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Pot: pas de culture personnelle, demande la police

FILE - In this May 5, 2015 photo, marijuana plants grows at a Minnesota Medical Solutions greenhouse in Otsego, Minn. Wright County prosecutors charged two ex-executives at Minnesota Medical Solutions with felonies alleging they collaborated in late 2015 to ship $500,000 worth of marijuana oil to New York. Some top Minnesota lawmakers said Thursday, March 23, 2017 they're pushing to give regulators authority to revoke the company's license and hit them with a $1 million fine. (Glen Stubbe/Star Tribune via AP) Photo: The Associated Press
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Faire pousser de la marijuana à la maison ne devrait pas être autorisé même si la substance deviendra légale au Canada, ont plaidé mardi des représentants des forces de l’ordre, exhortant du même souffle le gouvernement fédéral à renoncer à sa date butoir du 1er juillet 2018.

La culture de plants de pot à domicile entre en contradiction avec l’un des principaux objectifs de la légalisation du cannabis, qui est de tenir le cannabis loin des jeunes Canadiens, a fait valoir un trio de policiers devant le comité parlementaire qui étudie cette semaine le projet de loi C-45.

En plus d’exposer les enfants au pot, cultiver de la marijuana à la maison — le projet de loi permet de faire pousser jusqu’à quatre plants de cannabis d’une hauteur maximale de 100 centimètres — pose des risques pour la santé (moisissures) et la sécurité (danger d’incendie), a exposé Rick Barnum, de la Police provinciale de l’Ontario (PPO).

Il existe également un risque de «surproduction» qui pourrait faire fleurir un réseau parallèle qui serait possiblement «encore plus prévalent» dans le futur régime récréatif que celui constaté dans le régime médical actuellement en place, selon ce qu’a fait valoir le sous-commissaire.

«Santé Canada évalue qu’un plant intérieur produit 28 grammes. Cela ne reflète pas la réalité de la culture de la marijuana, la PPO estimant (…) qu’un plant cultivé à l’intérieur produit en moyenne 60 à 100 grammes», a-t-il soutenu devant les élus du comité permanent de la santé.

Et «la plupart des plants de cannabis cultivés à l’intérieur atteignent une hauteur de quatre pieds (environ 120 centimètres), ce qui dépasse la limite de 100 centimètres», a fait remarquer M. Barnum.

Son collègue de l’Association canadienne des chefs de police, Mike Serr, a abondé dans le même sens et a prévenu les députés qu’il était tout simplement «impossible» que les policiers respectent la date butoir du 1er juillet 2018, car la formation des agents nécessitera davantage de temps, selon lui.

À en croire les propos tenus par le député libéral Bill Blair, qui pilote le dossier de la légalisation du cannabis, le gouvernement de Justin Trudeau n’a pas l’intention d’accéder favorablement à la demande de sursis.

«Je pense qu’il est important que nous fassions le travail le plus rapidement possible», a insisté l’ancien chef de police de Toronto lors d’une mêlée de presse en marge de la réunion du comité, mardi midi.

«Nous avons établi un échéancier assez serré, un échéancier rigoureux, mais le défi est important, et tout le monde travaille très fort pour y arriver», a ajouté M. Blair.

Les représentants des corps policiers qui ont comparu mardi ne sont pas les seuls à avoir demandé plus de flexibilité au fédéral.

Le gouvernement du Québec avait aussi réclamé un délai — la requête a été balayée du revers de la main par le gouvernement de Justin Trudeau, selon ce qu’a récemment affirmé la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois.

La ministre a cependant assuré que le gouvernement de Philippe Couillard serait «prêt» dans les délais prescrits.

Elle présidait d’ailleurs mardi, à Gatineau, la dernière d’une série de consultations publiques mises sur pied pour orienter l’élaboration de la loi-cadre québécoise.

Celle-ci devrait être déposée «tôt cet automne, le plus possible» à l’Assemblée nationale, a confirmé Mme Charlebois en mêlée de presse dans les couloirs de l’hôtel où se tenait cette ultime rencontre.

Entre autres paramètres, le gouvernement y précisera quel sera l’âge légal pour acheter de la marijuana au Québec.

Le projet de loi fédéral établit à 18 ans l’âge minimal national pour s’en procurer, mais laisse aux provinces et aux territoires la latitude de revoir cet âge à la hausse.

L’Ontario a décidé d’arrimer l’âge minimal pour l’achat de pot à celui pour l’achat d’alcool dans la province, soit 19 ans.

S’il est «clair» que le Québec «cherche une certaine cohérence avec l’Ontario», cela ne signifie pas pour autant que «cohérence veut dire identique», a signalé mardi la ministre Charlebois en marge de la consultation publique de Gatineau.

«Il faut agir avec rigueur, et je veux tenir compte de l’opinion de la population, des organismes qui sont venus nous présenter des mémoires, des experts (…) et de la faisabilité juridique», a-t-elle offert.

Selon ce qu’a pu confirmer mardi La Presse canadienne, la Coalition avenir Québec (CAQ) recommandera mercredi de fixer l’âge légal à 21 ans — une prise de position qu’a refusé de commenter Lucie Charlebois.

Le Bloc se tourne vers Québec

Le Bloc québécois, un parti qui n’est pas reconnu à la Chambre des communes, n’a pas de voix à la table du comité fédéral qui étudie C-45.

La dirigeante bloquiste Martine Ouellet a donc fait le déplacement à Gatineau pour partager sept suggestions concernant la légalisation du cannabis.

Elle a notamment prié le gouvernement québécois de «rapatrier» la production du cannabis — comme la santé, l’agriculture et le commerce, il s’agit d’un champ de compétence du Québec, a soutenu Mme Ouellet.

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