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Espagne: Ottawa viole un devoir moral, dit le Bloc

A man drives his taxi decorated with an estela flag and publicity supporting the Oct. 1 vote in Barcelona, Spain Friday, Sept. 22, 2017. Spain will deploy police reinforcements to Catalonia to help maintain order if an independence referendum pledged by Catalan officials but opposed by the national government goes ahead, officials said Friday. (AP Photo/Emilio Morenatti) Photo: The Associated Press
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — La politique de non-ingérence qu’adopte Ottawa face aux actions «fascistes» et «totalitaristes» du gouvernement espagnol en Catalogne contrevient à son «obligation morale» internationale d’interpeller Madrid, accuse le Bloc québécois.

Le porte-parole bloquiste en matière d’affaires étrangères, Luc Thériault, estime que les dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations unies commandent au gouvernement canadien d’agir.

Il soutient que la campagne de répression que mène le gouvernement central de l’Espagne pour bloquer le référendum sur l’indépendance en Catalogne viole l’article un du pacte onusien stipulant que «tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes».

Or, un autre article du pacte prévoit que si un État partie juge qu’un autre État partie n’en applique pas les dispositions, «il peut appeler, par communication écrite, l’attention de cet État sur la question».

Comme le texte a aussi été ratifié par l’Espagne, en 1977, le Canada, qui l’avait pour sa part ratifié une année auparavant, a par conséquent l’«obligation morale» de communiquer avec Madrid, a soutenu vendredi le député Thériault.

Et s’il ne le fait pas, c’est tout simplement parce qu’il «ne veut pas reconnaître ce principe du droit des peuples à l’autodétermination», qu’il «ne veut pas entendre parler de ça», a suggéré l’élu en entrevue téléphonique.

«C’est pas compliqué, là, est-ce qu’il respecte ses signatures ou non? Pourquoi, si on ratifie un pacte, quand l’histoire nous ramène à son application, on ne l’applique pas? Parce qu’on se sent mal à l’aise avec le différend Canada-Québec?», s’est-il demandé à voix haute.

«Le gouvernement espagnol est en train de dériver. C’est une dérive démocratique, et le gouvernement canadien, M. Trudeau, se fait complice par son silence. Qui ne dit mot, consent», a tranché le député Thériault.

Chez les libéraux, on s’en tient à la même ligne depuis des jours: il s’agit d’un «débat interne».

C’est ce qu’a notamment plaidé lundi à la Chambre des communes la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, signalant au passage qu’Ottawa appuyait une «Espagne démocratique et unie».

De son côté, le premier ministre Justin Trudeau a assuré qu’il jugeait «important» le droit de tout peuple à l’autodétermination, mais a refusé de condamner la répression exercée par Madrid, dont les arrestations de dirigeants catalans démocratiquement élus.

Lorsqu’il a été questionné sur ces interventions des autorités policières, jeudi, à l’issue de son discours aux Nations unies, il s’est contenté de formuler le souhait «que la situation en Espagne se calme et que la règle de droit va être suivie».

Justin Trudeau n’a pas parlé avec le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, «au cours des derniers jours», a signalé vendredi sa porte-parole, Chantal Gagnon — et selon ce qu’a indiqué une source gouvernementale, aucun coup de fil n’est au programme pour l’instant.

Au bureau de Chrystia Freeland, on a indiqué vendredi qu’il n’y avait «pas eu de conversation récente» entre la diplomate en chef du Canada et son homologue espagnol Alfonso Dastis Quecedo — et on a de nouveau plaidé que la situation catalane était un «débat interne».

C’est également ce qu’a défendu comme position le ministre québécois Jean-Yves Duclos, plaidant au passage que la non-ingérence d’Ottawa était aussi «une question de maintenir la qualité de nos relations avec l’Espagne».

Et par ailleurs, «l’Espagne est quand même une démocratie, a une constitution qui fonctionne là comme une constitution dans un pays libre», a-t-il argué en mêlée de presse à sa sortie de la période de questions à la Chambre des communes.

Le gouvernement Rajoy tente par tous les moyens de bloquer la tenue du référendum sur l’indépendance prévu le 1er octobre, se basant sur une décision de la Cour constitutionnelle espagnole qui a jugé la tenue d’une telle consultation illégale.

Au cours des derniers jours, agissant sur les ordres d’un juge, les policiers ont arrêté des élus et responsables gouvernementaux catalans, saisi dix millions de bulletins de vote et fermé des sites internet, le tout afin de contrecarrer les plans référendaires en Catalogne.

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