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Québec négocie avec l’industrie pharmaceutique

Photo: La Presse Canadienne

QUÉBEC — Si les négociations pour faire baisser les prix des médicaments génériques n’aboutissent pas dans les prochaines heures, Québec lancera bel et bien un appel d’offres, a déclaré le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

À Québec pour le conseil des ministres, M. Barrette a affirmé, mardi, avoir entamé des pourparlers de dernière minute avec des représentants de l’industrie pharmaceutique.

Ceux-ci ont décidé de reprendre les négociations après que le ministre eut menacé de publier un appel d’offres le 1er juillet. Les discussions entre les deux parties étaient au point mort depuis environ un mois. «Il n’y a aucun doute que l’appel d’offres a généré cette prise de position-là», s’est félicité M. Barrette.

Le ministre de la Santé attend donc une proposition finale de la part de l’industrie, au plus tard mardi. La dernière offre aurait permis aux Québécois d’économiser environ 1,5 milliard $ sur cinq ans, a-t-il affirmé.

«Ils l’ont retirée (…) et ils sont revenus avec une proposition nettement inférieure que j’ai évidemment refusée parce qu’un moment donné, il y a des limites à tout. Là, ils arrivent avec une proposition qui est intéressante mais qui n’est pas finale. Moi, j’attends d’avoir une proposition en bonne et due forme», a fait savoir M. Barrette, en mêlée de presse.

Les coûts des médicaments génériques s’élèvent à 800 millions $ par année pour le gouvernement du Québec. C’est beaucoup trop cher, a réitéré M. Barrette.

Le processus d’appel d’offres, qui est permis en vertu de la loi 81 adoptée l’année dernière, permettrait ainsi au gouvernement de retenir l’offre du plus bas soumissionnaire.

L’appel d’offres n’est pas écarté. «Je suis tout à fait disposé à aller de l’avant avec mon appel d’offres, a ajouté M. Barrette. Il est écrit.»

Mais l’Association canadienne du médicament générique (ACMG) soutient qu’un tel processus provoquerait possiblement des pénuries de médicaments au Québec. Il est risqué de limiter le nombre de fabricants pour un produit donné, surtout si les plus bas soumissionnaires utilisent la même matière première, résume-t-on.

Les fabricants de médicaments comme Pro Doc — propriété de Jean Coutu — craignent une érosion de leurs profits si d’autres distributeurs sont en mesure de décrocher des contrats exclusifs d’approvisionnement.

Bras de fer
Mercredi dernier, M. Barrette avait qualifié le monde du médicament de «particulier». La meilleure démonstration de cela, avait-il martelé, «c’est qu’on a besoin de lois pour avoir un levier pour avoir le meilleur prix possible».

Les prix sont souvent «très similaires d’une compagnie à l’autre, ce qui est très étonnant», selon le ministre, qui n’est toutefois pas allé jusqu’à accuser les compagnies pharmaceutiques de collusion.

M. Barrette a par ailleurs invité le Bureau de la concurrence à surveiller la situation de près.

De son côté, le président de l’ACMG, Jim Keon, a fait valoir par voie de communiqué que l’appel d’offres «perturberait l’approvisionnement actuel et futur en médicaments génériques moins chers, en plus de fragiliser les emplois et les investissements importants de cette industrie au Québec».

L’Ordre des pharmaciens a renchéri la semaine dernière en expliquant qu’imposer un médicament plutôt qu’un autre à certains patients en raison de l’appel d’offres pourrait les perturber.

«Par exemple, les épileptiques, est-ce qu’on veut changer quelque chose qui fonctionne? Pas sûr. Est-ce qu’on veut changer des choses chez les patients en santé mentale pour qui juste changer un peu la couleur du comprimé, des fois, ça débalance? Pas sûr», a résumé le président de l’Ordre, Bertrand Bolduc, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

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