Soutenez

Anticosti: des Innus menacent de poursuivre Ottawa

L'île d'Anticosti Photo: Archives Métro
Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Des Innus de la Côte-Nord veulent empêcher que l’eau des rivières à saumon sur l’île d’Anticosti ne serve à la fracturation hydraulique.

Le chef de la communauté innue d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho, a envoyé une mise en demeure à Pêches et Océans Canada mercredi dernier.

«La ressource saumon est déjà en difficulté sur l’île d’Anticosti», soutient-il.

Il demande au ministère de retirer le feu vert donné il y a deux semaines à Hydrocarbures Anticosti pour prélever de l’eau et faire de l’exploration pétrolière sur les rivières Fusil, Jupiter et Sainte-Marie «jusqu’à ce qu’un processus complet de consultation ait lieu avec les communautés autochtones concernées par le projet».

Le ministère a 30 jours pour revenir sur sa décision, sans quoi la communauté entreprendra des recours judiciaires.

«Ils ont utilisé l’information que Pétrolia détenait, remarque Jean-Charles Piétacho. Il n’y a personne du fédéral qui est venu nous voir pour s’informer des impacts possibles.»

«Ils ont pu protéger une grenouille à Montréal contre un projet immobilier au nom de l’environnement, mais ils ne l’ont pas fait pour le saumon», ajoute-t-il, en faisant référence à la décision d’Ottawa en 2016 de protéger l’habitat de la rainette faux-grillon, une espèce menacée.

Hydorcarbures Anticosti est une société en commandite créée dans le but éventuel d’exploiter les gisements de pétrole sur l’île d’Anticosti. La société d’exploration Pétrolia détient une participation de 21,7 pour cent dans Hydrocarbures Anticosti.

Le gouvernement Couillard a entamé il y a quelques mois des négociations avec les membres de cette société pour mettre fin une fois pour toutes à l’exploration pétrolière et gazière sur cette île située dans le golfe du Saint-Laurent.

C’est pourtant le ministère de l’Environnement du Québec qui a autorisé les trois forages prévus sur l’île en 2017 et qui nécessiteront le pompage de 30 millions de litres d’eau.

Ce prélèvement ne causera pas de dommages sérieux à l’écosystème, selon Pêches et Océans Canada, qui a pour mandat d’appliquer la Loi sur les pêches.

«Il fallait évaluer si le prélèvement de l’eau entraînerait des dommages sérieux et après analyse, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y aurait pas de dommages sérieux qui seront causés, a expliqué le directeur général régional du ministère dans la région de Québec, Patrick Vincent. La quantité d’eau prélevée n’est pas suffisante pour créer un problème à l’habitat du poisson.»

Il précise que Pêches et Océans a envoyé une lettre d’avis à Hydrocarbures Anticosti pour lui signifier les conditions qu’elle devra respecter pour aller de l’avant.

La société devra notamment arrêter les forages si le niveaux des trois rivières devient trop bas. Le ministère était incapable, lundi, de fournir à La Presse canadienne l’ensemble des conditions qu’Hydrocarbures Anticosti devra respecter.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.