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L’ALÉNA racontée par une usine canadienne au Mexique

A worker welds pieces for the latest expansion of a plant in San Juan Del Rio, Mexico, owned by Canadian auto-parts company Exo-S, on Saturday, Sept. 2, 2017. THE CANADIAN PRESS/Alexander Panetta Photo: THE CANADIAN PRESS

SAN JUAN DEL RIO, Mexique — Surplombant la chaîne de montage d’une usine canadienne de pièces d’automobiles, veillant sur les travailleurs, se trouve une peinture de la Vierge Marie. Cette même usine se prépare à célébrer son tout nouvel agrandissement avec une fête animée par un orchestre de mariachis.

Nous sommes bien loin de Windsor. Beaucoup plus près de Mexico.

L’histoire de l’usine Exo-s, c’est l’histoire de l’ALÉNA: le secteur manufacturier qui explose au Mexique, alors qu’il tente de survivre au nord; des chaînes d’approvisionnement interconnectées internationalement et extrêmement efficaces; et une main-d’oeuvre mexicaine qui fait les gains les plus faibles tout en aspirant à plus.

Les entreprises de pièces d’automobiles canadiennes comptent plus de 120 usines et 43 000 employés au Mexique et cet fabricant de plastique établi au Québec en fait partie. L’entreprise a connu une légère croissance au Canada, mais une véritable explosion au sud. Lorsqu’elle aura ouvert son nouvel entrepôt, sa main-d’oeuvre mexicaine aura pratiquement triplé à 300 employés.

Pendant que les ouvriers s’affairent à assembler la structure du nouvel entrepôt, le directeur de l’usine explique pourquoi le Mexique était un incontournable pour eux.

Les clients de l’entreprise — GM, Cadillac, Fiat Chrysler — sont ici et ont besoin de pièces de plastique. Ils ont installé l’usine ici parce que les coûts sont faibles, que le gouvernement offre des mesures incitatives et que des accords de libre-échange avec 47 pays permettent l’exportation sans frais dans toute l’Amérique latine.

«Pour nous, c’était une évidence», commente François Ouellet.

«Quand (nos clients) ouvrent une nouvelle usine, ils veulent que nous soyons à proximité. Si nous ne l’avions pas fait, nous aurions mis en danger nos relations d’affaires au Canada et aux États-Unis. Nous aurions eu de la difficulté à demeurer dans le marché (sans le Mexique)», a-t-il précisé.

Les divisions américaines et canadiennes de l’entreprise continuent de créer des emplois, mais à un rythme plus modeste. Le Canada compte environ 127 000 emplois dans le secteur automobile aujourd’hui. Le même nombre que l’année précédant la signature de l’ALÉNA, en 1993.

Sauf qu’il faut se rappeler les événements dramatiques de 2008. La courbe de l’emploi à long terme dans l’automobile au Canada ressemble à une montagne abrupte: après avoir observé une croissance jusqu’en 2000, la tendance a commencé à diminuer et a chuté de manière catastrophique après la récession de 2008. Depuis, la courbe remonte lentement pour revenir au niveau des années 1990.

La récession a été vécue comme une expérience de mort imminente pour de nombreuses entreprises, incluant Exo-s. Les trois quarts de ses revenus provenaient d’un seul client, GM. L’effondrement du géant de l’automobile a bien failli emporter avec lui tout un écosystème de fournisseurs.

Exo-s a réagi en diversifiant ses activités. Non seulement elle a étendu ses activités jusqu’au Mexique, mais elle a aussi mis le pied dans d’autres secteurs de production. Par exemple, dans la même usine qui fabrique des pièces d’automobiles, une machine recrache une poubelle de plastique noire. Un employé retire l’excès de plastique et passe le bac à une collègue qui y insère des roues.

Cette employée mexicaine âgée de 23 ans, Nataly Jacobo, gagne l’équivalent de 61 $ CAN par semaine pour six jours de travail. L’entreprise lui offre aussi des avantages comme la moitié de ses repas, le transport gratuit et l’accès à une douche chaude.

Quand on lui demande si elle mérite davantage, elle hésite. «Les Mexicains gagnent très peu d’argent. Les salaires pourraient être un peu plus élevés. Ce serait bien qu’ils pensent à nous (à la table des négociations de l’ALÉNA)», répond-elle.

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