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Réussite éducative: Québec présente ses objectifs

Quebec Education and Family Minister Sebastien Proulx responds to the Opposition during question period, Wednesday, March 29, 2017 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le professeur Égide Royer n’est pas tendre à l’égard du gouvernement Couillard et de sa Politique sur la réussite éducative présentée mercredi. Il lui attribue une note de 6,5 sur 10, à peine la note de passage.

M. Royer souhaitait que la politique réponde à 10 exigences, toutes bien concrètes, lesquelles auraient contribué à hausser le taux de diplomation au Québec, qui stagne autour de 74 pour cent. En guise de comparaison, l’Ontario affiche un taux de réussite de 86 pour cent.

Il appelait entre autres le gouvernement à mettre en place: l’école obligatoire jusqu’à 18 ans, la maternelle 4 ans pour tous et un institut d’excellence qui se serait penché sur les pratiques exemplaires en éducation.

Rien de tout cela n’est garanti dans la politique, qui se veut surtout un appel à tous les acteurs de la société pour qu’ils se mobilisent autour de la réussite scolaire.

«La Politique de la réussite éducative que nous lançons aujourd’hui est le commencement d’un grand projet collectif, a déclaré le premier ministre Philippe Couillard, de passage à l’École secondaire De Rochebelle, à Québec. Elle se veut rassembleuse. Elle vise la réussite de tous les élèves sans exception, quel que soit leur âge ou leur statut. Cette politique, à nous d’en écrire la suite.»

Faute de mesures concrètes, M. Royer, un spécialiste en éducation de l’Université Laval, conclut que le taux de diplomation dans la province continuera d’augmenter lentement, mais demeurera très probablement inférieur à celui des meilleurs systèmes éducatifs nord-américains.

«C’est beaucoup de discussion, beaucoup de consultation, mais en septembre prochain, dans la vraie vie, il n’y a absolument rien qui va changer pour nos jeunes au Québec», a déploré le député péquiste Alexandre Cloutier.

Selon les partis d’opposition, la politique se résume essentiellement à: quatre plans d’action, trois stratégies gouvernementales, trois chantiers, deux tables de concertation et un groupe de travail.

La montagne a accouché d’une souris, a renchéri Jean-François Roberge, député de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Peu de mesures concrètes

Le gouvernement annonce qu’il «entreprendra des démarches» en vue de créer un institut national d’excellence, qu’il «poursuivra» le déploiement de la maternelle 4 ans, et qu’il «analysera l’opportunité» de prolonger la période obligatoire de fréquentation scolaire de 16 à 18 ans, ou jusqu’à l’obtention d’un diplôme.

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, jongle aussi avec l’idée de créer un ordre professionnel pour les orthopédagogues, rejetant du coup l’idée d’en créer un pour les enseignants.

Il entend «actualiser les programmes de formation» pour les enseignants, sans donner plus de détails.

Différents «chantiers» et «plans d’action» seront donc lancés, entre autres sur la valorisation de la profession d’enseignant, sur la place du numérique à l’école, sur la formation professionnelle, sur l’alphabétisation et la francisation.

Le gouvernement s’engage également à «réviser le modèle de financement» pour les élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage. Il promet d’instaurer un seuil minimal de services spécialisés dans les écoles.

Tel que promis dans le dernier budget, il ajoutera dans chaque école primaire, au cours des prochaines années, un intervenant spécialisé «pour faire la liaison entre l’élève, sa famille et d’autres intervenants significatifs».

Cible de 85 pour cent

L’objectif ultime est de faire passer de 74 pour cent à 85 pour cent d’ici 2030 la proportion des élèves québécois de moins de 20 ans qui obtiennent un premier diplôme (DES ou DEP).

Le gouvernement veut aussi faire grimper le taux de qualification (un diplôme ou certificat de formation) chez les moins de 20 ans de 78,8 pour cent à 90 pour cent.

D’ici 2030, le gouvernement Couillard entend réduire de moitié les écarts entre différents groupes d’élèves, notamment entre les garçons et les filles.

Il se donne aussi pour objectif d’augmenter le taux de réussite à l’épreuve ministérielle d’écriture, langue d’enseignement, en quatrième année. Enfin, le ministre désire augmenter de cinq points de pourcentage la part de la population adulte du Québec qui démontre des compétences élevées en littératie.

M. Proulx a rappelé, mercredi, que son gouvernement consacrera 1,8 milliard $ sur cinq ans pour embaucher plus de 7200 nouvelles ressources en éducation, dont 1500 dès cet automne.

Ils ont dit…

«Ce qui nous plaît le plus, c’est que c’est un vrai point de départ vers quelque chose d’autre pour nos enfants à besoins particuliers. On a la reconnaissance du fait qu’actuellement dans le système comme il est, ce n’est pas un système qui les amène vers le développement de leur plein potentiel. Ça a été nommé, ça a été dit, c’est écrit, et ce n’est pas tous les jours qu’on a les gens du milieu qui sont capables de le reconnaître aussi ouvertement. Déjà pour nous, c’est un bel acquis.»

Brigitte Dubé, Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec

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«Est-ce que tout y est? Non (…) Tu ne peux pas parler de réussite éducative, même si tu parles d’agir tôt dans un continuum, si tu ne t’attaques pas aux conditions sociales. On ne naît pas tous égaux; il faut régler les questions fondamentales des conditions sociales des parents, la pauvreté donc. La ségrégation scolaire aussi, c’est absent.»

Louise Chabot, présidente Centrale des syndicats du Québec

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«Ils ont fait la carte, à nous de la suivre. Il faut qu’on fasse tous notre part. C’est très important; c’est très mobilisateur, ce matin.»

Corine Payne, Fédération des comités de parents du Québec

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«Le leadership du ministre est à souligner après peu de mois. Il a vraiment été en mesure d’interpeller non seulement la population, mais les partenaires aussi. Nous, on embarque dans son invitation, on va travailler dans le même sens. Après ça, il va falloir parler de moyens.»

Louis Senécal, Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE)

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