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Aide à mourir: 91% des proches aidants disent oui

Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Une vaste majorité de proches aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer se disent en faveur d’étendre l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes. Mais à l’heure actuelle, même si une personne a rédigé des directives anticipées à cet effet, cela ne serait pas permis.

La Fédération québécoise des sociétés d’Alzheimer a dévoilé, jeudi au cours d’une conférence de presse à Montréal, les résultats d’une consultation menée auprès de 306 proches aidants, majoritairement des femmes.

Il en ressort que 91 pour cent ont dit appuyer l’idée d’étendre l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes qui seraient rendues au stade terminal, avec signes de détresse et si elles avaient énoncé des directives par écrit auparavant.

Et même si la personne visée n’avait pas rédigé de directives à cet effet, 72 pour cent des proches aidants étaient en faveur d’étendre ainsi l’aide médicale à mourir pour les personnes inaptes.

Et les proches aidants y étaient favorables, quels que soient leur âge, leur sexe, leur pays d’origine, le niveau de scolarité ou le statut socioéconomique, a souligné Gina Bravo, professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.

Le seul facteur qui faisait varier la réponse était l’importance de la religion, a pris soin de préciser la chercheuse du Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie.

Consentir jusqu’à la fin

Toutefois, cette option ne serait pas légale à l’heure actuelle, a souligné l’avocat Jean-Pierre Ménard, qui assistait à la présentation.

En vertu des règles établies ici, la personne doit être apte à consentir à l’aide médicale à mourir jusqu’à la dernière minute. Elle doit donc pouvoir changer d’idée, même si elle a consigné ses volontés par écrit à l’avance — ce qui ne serait pas le cas avec une personne atteinte d’Alzheimer au stade avancé, a-t-il fait remarquer.

«C’est un danger énorme pour la société d’ouvrir la porte à permettre l’aide médicale à mourir à des gens qui ne sont pas en état de le demander, de se défendre aussi», a soutenu l’avocat spécialisé en droit de la santé.

La professeure Bravo convient que le fait d’étendre l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes est un sujet «complexe sur le plan éthique et clinique».

Il se peut, en effet, qu’une personne qui y ait consenti, lorsqu’elle était au premier stade de la maladie, s’adapte peu à peu à sa situation, et y trouve un certain bien-être, même si ses facultés se dégradent peu à peu.

La situation est en fait si délicate que même la Fédération québécoise des sociétés d’Alzheimer a choisi de ne pas prendre position à la suite de ce sondage. Et ce sont pourtant 12 Sociétés Alzheimer qui ont participé à la collecte de données en postant le matériel du sondage.

Améliorer l’aide et les services

Tant la Fédération des sociétés Alzheimer que Me Ménard et la chercheuse s’entendaient pour dire qu’il est impératif d’améliorer le soutien aux proches aidants, qui ont besoin de répit. Plusieurs se disent épuisés, isolés.

Et il faut également repenser l’organisation des soins, puisque les personnes atteintes de démence ou d’Alzheimer ont besoin de services, d’accompagnement et de soins durant des années, et non de quelques semaines lorsqu’elles sont au stade terminal, ont-ils plaidé.

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