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Les GES liés au pipeline Énergie Est seront finalement évalués

Long industrial pipe angle shot Photo: Getty Images/iStockphoto

Après maintes pressions, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au projet de pipeline Énergie Est seront bel et bien évaluées.

C’est ce qu’a annoncé mercredi l’Office national de l’énergie (ONÉ), l’organisme fédéral chargé notamment d’évaluer les projets de pipelines. «L’Office considérera les émissions de GES en amont et en aval afin de déterminer si ces projets sont dans l’intérêt public», a déclaré l’ONÉ dans un communiqué annonçant les différents thèmes qui seront abordés au cours des consultations publiques qui sont sur le point de reprendre.

Évaluer le projet Énergie Est, sous l’angle des émissions de GES auxquelles il contribuerait directement et indirectement, est une demande de longue date des environnementalistes.  Ces derniers avancent que ce méga projet d’oléoduc, qui prévoit de transporter chaque jour 1.1 million de barils de pétrole de l’Alberta vers les Maritimes, fera exploser la production de pétrole issue des sables bitumineux.

«Autoriser Énergie Est c’est autoriser l’équivalent des émissions polluantes de 7 millions de véhicules sur les routes pendant 40 ans», souligne Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada.

De son côté le Centre québécois du droit de l’environnement s’est félicité de la nouvelle tout en soulignant que l’ONÉ n’avait pas précisé quelles seraient les méthodes de calcul des GES et ce qu’elles engloberaient exactement. Pour Steven Guilbeault d’Équiterre «il s’agit du début de la fin» pour le projet de pipeline.

Le porte parole de TransCanada, Tim Duboyce a indiqué par courriel que son entreprise «prendrait le temps nécessaire pour étudier la liste des enjeux et d’en comprendre les impacts potentiels sur le projet» avant de faire des commentaires.

Pour les environnementalistes, ils s’agit en fait d’une demi victoire étant donné que l’ONÉ peut continuer d’évaluer le projet, malgré la controverse entourant l’organisme. «Il est inacceptable qu’Ottawa continue l’évaluation d’énergie Est alors que la population n’a plus confiance en l’ONÉ et que le gouvernement du Québec a demandé que la modernisation, voire le démantèlement de l’ONÉ soit achevée avant de relancer l’évaluation d’Énergie Est», a déclaré le prote-parole de Greenpeace.

L’indépendance de l’ONÉ a été sérieusement mise en doute, après que deux de ses commissaires chargés d’étudier le dossier aient nié puis reconnu avoir rencontré Jean Charest, lobbyiste de TransCanada, en janvier 2015, c’est à dire en plein processus de consultation publique. Ils souhaitaient notamment voir comment améliorer l’acceptabilité sociale du projet.

Les commissaires visés ont par la suite dû se retirer du dossier et le processus de consultation a été suspendu, pour reprendre pratiquement à la case départ en janvier dernier avec la nomination de nouveaux commissaires.

L’évaluation du projet passe donc aujourd’hui une nouvelle étape alors que le gouvernement fédéral a enclenché l’année dernière un processus de consultation pour réformer le rôle de l’ONÉ. Il s’agissait d’une promesse de campagne de Justin Trudeau.

Parmi les recommandations des experts mandatés par le gouvernement, il est suggéré d’instaurer un système donnant plus de place à l’Agence canadienne des évaluations environnementales. «Le problème, c’est que le gouvernement semble vouloir laisser à l’ONÉ un rôle central dans l’évaluation des pipelines», note Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada.

Cet énorme projet de pipeline fait couler beaucoup d’encre depuis sa présentation initiale il y a plus de 4 ans. Initialement prévu pour entrer en fonction fin 2018, le projet de TransCanada a connu plusieurs délais.

En 2015, l’entreprise albertaine a dû renoncer à son projet de port pétrolier à Cacouna, le long du tracé de l’oléoduc, car les installations auraient nui à la reproduction du béluga, une espèce protégée.

Autres changements notables dans l’évaluation:

-Le projet est-il économiquement viable dans un contexte de respect des politiques climatiques du Canada?

-Les différents scénarios de défaillance et de déversement seront étudiés plus en profondeur

-Pareil pour les mesures permettant d’éviter ou de répondre aux accidents éventuels

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