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La moitié des espèces canadiennes sont menacées, prévient un rapport

Ian Jones / La Presse Canadienne Photo: Archives Métro

La population de la moitié de 903 espèces canadiennes d’oiseaux, de poissons, de mammifères, de reptiles et d’amphibiens s’est effondrée au cours des 40 dernières années, prévient une nouvelle étude.

Ces espèces ont perdu 83 pour cent de leurs individus entre 1970 et 2014, selon le rapport dévoilé jeudi par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Le déclin des espèces protégées par une loi fédérale a été comparable à celui des espèces non protégées.

Le président du WWF, David Miller, a dit que, règle générale, la Loi canadienne sur les espèces en péril ne semble avoir eu aucun effet et qu’il est maintenant «incroyablement urgent» de renverser le déclin.

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L’organisation environnementale a étudié 3689 populations différentes de 386 espèces d’oiseaux, 365 espèces de poissons, 106 espèces de mammifères et 46 espèces de reptiles et amphibiens. Elle a utilisé une méthode développée par la Société zoologique de Londres pour regrouper plus de 400 ensembles de données compilés par le gouvernement fédéral.

Au total, les 903 espèces étudiées ont vu leur population fondre de 8 pour cent pendant les 44 années étudiées. Quarante-cinq espèces étaient stables et 407 se sont améliorées, notamment en raison de mesures de protection.

Les populations de gibiers d’eau, dont les marais sont protégés, ont augmenté de 54 pour cent. Les oiseaux de proie, comme les faucons, ne sont plus menacés par le DDT, et leur population a explosé de 88 pour cent. Également en hausse sont les populations d’animaux qui cohabitent bien avec les humains, comme les cerfs et les oies.

L’étude explique que les déclins de population sont causés par des facteurs qui commencent à être bien connus: la perte d’habitat, les changements climatiques, les espèces envahissantes et la pollution.

M. Miller s’est dit surpris de constater que des lois comme la Loi canadienne sur les espèces en péril, qui a été adoptée en 2014, n’ont en rien ralenti le déclin.

«La science nous démontre que cela n’a fait aucune différence concrète pour les espèces», a-t-il expliqué.

Les populations des espèces mentionnées par la loi se sont écroulées de 63 pour cent pendant la durée de l’étude. Le rapport laisse même entendre que le déclin s’est potentiellement accéléré depuis son adoption.

Ce constat découle possiblement du temps qu’il faut pour agir. M. Miller rappelle par exemple qu’on savait que le béluga du Saint-Laurent était menacé bien avant l’adoption de la loi, mais que les premières protections n’ont été mises en place qu’en 2015.

«Il y a eu des délais incroyables pour adopter les mesures prescrites par la loi», a-t-il dit.

La loi n’est possiblement plus le meilleur outil pour protéger la faune, poursuit M. Miller, puisque les espèces en déclin sont trop nombreuses pour qu’on puisse les protéger individuellement.

«Nous avons probablement besoin d’une nouvelle approche, a-t-il lancé. Les problèmes sont très complexes et il y a de multiples causes. On ne peut pas se fier uniquement à un plan pour les espèces. Il faut examiner tout l’écosystème.»

Par exemple, dit-il, on ne pourra pas faire grand-chose pour freiner la disparition des épaulards du Pacifique tant que les scientifiques ne comprendront pas pourquoi les populations de saumon chinook — leur principale source de nourriture — sont en déclin.

M. Miller croit que nous aurons besoin de nouveaux réseaux de zones protégées pour renverser la tendance. Il souligne que l’étude a constaté qu’une approche collective, comme celle adoptée pour protéger les gibiers d’eau, peut être efficace.

Mais l’ampleur et la rapidité du déclin exigent une intervention rapide.

«Même pour nous, ces résultats sont stupéfiants, a-t-il dit. Il s’agit de déclins exceptionnellement sérieux. Il faut intervenir de toute urgence.»

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En bref:

– Les populations de mammifères ont reculé de 43 pour cent

– Les populations de poisson ont fondu de 20 pour cent

– Les populations de reptiles et amphibiens ont reculé de 16 pour cent

– Les populations d’oiseaux ont grimpé de 7 pour cent, surtout grâce à l’amélioration du côté des gibiers d’eau et des oiseaux de proie. En revanche, les populations d’oiseaux des prairies se sont effondrées de 69 pour cent, celles des insectivores de 51 pour cent et celles des oiseaux de rivage de 43 pour cent.

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