Îles-de-la-Madeleine: statut protégé remis en cause
MONTRÉAL — Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) invite le gouvernement à se pencher sur le statut d’exception qui permet aux Îles-de-la-Madeleine de constituer une circonscription malgré son nombre largement moins important d’électeurs, a rapporté samedi le quotidien La Presse.
Le député madelinot Germain Chevarie dit toutefois ne pas s’en inquiéter, rappelant que ce statut unique est enchâssé dans la Loi électorale et empêche donc le DGEQ de modifier unilatéralement cette délimitation.
Dans un rapport déposé plus tôt ce mois-ci, la Commission de la représentation électorale (CRE) a souligné que ce statut protégé avait été accordé aux îles à une époque où la distance qui les séparait de Gaspé ne pouvait être que difficilement franchie. La CRE a évoqué des réalités «différentes de celles qui prévalent maintenant».
En entrevue avec La Presse canadienne, Germain Chevarie a martelé que le statut d’exception est en fait une question d’équité.
L’élu libéral croit que les particularités de la circonscription demeurent «de par sa situation géographique», soulignant que celle-ci représente d’ailleurs un «actif» pour l’ensemble du Québec.
Il a tenu à rappeler que le gouvernement a de nouveau reconnu le caractère particulier de l’archipel l’an dernier, par un décret qui a consacré son «insularité». Il croit que le vote des Madelinots «n’a pas nécessairement un poids plus important» et que cette question refait souvent surface en raison de «gens qui n’ont jamais mis les pieds aux Îles-de-la-Madeleine».
«Être sur un archipel, en plein centre du golfe du Saint-Laurent, avec l’absence de lien terrestre, faire cinq heures de traversier pour arriver à l’Île-du-Prince-Édouard, puis traverser une autre province avant de se retrouver au Témiscouata, au Québec, je pense que ça justifie en soi le statut particulier et une circonscription autonome», a-t-il exposé.
Il juge une éventuelle fusion avec la circonscription de Gaspé «tout à fait impensable».
«Ce sont deux territoires fort distincts, avec des enjeux très différents. Évidemment, la Gaspésie, c’est éloigné, mais ce n’est pas isolé», a-t-il expliqué avant d’ajouter que les enjeux propres aux Îles-de-la-Madeleine se rapprochent davantage de ceux du Grand Nord.
Si M. Chevarie dit comprendre que la ministre responsable des Institutions démocratiques, Rita de Santis, ne ferme pas la porte à toute discussion sur le sujet, il a réitéré que la recommandation de la CRE est «tout à fait inadéquate et inacceptable».
«C’est là encore une preuve que le DGEQ s’en remet uniquement à une équation mathématique», a-t-il dénoncé.
En date du mois de mars dernier, les Îles-de-la-Madeleine ne comptaient que 10 660 électeurs, contre une moyenne provinciale de près de 49 000 électeurs par circonscription.