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Les travailleurs d'Aveos pressent le gouvernement

QUÉBEC – Le syndicat des travailleurs d’Aveos et le gouvernement du Québec se sont engagés dans un dialogue de sourds, mercredi, concernant les recours juridiques qui pourraient empêcher la fermeture d’ateliers d’entretien utilisés par Air Canada.

Des représentants de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA) ont enjoint le premier ministre Jean Charest à passer à l’action.

Mais deux ministres ont répondu que ce sont les syndiqués qui doivent amorcer la démarche devant les tribunaux, pour qu’ensuite le gouvernement se joigne à eux.

Pendant ce temps, les 2600 employés d’Aveos, un sous-traitant d’Air Canada, ont découvert que leur dernière paie, attendue mercredi, ne leur avait pas été versée.

Après avoir manifesté sur la colline parlementaire à Ottawa en début de semaine, les représentants syndicaux de l’atelier de Montréal, où 1800 personnes ont été mises à pied, sont revenus à Québec pour la deuxième fois en une semaine.

Lors d’une conférence de presse en présence de la chef péquiste Pauline Marois, le président-directeur général du local 140 de l’AIMTA, Jean Poirier, a réclamé que Québec dépose une injonction qui empêcherait le démantèlement des ateliers de maintenance et forcerait Air Canada à reprendre les activités de son sous-traitant.

M. Poirier a rappelé que le gouvernement a appuyé une motion du Parti québécois affirmant qu’il prendra tous les moyens juridiques pour sauver leurs emplois.

«Moi quand j’étais ici la semaine passée, c’était pas pour avoir une tape dans le dos, c’était pour qu’il y ait des agissements, a-t-il dit. Là présentement on est en train, je dirais, de jouer une petite ‘game’ pour dire que ‘l’union’ veut pas embarquer là-dedans.»

M. Poirier a déclaré que le syndicat se joindrait à un éventuel recours du gouvernement du Québec contre Air Canada ou le gouvernement fédéral.

Les avocats de l’AIMTA sont d’avis que le gouvernement est le mieux placé pour s’avancer devant les tribunaux, puisque les syndiqués seraient rapidement déboutés.

Les travailleurs croient que le Québec pourrait faire comme le Manitoba, qui a réussi à empêcher Air Canada de fermer des centres d’appels grâce à une poursuite judiciaire.

Lors d’un point de presse, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a soutenu que les avocats du gouvernement sont d’avis que ce sont les syndiqués qui doivent ouvrir les hostilités.

«Les avis juridiques que nous avons nous amènent à mener des échanges avec le syndicat pour qu’ils soient de la partie parce que ce sont eux qui sont directement concernés», a-t-il dit.

La semaine dernière, Aveos a brutalement annoncé la fermeture de ses ateliers. Selon les employés, une loi fédérale oblige Air Canada à faire entretenir et réviser ses avions dans trois villes canadiennes, dont Montréal.

Air Canada était le principal client d’Aveos et plusieurs de ses employés d’entretien travaillaient auparavant pour le transporteur aérien.

Le ministre du Développement économique, Sam Hamad, a quant à lui expliqué que les travailleurs étaient les mieux placés pour se lancer dans l’arène juridique, puisqu’ils sont les principaux lésés par la fermeture d’Aveos.

«Actuellement, le gouvernement n’est pas un intervenant direct dans l’affaire, a-t-il dit lors d’un point de presse. L’aspect économique, fiscal, n’est pas un intérêt direct pour le gouvernement du Québec.»

Mme Marois a exprimé son incompréhension, soulignant que la fermeture d’Aveos aura un impact important pour le Québec.

«Le gouvernement a un intérêt direct à cet égard, a-t-elle dit. D’abord, un, il va aller chercher des profits sur les entreprises, s’il y en a. Et ces travailleurs-là paient des impôts.»

Sans exclure l’éventualité d’un recours juridique, M. Hamad a affirmé qu’il avait l’assurance que le démantèlement des ateliers ne sera pas commencé prochainement, ce qui a fait bondir Marcel St-Jean, président de la section locale 1751 de l’AIMTA, lors de la conférence de presse.

«Si on dit qu’il n’y a pas de liquidation en ce moment, ce n’est pas vrai, a-t-il dit. Il y a des moteurs qui sont sortis du centre des moteurs, (…) il y avait des camions avec des lifts qui sortaient du stock.»

À Ottawa, Aveos a refusé de se présenter devant un comité des Communes, prétextant qu’elle est présentement sous la protection du tribunal afin de parvenir à un arrangement avec ses créanciers.

Le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, a déclaré cette semaine que la fermeture d’Aveos est une décision d’affaires impliquant deux entreprises privées et que le gouvernement n’envisage aucun plan de sauvetage.

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