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La contre-manifestation tourne au vinaigre à Québec

Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Un rassemblement organisé par La Meute contre ce que ses membres qualifient «d’immigration illégale» a finalement eu lieu à Québec, dimanche en fin de journée après une contre-manifestation qui a tourné au vinaigre dans les rues de la Haute-Ville.

En début de soirée, la police de Québec a fait état d’une seule arrestation, mais elle a prévenu que d’autres pourraient suivre car elle dit détenir des images et des vidéos d’individus «qui ont participé activement à cette manifestation illégale».

Elle a aussi affirmé dans un communiqué que trois policiers avaient été incommodés par «un irritant chimique». Du côté des manifestants, la police dit avoir été informée de six transports à l’hôpital.

En début d’après-midi, quelques centaines de personnes s’étaient rassemblées devant un édifice de la rue Louis-Alexandre-Taschereau, à Québec, où s’étaient réunis plusieurs centaines de militants de La Meute, qui sont restés cloîtrés pendant plusieurs heures pour des raisons de sécurité, ont-ils dit.

Ce rassemblement au départ plutôt pacifique s’est divisé en deux, et quelques centaines de manifestants se sont retrouvés sur la rue Jacques-Parizeau, où certains d’entre eux ont commencé à faire éclater des feux d’artifice.

Quelques-uns ont commencé à lancer également des bombes fumigènes, ce qui a amené la police à déclarer cette manifestation illégale. Des manifestants masqués sont ensuite allés vers la rue Grande Allée, une avenue très fréquentée de la capitale, pour s’attaquer à des commerces.

Des militants ont lancé des chaises aux policiers et ont placé des bombes fumigènes dans des poubelles.

La police a ensuite redirigé le groupe vers le boulevard René-Lévesque et une partie des manifestants est allée rejoindre l’autre groupe, qui bloquait encore la sortie des militants de La Meute.

Cet autre rassemblement a également été déclaré illégal après que la police eut procédé à l’arrestation musclée du militant Jaggi Singh pour une raison encore nébuleuse. M. Singh a longuement résisté aux policiers, qui l’ont plaqué au sol pour le maîtriser.

L’escouade anti-émeute a ensuite repoussé les autres manifestants, qui se sont dispersés.

La Meute tenait à marcher

Après que le calme fut rétabli devant l’édifice de la rue Louis-Alexandre-Taschereau, les membres de La Meute ont encore attendu longtemps avant de sortir.

Des militants rencontrés à la sortie de l’édifice avant leur marche disaient être résolus plus que jamais à marcher.

«On est venus pour ça. Moi, je suis parti de Chicoutimi, je suis prêt à prendre ma marche et je recommencerais demain matin. Notre pays tombe en ruine avec les fous de libéraux au pouvoir», a lancé Richard Maltais, qui a dit parler en son nom personnel.

«Ça n’a plus aucun sens, il en rentre deux, trois mille», a-t-il affirmé, faisant référence aux demandeurs d’asile qui affluent à la frontière canado-américaine.

«Ce n’est pas une question de couleur, de race», a insisté M. Maltais, qui s’est dit lui-même à l’aise avec l’étiquette «d’extrême-droite».

«On n’est pas racistes. Ce qui se passe, c’est qu’ils rentrent illégalement», a renchéri Andrée, une militante qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

Des contre-manifestants interrogés avant le rassemblement avaient un tout autre discours. Selon eux, La Meute, comme plusieurs autres groupes nationalistes identitaires, font preuve de racisme envers les nouveaux arrivants.

«Je trouve ça vraiment déplorable les mouvements comme « rémigration ». C’est une situation vraiment dangereuse, il ne faut pas que ça dérape», a soutenu Christian Carles.

Sarah, une autre manifestante qui a voulu donner seulement son prénom, tenait à être présente pour démontrer «qu’il n’y a pas juste de l’extrême-droite à Québec».

«Il faut montrer qu’il y a une opposition claire et qu’ils ne peuvent pas parler au nom de la ville comme ça», a-t-elle souligné.

Contre l’immigration illégale

Plusieurs groupes se rapprochant de l’extrême-droite avaient organisé une manifestation «silencieuse» contre ce qu’ils considèrent comme «l’immigration illégale».

Les groupes contestent notamment l’arrivée massive de demandeurs d’asile à la frontière canado-américaine.

En date du 17 août, 3180 demandeurs d’asiles étaient hébergés temporairement dans la région de Montréal en attendant que leurs demandes de réfugiés soient traitées.

Ces migrants sont notamment d’origine haïtienne, qui semblent craindre que l’administration de Donald Trump aux États-Unis mette fin à un statut de protection temporaire acquis dans la foulée du tremblement de terre de 2010.

Les politiciens condamnent la violence

Les politiciens n’ont pas perdu de temps à réagir aux affrontements entre contre-manifestants et les policiers. «Nous condamnons la violence et l’intimidation. Nous vivons dans une démocratie où le #respect doit être la norme et non pas l’exception», a écrit le premier ministre Philippe Couillard, sur son compte Twitter.

Plus tôt, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, avait utilisé le même canal pour exprimer son indignation: «Les manifs à Québec: la violence, les masques, c’est pas une façon de s’exprimer. Peu importe son opinion. Point final».

Même son de cloche chez leur collègue de la Coalition avenir Québec, François Legault: «Les Québécois sont capables de débattre sereinement. Non à la violence».

Le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a déclaré sur les réseaux sociaux que s’il «est nécessaire et légitime de manifester contre l’intolérance et le racisme», il condamnait la violence, l’estimant «contre-productive».

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