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ALÉNA: un centre de crise de premier plan à Ottawa

Gerald Butts, le secrétaire principal de Justin Trudeau. Photo: THE CANADIAN PRESS

WASHINGTON — Si le président Donald Trump lance une bombe de gros calibre durant les négociations sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), et menace d’anéantir l’entente commerciale, une unité au sein du bureau du premier ministre Justin Trudeau sera appelée à tenter de la désamorcer.

Le gouvernement du Canada a créé un centre de crise de style électoral pour réagir aux défis reliés à la Maison-Blanche, et des responsables ayant décrit ses activités ont indiqué qu’il compte environ huit membres réguliers — deux anciens officiels du commerce, deux hauts responsables du bureau du premier ministre, un ambassadeur, un rédacteur et un ministre — et est dirigé par un jeune employé ayant la réputation d’éteindre les incendies politiques avec calme.

Le pire scénario que l’unité se prépare à affronter est celui d’une menace à l’existence de l’ALÉNA par M. Trump. Tous les gens impliqués s’attendent à ce que le niveau de menace de la part du président augmente à mesure de l’avancée des négociations.

L’unité de relations entre le Canada et les États-Unis s’apparente, à plusieurs égards, à un bunker de campagne électorale — bien que ses membres soient réfractaires à cette expression. Elle rassemble des données sur des circonscriptions clés — elle collige les opinions de politiciens américains sur certains enjeux dans une base de données, prévoit des contacts auprès d’eux et coordonne une réponse rapide.

Tous les contacts établis ces derniers mois par des ministres ayant parcouru les États-Unis dans des centaines de rencontres seront déployés dans l’éventualité d’une situation de crise. Par exemple, si M. Trump devait tenter de déchirer l’ALÉNA, des instructions pourraient être transmises rapidement à un ministre canadien, qui appellerait un gouverneur d’un État américain, qui à son tour ferait valoir sa cause auprès d’un officiel sympathique à Washington.

L’ordre viendrait du centre de crise.

L’idée d’une telle unité a surgi avant l’assermentation de M. Trump, de responsables au bureau du premier ministre Gerald Butts et Katie Telford, des membres pendant longtemps de la scène politique en Ontario ayant déjà utilisé cette approche sur des enjeux de premier plan.

«Il s’agit d’une unité qui passe 365 jours par année, 24 heures par jour, sept jours par semaine, à réfléchir à ces questions — en tentant d’anticiper chaque avenue possible», a dit un responsable.

«Le dossier des États-Unis est… si chaud que vous pouvez prendre la plus petite chose et en faire une histoire immense qui se retrouve dans tous les journaux en Amérique du Nord. Il est vraiment important d’avoir la bonne personne (pour gérer cela)», a-t-il ajouté.

C’est dans cette optique qu’entre en jeu Brian Clow.

M. Clow était chef de cabinet pour Chrystia Freeland lorsqu’elle était ministre du Commerce international, mais ce n’est pas surtout pour cette raison que son apport a été sollicité. De hauts responsables auraient remarqué son attitude calme et son travail efficace dans le bunker électoral libéral en 2015.

M. Clow n’a pas voulu accorder d’entrevue pour cet article.

Le centre de crise doit aussi permettre de favoriser la collaboration entre les bureaux et éviter les propos contradictoires. L’unité des relations entre le Canada et les États-Unis inclut M. Butts, Mme Telford, Mme Freeland, l’ambassadeur canadien à Washington, David MacNaughton, et le rédacteur Michael Den Tandt.

L’unité a déjà pu mettre ses rouages à l’épreuve.

Lorsque M. Trump s’est plaint des secteurs canadiens des produits laitiers et du bois d’oeuvre, et a menacé d’un retrait de l’ALÉNA, elle a organisé une réponse. La partie canadienne a répondu à la rhétorique musclée avec des statistiques et des appels téléphoniques, et la situation s’est calmée.

«Ils ne peuvent pas déclarer la guerre à M. Trump», a exposé Warren Kinsella, à l’origine du bunker politique moderne au Canada en 1993, inspiré de la course de Bill Clinton aux États-Unis en 1992, et auteur de «Kicking Ass in Canadian Politics».

«Dans une telle situation, vous ne pouvez pas lancer des grenades à main — nous sommes David, ils sont Goliath», a-t-il ajouté.

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