Soutenez

Commissaire aux langues: avis de recherche relancé

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — On efface et on recommence. Après avoir échoué au premier essai, le gouvernement de Justin Trudeau réenclenche le processus de nomination afin de pourvoir le poste de commissaire aux langues officielles.

Le poste a été affiché vendredi midi sur un site internet gouvernemental.

Dans un document détaillant le processus de sélection, on précise que toutes les candidatures présentées la première fois — il y en avait eu 72 au total — ont été conservées et seront réexaminées, à moins que les aspirants ne décident de la retirer.

Contrairement à la dernière fois, la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, ne fera pas d’entrevues avec les finalistes. En revanche, comme la dernière fois, des fonctionnaires aussi haut placés que des sous-ministres pourraient faire partie du comité de sélection.

Les libéraux ont par ailleurs choisi d’ajouter une étape au processus pour tâcher de satisfaire les partis d’opposition, qui les avaient accusés de ne pas avoir consulté dans les règles de l’art avant de nommer Madeleine Meilleur à ce poste d’agent indépendant du Parlement.

Ils ont d’ores et déjà invité les chefs des partis reconnus en Chambre et les dirigeants des groupes sénatoriaux à «faire connaître la possibilité de nomination aux candidats potentiels» et «à faire mention des qualités que le comité de sélection doit prendre en compte».

Par la suite, «des consultations ont lieu avec les chefs et les porte-paroles en matière de langues officielles de tous les partis reconnus dans les deux chambres du Parlement pour les informer au sujet du candidat proposé aux fins de la nomination et pour solliciter leur avis».

Sur ce plan, il n’y a donc pas de changement: le gouvernement communiquera son choix une fois que celui-ci sera arrêté. C’est ce qui pousse le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, à dire que le processus n’a été «ni revu, ni corrigé».

Il est clair, a-t-il soutenu en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, que le processus dévoilé vendredi peut encore «donner des résultats bancaux» comme la nomination «hautement partisane» de Madeleine Meilleur, ex-ministre libérale à Queen’s Park.

Au Parti conservateur, on n’a pas réagi à l’annonce du redémarrage du processus, vendredi.

Le gouvernement Trudeau a défendu jusqu’au bout la désignation de la libérale de longue date, qui était «la plus qualifiée» pour le poste, et a toujours soutenu que cette sélection découlait d’un processus «ouvert et fondé sur le mérite».

«C’est ce que nous avons fait, et c’est que nous continuons de faire (en apportant des modifications au processus)», a fait valoir vendredi Pierre-Olivier Herbert, l’attaché de presse de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly.

La nomination de Mme Meilleur n’avait pas seulement été critiquée par des politiciens sur la colline du Parlement à Ottawa: des candidats écartés — certains publiquement et d’autres sous le couvert de l’anonymat — s’étaient dits convaincus que c’était la partisanerie qui avait guidé ce choix.

L’un de ceux qui l’avaient fait à visage découvert sur les ondes de Radio-Canada, le juriste acadien Michel Doucet, a indiqué vendredi à La Presse canadienne que sa décision n’était pas encore prise, mais qu’il penchait «actuellement» pour le maintien de sa candidature.

Un commissaire acadien

L’annonce de la nomination de Madeleine Meilleur avait provoqué une vive déception au sein de la communauté acadienne, qui espérait voir l’un des siens s’installer dans cette chaise de commissaire pour la première fois depuis la création du poste, il y a près de 50 ans.

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Jean Johnson, a profité de l’annonce du redémarrage du processus de sélection pour formuler à nouveau ce souhait, en espérant cette fois être entendu.

«On sait très bien que l’alternance est entre le Québec et l’Ontario, et je sais qu’il y a un bassin politique d’influence très fort au Québec et en Ontario, mais est-ce qu’on peut regarder comment on pourrait sortir de ce bassin-là?», a-t-il offert en entrevue à La Presse canadienne.

«Il y a d’excellents candidats, surtout dans la région de l’Acadie», a ajouté M. Johnson, mentionnant que son organisation sollicite toujours une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau pour discuter d’enjeux liés à la défense des droits linguistiques.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair espère lui aussi que ce sera enfin un candidat issu de cette communauté qui se taillera une place. «Pour moi, à compétences égales, il faudrait trancher en faveur de la nomination d’un Acadien ou d’une Acadienne», a-t-il exprimé.

Le poste de chien de garde du bilinguisme au pays, dont le mandat est d’une durée de sept ans, vient avec un salaire de 314 100 $. Il est présentement occupé sur une base intérimaire par Ghislaine Saikaley.

Les personnes intéressées par l’emploi doivent s’inscrire et présenter leur candidature en ligne. L’examen des demandes débutera le 12 septembre 2017.

Lorsque le comité de sélection aura complété l’évaluation des candidats, il transmettra par écrit le nom des candidats retenus à la ministre du Patrimoine canadien. Celle-ci étudiera la liste, puis enverra le nom du candidat recommandé à la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, qui elle recommandera officiellement la candidature au premier ministre.

En vertu de la Loi sur les langues officielles, la nomination du commissaire aux langues officielles doit être approuvée par la Chambre des communes et par le Sénat. C’est lorsque la perspective d’un blocage à la chambre haute s’est dessinée que Madeleine Meilleur avait retiré ses billes, le 7 juin.

Les commissaires aux langues officielles au fil des ans

Graham Fraser, 2006–2016 (originaire d’Ottawa, en Ontario)

Dyane Adam, 1999–2006 (originaire de Casselman, en Ontario)

Victor C. Goldbloom, 1991–1999 (originaire de Montréal, Québec)

D’Iberville Fortier, 1984–1991 (originaire de Montréal, Québec)

Maxwell Yalden, 1977–1984 (originaire de Toronto, Ontario)

Keith Spicer, 1970–1977 (originaire de Toronto, Ontario)

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.