Pierre Blain du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU), le plan manque de dents. Les institutions financières peuvent toujours fermer les yeux. «On a beaucoup de témoignages, nous, de personnes qui nous disent: «On va chercher pépère et mémère le premier du mois avec la carte client et on revient une heure après». Ben, il faudrait que les institutions financières regardent si ce sont des «patterns» qui se produisent et agissent», a-t-il affirmé.

Le 15 juin était aussi la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes aînées. La ministre Charbonneau a réitéré que la maltraitance pouvait prendre plusieurs formes. Souvent non visible, elle peut avoir des conséquences «dévastatrices» sur les gens, a-t-elle dit.

Le Québec compte environ 100 000 aînés de plus chaque année. En 2031, ce sera plus du quart de la population qui aura 65 ans et plus.

Par ailleurs, Mme Charbonneau a dit avoir une sensibilité toute particulière pour les aînés issus des minorités ethnoculturelles, les Autochtones, LGBT et les personnes handicapées.

Ces groupes d’aînés feront l’objet de différents projets de recherche concernant la maltraitance, une première au Québec, a-t-elle affirmé.

«Ces gens-là sont sortis du placard, les LGBT sont sortis du placard, ils ne veulent pas y retourner», s’est félicité M. Blain.

Le plan d’action — le deuxième en sept ans au Québec — fait suite au projet de loi 115, qui a été adopté le mois dernier à l’Assemblée nationale et qui rend obligatoire la dénonciation d’actes répréhensibles dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

Il ne prévoit cependant aucune sanction pénale.

L’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ-CSQ) a réagi jeudi en disant douter que les sommes allouées dans le plan soient suffisantes pour combler les besoins exprimés.

Le député péquiste de Rimouski, Harold LeBel, a quant à lui réitéré sa demande pour que soient tenus des états généraux sur les conditions de vie des personnes âgées.

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