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Trudeau communique encore avec Aung San Suu Kyi

Joanna Smith, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Justin Trudeau a estimé lundi qu’Aung San Suu Kyi doit condamner publiquement les atrocités commises au Myanmar contre la minorité musulmane des Rohingyas, sans quoi sa réputation et son discours de championne des droits de la personne ne voudront plus rien dire.

M. Trudeau avait déjà eu la semaine dernière un entretien téléphonique avec Mme Suu Kyi. Il a communiqué une fois de plus, par lettre cette fois, avec la leader birmane, qui avait été faite citoyenne honoraire du Canada en 2007 alors qu’elle était toujours assignée à résidence à Yangon.

Le premier ministre lui écrit que «ses concitoyens canadiens» sont «surpris, déçus et renversés par son silence persistant face à l’oppression brutale des Rohingyas».

L’armée birmane, qui jouit d’un énorme pouvoir, est accusée d’avoir brûlé des maisons de Rohingyas, poussant plus de 400 000 d’entre eux à fuir le pays et à se réfugier au Bangladesh voisin, à majorité musulmane.

Mme Suu Kyi, une ancienne dissidente qui avait remporté en 1991 le prix Nobel de la paix pour sa lutte non violente en faveur de la démocratie, est aujourd’hui la leader de facto de ce régime très contrôlé par les militaires. Elle est critiquée depuis quelques semaines dans le monde pour son inaction, voire son silence face à la violence ethnique et religieuse qui fait rage dans le pays.

«Exemple parfait de nettoyage ethnique»

Dans sa lettre, M. Trudeau rappelle les conclusions du haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, qui parlait récemment dans son rapport d’«exemple parfait de nettoyage ethnique», citant notamment les exécutions sommaires, l’incendie de villages et l’utilisation de mines antipersonnel.

M. Trudeau précise ce que le Canada et le monde attendent de Mme Suu Kyi et de son gouvernement pour «protéger des vies innocentes». Il demande notamment que les responsables des violences soient arrêtés et traduits en justice à la suite d’enquêtes indépendantes et impartiales. Il demande aussi au gouvernement d’encourager publiquement le retour des Rohingyas, et de s’engager à se pencher sur leurs problèmes de citoyenneté, d’égalité et de droits fondamentaux.

Plusieurs voix se sont élevées au Canada pour que le gouvernement retire à Mme Suu Kyi sa citoyenneté canadienne honoraire. M. Trudeau n’a pas abordé cette question — ni dans sa lettre ni dans son entretien téléphonique.

Lors d’une manifestation à Toronto samedi, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avait estimé que ce qui se passe actuellement au Myanmar «ressemble beaucoup à du nettoyage ethnique».

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