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Baleines noires: des experts cherchent des réponses

Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Le mystère demeure entier quant aux causes de la mort de huit baleines noires de l’Atlantique en six semaines dans le golfe du Saint-Laurent.

Vendredi, une trentaine d’experts en mammifères marins se sont rendus sur la pointe nord de l’île Miscou, au Nouveau-Brunswick, pour effectuer la nécropsie du huitième cétacé découvert.

Jusqu’à présent, il s’agit de la sixième nécropsie à être effectuée sur les baleines, alors que des tests ont aussi été effectués sur des carcasses retrouvées à l’Île-du-Prince-Édouard et aux Îles-de-la-Madeleine.

On fonde toutefois de plus grands espoirs dans ce cas-ci parce que le décès de cette baleine était beaucoup plus récent.

«Le fait que les tissus sont en meilleur état, ça donne espoir que les données soient de meilleure qualité», a indiqué Matthew Hardy, chef des ressources aquatiques pour la direction des sciences de Pêches et Océans, en entrevue avec La Presse canadienne.

Le dossier préoccupe les autorités au plus haut point; la population totale de baleines noires de l’Atlantique est estimée à environ 500 individus et l’espèce est considérée comme étant menacée de disparition.

«Huit mortalités de baleines noires dans une si courte période, ça ne s’est jamais vu», a reconnu M. Hardy.

Certaines des baleines montraient des blessures qui semblaient avoir été causées par des collisions avec des bateaux, mais ce n’est pas le cas de celle-ci.

«De l’extérieur, il n’y avait pas d’évidence de collision. Il n’y avait rien de facile à déterminer», a raconté M. Hardy.

Cependant, de telles collisions ne sont pas normales en soi et les experts s’interrogent sur la possibilité que les capacités de navigation des baleines aient pu être affectées par des algues toxiques, une hypothèse qui, là encore, n’est pas démontrée.

«On n’a pas de preuve concluante là-dessus à date, a précisé Mathhew Hardy. On doit faire une évaluation complète soit pour éliminer, soit pour appuyer les différentes théories possibles.»

Le premier ministre Justin Trudeau, qui se trouvait en Nouvelle-Écosse vendredi, a dit avoir avisé Pêches et Océans Canada de faire preuve d’une grande vigilance dans ce dossier.

«Cela me préoccupe énormément», a dit le premier ministre alors qu’il se trouvait à Shelburne.

«Nous savons que nous devons prendre très au sérieux les menaces envers la faune marine et c’est pourquoi nous tentons avec diligence d’essayer de comprendre ce qui s’est produit et de nous assurer que cela ne se reproduise pas», a-t-il ajouté.

Pêches et Océans Canada avait d’ailleurs pris une mesure exceptionnelle la veille, en fermant complètement la pêche au crabe des neiges dans le sud du golfe du Saint-Laurent.

Cette décision visait à protéger les baleines noires des dangers que représentent les engins de pêche au crabe des neiges. Un des cétacés avait été trouvé enchevêtré dans des engins de pêche dans la même zone.

La mesure aura toutefois un impact limité sur les pêcheurs, puisque 98 pour cent du quota de crabe permis avait déjà été pêché dans la région.

Quoi qu’il en soit, les experts en ont eu plein les bras vendredi, selon Matthew Hardy.

«C’est une opération qui est très complexe sur le plan logistique. Il a fallu remorquer la baleine sur la plage avec une excavatrice. C’est un animal qui pèse au-delà de 50 tonnes et qui mesure environ 45 pieds», a-t-il dit.

«Ensuite, les vétérinaires doivent couper et enlever la couche de graisse pour avoir accès aux organes vitaux.»

Selon lui, il faudra de six à huit semaines pour que les vétérinaires complètent leur analyse et déposent leur rapport.

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