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«Dark web»: Alexandre Cazes défendu par sa famille

One of properties of AlphaBay founder Alexandre Cazes is seen in Bangkok, Thailand, Friday, July 21, 2017. The young Canadian Cazes accused of masterminding AlphaBay, the world's leading "darknet" internet marketplace, lived an apparently quiet life for nearly two years with his Thai girlfriend in a middle-class neighborhood on the outskirts of Bangkok. (AP Photo/Sakchai Lalit) Photo: The Associated Press
Morgan Lowrie et Giuseppe Valiante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les proches du Québécois accusé d’être derrière le plus grand marché en ligne du «web invisible» disent avoir de la difficulté à croire qu’Alexandre Cazes était un criminel.

Le défunt Trifulvien aurait créé le site AlphaBay, où, selon les autorités, les internautes échangeaient stupéfiants, armes à feu et biens contrefaits.

Or, sa belle-mère soutient que le jeune homme de 25 ans était discret et travaillant. Kathy Gauthier maintient qu’il gagnait son argent de manière légitime et que les autorités exagèrent son rôle dans la mise en place d’AlphaBay parce qu’elles avaient besoin d’un bouc émissaire.

«De toute façon, il n’avait pas été jugé encore et ne pourra jamais se défendre de ces accusations… facile de tout lui mettre sur le dos maintenant», a-t-elle écrit vendredi.

Les policiers thaïlandais, qui l’ont arrêté plus tôt ce mois-ci, rapportent qu’il s’est enlevé la vie dans sa cellule, le 12 juillet, peu avant une audience en cour.

Les autorités ont cherché à saisir ses propriétés en Thaïlande, ses comptes bancaires et quatre véhicules, dont une Lamborghini et une Porsche. La création d’AlphaBay, en 2014, lui aurait permis d’amasser un butin de 23 millions $ selon les documents de la cour.

«Si ce que le FBI dit est vrai en totalité, et bien ce n’est pas le Alexandre Cazes que nous connaissons», a-t-elle répondu à La Presse canadienne dans un message Facebook.

«Mais on va l’aimer pareil [sic] et (le) lui pardonner», a-t-elle ajouté.

Dans une série de publications sur les réseaux sociaux, Kathy Gauthier a dépeint son beau-fils comme un jeune homme «introverti» et «pacifique» qui s’est bâti une fortune en investissant en monnaie électronique.

Jeudi, le département américain de la Justice a fourni plus de détails sur l’opération d’envergure mondiale qui a mené à son arrestation.

Selon la mise en accusation, Alexandre Cazes avait accidentellement dévoilé son adresse courriel personnelle dans des messages de bienvenue envoyés aux nouveaux utilisateurs d’AlphaBay. Lorsqu’il a été retracé et appréhendé en Thaïlande, il était connecté au site en tant que son administrateur, ce qui a ainsi permis aux enquêteurs d’avoir accès à ses mots de passe.

Le site a été fermé le 5 juillet, peu après son arrestation.

En entrevue à la station de radio locale 106.9 FM, le père d’Alexandre Cazes a souligné que ce «petit garçon pas de malice» n’avait aucun antécédent judiciaire.

«Toujours sans histoire, a-t-il martelé. Jamais même fumé une cigarette, jamais pris de drogue. La consommation d’alcool excessive, ça n’existait pas dans son cas.»

Martin Cazes a décrit son fils comme un «génie de l’informatique» qui créait des programmes et des sites web pour EBX Technologies, entreprise qu’il a lui-même fondée en 2009.

Philippe Gravel, un enquêteur de la Gendarmerie royale du Canada, indique que le Groupe intégré de la criminalité technologique a été impliqué dans l’affaire en janvier, à la demande de la police fédérale américaine (FBI) et de la Drug Enforcement Administration (DEA).

«On a débuté une enquête parallèle qui consistait à faire un genre de profil et à évaluer la présence de M. Cazes dans la province du Québec», a-t-il expliqué, n’écartant pas la possibilité que d’autres arrestations s’ensuivent.

M. Gravel croit que cette affaire pourrait dissuader certains internautes de s’aventurer dans le web invisible pour se procurer des armes ou des stupéfiants.

«Le but premier de l’enquête était naturellement de fermer le site AlphaBay. Mais le but secondaire était de miner la crédibilité et la confiance que les gens ont envers ce type de service-là, sachant qu’à tout moment, ils peuvent être saisis et même opérés par les policiers», a-t-il exposé.

Une amie de M. Cazes à l’époque où il étudiait à Trois-Rivières le décrit comme quelqu’un de très «gentil» et «serviable», mais aussi ambitieux.

«Il voulait vraiment avoir son entreprise à lui, c’était son rêve», a-t-elle confié sous le couvert de l’anonymat.

«Je n’étais pas si surprise que ça, en ce sens qu’il cherchait toujours des bonnes opportunités d’affaires, je pense qu’il a peut-être pris une voie un peu facile», a-t-elle ajouté.

En Thaïlande, les voisins d’Alexandre Cazes se rappellent de lui comme un homme modeste, mais qui faisait parfois la démonstration de sa richesse.

«Il était avec sa petite amie», a dit Hassanupong Pootrakulchote en entrevue avec l’Associated Press.

«Vers le jour de l’An ou Noël, j’ai vu quelques-uns de ses amis venir chez lui et faire une petite fête. Il y avait des Thaïlandais, certains étaient des proches de sa petite amie, a-t-il raconté. Sinon, c’était surtout tranquille, rien de tape-à-l’oeil ou quoi que ce soit.»

À l’exception de ces voitures de luxe, qui détonnaient dans ce quartier où les maisons coûtent moins de 120 000 $.

Hassanupong Pootrakulchote dit s’être demandé comment il pouvait se permettre de conduire une Lamborghini, croyant qu’il travaillait dans l’industrie hôtelière.

À Washington, jeudi, le procureur général des États-Unis, Jeff Sessions, a dit que l’opération policière ayant mené à la fermeture d’AlphaBay était le plus grand démantèlement d’un marché du web invisible de tous les temps.

Les commerçants du web invisible «jettent de l’huile sur le feu de l’épidémie nationale de drogue», a-t-il lancé.

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