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Retard pour le remplacement des navires militaires

Photo: Andrew Vaughan | La Presse Canadienne

OTTAWA — Le mégaprojet de 60 milliards $ visant à remplacer la flotte militaire canadienne navigue sans gouvernail: une importante date butoir vient encore d’être dépassée sans produire les résultats escomptés.

Le gouvernement soutient qu’il poursuit le dialogue avec l’industrie afin de doter la Marine de tous les navires dont elle a besoin, et qu’un nouvel échéancier sera fixé pour ce programme. Mais des observateurs et des experts de la défense estiment que ce retard inhabituel est préoccupant pour ce qui constitue la plus ambitieuse acquisition militaire de toute l’histoire canadienne.

Ottawa avait lancé des appels d’offres l’automne dernier auprès d’une douzaine de grandes entreprises mondiales de construction navale et de matériel militaire, pour le remplacement des frégates et destroyers de la Marine royale canadienne. Ces entreprises devaient soumettre leurs propositions avant la fin d’avril, pour des projets qui seront ensuite construits aux chantiers navals Irving, à Halifax. Le gouvernement a reporté une deuxième fois cette date butoir en mai dernier.

Les responsables ont d’abord expliqué que les entreprises intéressées avaient soumis environ 560 questions depuis l’appel d’offres l’automne dernier. On évoque maintenant le processus d’«examen de conformité volontaire» auquel les entreprises ont accepté de se soumettre. Les entreprises et Irving doivent présenter les ébauches de leurs offres afin de vérifier si tout le monde navigue dans la même direction.

Au cabinet de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Judy Foote, la porte-parole Mary-Rose Brown a refusé de dévoiler le nombre d’entreprises qui ont accepté de se soumettre à l’examen de conformité, ou de préciser à quel moment ce processus serait complété. Chez Irving, le porte-parole, Sean Lewis, a indiqué que les entreprises seront prévenues de la date butoir finale lorsque les examens de conformité seront terminés.

Cette absence de dates butoirs et d’échéancier précis étonne certains observateurs, comme Alan Williams, qui a été sous-ministre adjoint, responsable du matériel, à la Défense nationale de 2000 à 2005. «Un appel d’offres sans échéancier? Je n’ai jamais vu ça. C’est bizarre.» Selon lui, cette façon de faire ouvre la voie à des poursuites que pourraient intenter les entreprises dont les soumissions ont été écartées par le gouvernement — elles pourraient plaider que si elles avaient eu plus de temps…

L’analyste David Perry, de l’Institut canadien des affaires mondiales, craint davantage que ce flou sur les dates butoirs illustre finalement des problèmes plus fondamentaux dans tout le programme d’acquisition.

Des observateurs s’interrogeaient déjà sur le rôle joué par Irving dans le processus d’appels d’offres. Certaines compagnies ont aussi critiqué le fait que l’entreprise britannique BAE pourrait soumettre au Canada ses frégates de classe «Type 26», alors qu’aucun de ces navires n’a été construit jusqu’ici pour la Royal Navy.

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