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Un risque de mort plus élevé accompagne les reports d’opérations urgentes

Three surgeons at work operating in surgical theatre. Resuscitation medicine team wearing protective masks saving patient. Surgery and emergency concept Photo: Getty Images/iStockphoto
Sheryl Ubelacker, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — Les patients dont les opérations urgentes se voient repoussées, faute de ressources, présentent un risque plus élevé de mourir et nécessitent une plus longue période de convalescence à l’hôpital, révèle une étude canadienne.

Des chercheurs à l’Hôpital d’Ottawa ont découvert que les patients aux prises avec une blessure grave ou une condition qui menace leur vie telle qu’un anévrisme, une fracture à la hanche ou une appendicite devant subir des délais additionnels avant d’être opérés étaient presque 60 pour cent plus à risque de ne pas y survivre.

L’étude, parue lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne, démontre que 5 pour cent des patients qui n’ont pas eu accès au bloc opératoire dans les délais prescrits trouvent la mort — contre 3,2 pour cent des patients opérés dans les temps.

En moyenne, les individus dont l’opération chirurgicale a été retardée demeurent ensuite à l’hôpital 1,1 jour de plus et coûtent 1409 $ de plus à l’établissement de santé que ceux qui n’ont pas eu à attendre.

Les interventions chirurgicales sont dites urgentes lorsqu’elles doivent prendre place dans les 24 heures suivant le diagnostic. Elles représentent 13 pour cent de l’ensemble des opérations réalisées en Ontario, selon les chiffres du ministère provincial de la Santé.

L’auteur principal de l’étude, le docteur Alan Forster, avance qu’elle présente les premières «preuves solides que le plus vite on entre dans salle d’opération pour une opération urgente, le mieux on se porte, nonobstant notre condition avant l’opération».

Les causes les plus fréquentes des retards recensés sont des salles d’opération déjà occupées ou un manque de chirurgiens, d’anesthésistes ou de personnel infirmier, a-t-il précisé.

Le docteur Forster souligne que le report d’une intervention chirurgicale est éprouvant pour les patients comme pour leurs proches.

«Les gens sont évidemment très inquiets pour leurs êtres chers, ils sont évidemment inquiets pour eux-mêmes, ils sont souvent inconfortables par conséquent, a-t-il exposé. La meilleure chose à faire est de faire entrer les gens en salle d’opération dès que c’est nécessaire et minimiser ces angoisses, minimiser leur douleur.»

Les chercheurs ont examiné les données concernant 15 160 adultes qui ont subi une opération urgente entre janvier 2012 et octobre 2014 à l’Hôpital d’Ottawa. Près de 20 pour cent de ces cas ont connu un retard.

Or, à compter de 2013, l’hôpital a adopté une nouvelle méthode pour planifier de telles opérations. L’établissement a commencé à réserver la salle d’opération pour d’éventuelles interventions urgentes et à répartir les autres opérations plus uniformément dans la semaine.

Depuis, le nombre d’opérations retardées a chuté.

«Ça peut sembler contre-intuitif, mais avoir du temps non utilisé dans des salles d’opérations coûteuses peut sauver à la fois de l’argent et des vies», a avancé M. Forster.

Il reconnaît toutefois l’existence de certains obstacles à la mise en place d’un tel système, selon lequel des salles d’opération doivent parfois demeurer vides.

«Les gens qui gèrent les opérations cherchent toujours à s’assurer que leurs budgets seront maintenus. C’est difficile de créer une capacité, puis de ne pas compter s’en servir», a-t-il admis.

Dans un autre texte du Journal de l’Association médicale canadienne, le docteur David Urbach, chirurgien en chef de l’Hôpital de Toronto, soutient que cette étude confirme enfin les constatations du personnel des blocs opératoires canadiens.

Les auteurs de l’étude ont d’ailleurs tenu à souligner que leurs conclusions peuvent sûrement être généralisées à l’ensemble des hôpitaux à travers le pays.

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