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Racisme systémique: la CAQ dit non à la commission

Nathalie Roy Photo: Jacques Boissinot/The Canadian Press
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — La pression s’accentue sur le gouvernement Couillard afin qu’il abandonne l’idée d’une consultation sur la discrimination systémique et le racisme. Après le Parti québécois (PQ), c’est au tour de la Coalition avenir Québec (CAQ) d’en demander l’annulation complète.

Lundi, la porte-parole caquiste en matière d’immigration, Nathalie Roy, a fait valoir que le gouvernement rate sa cible lorsqu’il parle de racisme «systémique». «On ne croit pas que ça existe», a-t-elle affirmé lors d’un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

Le racisme systémique, ou racisme institutionnel, est une forme de discrimination qui s’exprime par le traitement inégalitaire d’individus racisés par une société et ses institutions.

Mme Roy a dit ajouter sa voix à celles des nombreux «analystes, leaders d’opinion, éditorialistes et chroniqueurs» au Québec qui s’opposent à une vaste consultation sur le racisme.

Le PQ avait aussi demandé, le 6 avril dernier, l’annulation des procédures dans une pétition réclamant «l’abandon immédiat du projet de consultation sur le racisme et la discrimination systémique».

Il est illusoire, selon les partis, de penser que l’on puisse tenir une telle consultation en année préélectorale, lorsque traditionnellement les esprits s’échauffent.

«Vous savez très bien que ce sont des sujets extrêmement délicats et qu’il ne faut pas faire de politique sur le dos des communautés culturelles», a affirmé Mme Roy.

«Cette consultation-là repose sur une stratégie de M. (le premier ministre Philippe) Couillard qui va exacerber les divisions et les tensions à un an des élections.»

Par ailleurs, la députée de Montarville maintient que les libéraux ont failli à leur tâche d’accroître la représentativité des membres des communautés culturelles au sein de l’administration publique.

En 2008, Yolande James, l’ex-ministre libérale de l’Immigration, avait pourtant déposé un plan d’action, intitulé «Diversité: une valeur ajoutée», qui fixait un objectif d’embauche de 25 pour cent.

Elle promettait, entre autres, d’intensifier la diffusion ciblée des offres de recrutement, l’analyse des outils de sélection en vue de s’assurer qu’ils ne comportent pas de pratiques discriminatoires, et la promotion des possibilités d’emplois dans la fonction publique.

Or, selon les informations obtenues par Mme Roy lors de l’étude des crédits, le gouvernement serait encore bien loin de sa cible, aux alentours de huit pour cent.

Annonce de la Commission des droits de la personne mardi

La Commission des droits de la personne, qui dirige la consultation, ira tout de même de l’avant et lancera ses travaux mardi, a appris La Presse canadienne.

Elle accuse du retard; la liste des organismes à but non lucratif qui sont impliqués n’est toujours pas connue, alors qu’elle devait être publiée le 1er septembre dernier.

La commission est également aux prises avec des difficultés à l’interne. La nouvelle présidente, Tamara Thermitus, serait visée par des plaintes pour abus d’autorité et mauvaise gestion.

Le lancement des travaux se fera donc sans tambour ni trompette, soit par communiqué de presse, a confirmé l’agente d’information Meissoon Azzaria.

Le PQ et la CAQ en ont également contre la décision de la Commission des droits de la personne de tenir ses premières consultations locales, auprès de personnes racisées, à huis clos.

«Le huis clos, c’est la goutte qui fait déborder le vase, a soutenu Nathalie Roy. C’est cette même commission-là, à l’intérieur de laquelle la chicane est pognée, qui va faire une consultation avec, entre autres, des témoignages à huis clos. Ça ne tient pas la route, c’est parti tout croche.»

La ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, a pour sa part affirmé que la consultation sera à la fois publique et privée, pour permettre aux gens de s’exprimer librement.

«Notre gouvernement est déterminé à éliminer les barrières à la pleine participation des Québécois de toutes origines», a-t-elle déclaré dans un courriel, lundi.

«Le racisme et la discrimination en font partie. Nous avons le devoir d’agir et de mobiliser toute la société pour contrer ces phénomènes. C’est pourquoi nous avons confié le mandat de cette consultation à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) qui procédera d’ailleurs sous peu à l’annonce des organismes retenus pour les consultations locales», a-t-elle ajouté.

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