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Cannabis: la police est nécessaire, dit l'ACCP

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le crime organisé ne va pas se retirer du marché de la marijuana parce qu’elle sera bientôt légalisée, avertit le directeur de l’Association canadienne des chefs de police (ACCP), qui juge impératif de maintenir en place les effectifs pour combattre ces criminels.

C’est ce qu’a fait valoir Mario Harel, président de l’Association des chefs de police, mercredi, au terme de leur conférence nationale qui a eu lieu à Montréal.

En lançant cet avertissement, il tenait à dissiper une croyance qu’il a entendue plus d’une fois.

«Quand on entend sur la place publique que l’un des effets escomptés de la légalisation est d’enlever le crime organisé de l’équation, nous, on veut s’assurer que nos dirigeants entendent nos préoccupations. Ailleurs, le crime organisé a continué d’être présent dans le marché de la marijuana», a-t-il expliqué en conférence de presse.

Pour les chefs de police, il est ainsi impensable de prendre les policiers dédiés aux infractions liées aux drogues et de les déplacer vers d’autres unités.

«C’est pas demain matin, parce qu’on légalise la marijuana, que le crime organisé va paisiblement se retirer du marché», a lancé Mario Harel, rappelant qu’il s’agit d’un marché de 8 milliards $ au Canada actuellement.

De plus, le crime organisé peut modifier son commerce illégal de drogues, en redirigeant ses effectifs vers le marché des opioïdes, entre autres.

La légalisation de la marijuana à usage récréatif a ainsi été au coeur des discussions des chefs de police lors de la conférence.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a déposé un projet de loi pour légaliser la substance à compter de juillet 2018. Le gouvernement étant majoritaire, il est prévu que la loi soit adoptée.

Dans ce projet législatif, de nouvelles infractions ont fait leur apparition pour dissuader ceux qui ont consommé de la marijuana de prendre le volant ensuite. Le gouvernement souhaite faire adopter par règlement des limites légales de tétrahydrocannabinol (THC) dans le sang et doter les policiers d’appareils de détection salivaire.

Tout cela fait craindre aux chefs des services policiers une augmentation des cas de conduite sous l’influence de la drogue et une pression accrue sur leur travail.

Ils font valoir que beaucoup de formation devra être donnée aux agents qui sont sur le terrain afin d’assurer qu’ils connaissent bien les nouvelles dispositions de la loi. Ils réclament aussi l’équipement et le financement nécessaires à leur travail.

Ainsi, de l’argent sera notamment requis pour des experts en reconnaissance de drogues — des policiers formés pour détecter les conducteurs aux facultés affaiblies par les drogues. Leur formation est très coûteuse lorsqu’elle est effectuée aux États-Unis, a indiqué M. Harel, aussi chef du Service de police de la ville de Gatineau, en point de presse à l’issue de la conférence.

Il estime à 2000 les besoins pour de tels experts, alors qu’il n’y en a que 600 actuellement au Canada.

«Nous avons actuellement des experts en reconnaissance de drogue depuis une dizaine d’années, mais avec la venue de la légalisation de la marijuana, les chefs sont préoccupés par l’augmentation significative de ces cas-là de conduite avec facultés affaiblies par les drogues et des impacts que ça va avoir sur notre temps, la formation, les coûts», a souligné le chef.

La police au temps du numérique

Cette année, le thème de la conférence des chefs de police était «La police dans une société numérique – Les risques et les possibilités».

«Le défi à relever est de rester à jour, de faire les bons investissements et d’utiliser la technologie d’une façon qui améliore véritablement les services offerts à nos collectivités», a indiqué M. Harel.

«Nous devons aussi nous rappeler que le crime traditionnel migre vers le cybermonde, et nous devons utiliser la technologie comme moyen de nous aider à lutter contre des problèmes tels que le cybercrime, le terrorisme, la radicalisation, l’exploitation sexuelle, la cyberintimidation et la fraude, pour ne nommer qu’eux», a-t-il ajouté.

Les policiers canadiens ont aussi discuté de la crise des opioïdes, dont le fentanyl, et des diverses manières de solidifier le lien de confiance entre la police et les citoyens.

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