Souveraineté: Couillard ouvre la porte à la partition du territoire québécois
QUÉBEC — Le premier ministre Philippe Couillard brandit le spectre de la partition du Québec, en cas d’accession à la souveraineté.
Le Québec pourrait donc être divisé en morceaux, au lendemain d’un référendum gagnant, selon lui.
Car en vertu du principe de l’autodétermination des peuples, les 11 Nations autochtones présentes sur le territoire pourraient refuser de vivre dans un Québec indépendant et revendiquer des portions de son territoire.
Le premier ministre a fait cette affirmation vendredi, en conférence de presse, au terme du septième conseil des ministres conjoint Québec-Ontario, qui se tenait au Centre des congrès de Québec.
M. Couillard a soutenu que son opinion sur le sujet était conforme à la position traditionnelle du Parti libéral du Québec (PLQ) et à celle de ses prédécesseurs.
Or, l’ex-premier ministre Jean Charest avait clairement indiqué que le Québec était indivisible, et que ses frontières devaient demeurer inchangées, quel que soit son statut futur.
Chose certaine, selon le premier ministre Couillard, seul le statu quo constitutionnel est gage de stabilité pour le Québec et pour assurer l’intégrité de ses frontières.
«La seule façon de garantir complètement, sans incertitude, l’intégrité territoriale du Québec, c’est l’appartenance à la fédération canadienne», a-t-il indiqué.
Dans son esprit, «si on reconnaît l’autodétermination des peuples, on doit la reconnaître pour tous les peuples et être capable de dire quelles seraient les conséquences» en cas de proclamation de l’indépendance du Québec, a-t-il ajouté, renvoyant la balle aux souverainistes, sommés de fournir des réponses à ces questions.
Loin de s’amender sur les propos tenus la veille en Chambre sur le même sujet explosif, M. Couillard en a donc rajouté, ouvrant clairement la porte à un scénario de partition du Québec.
Jeudi, M. Couillard avait ouvert son jeu à la suite d’une question en Chambre du chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, qui cherchait à connaître sa position sur la décision controversée du gouvernement espagnol de tout mettre en oeuvre pour empêcher la tenue du référendum sur l’indépendance de la Catalogne, prévu le 1er octobre.
Le premier ministre s’était alors interrogé à voix haute sur la réaction des Premières Nations, au lendemain d’un référendum gagnant au Québec.
Qu’arriverait-il si «l’ensemble des Premières Nations, au moins la moitié du Québec, décidait d’exercer leur autodétermination et ne pas suivre le Québec séparé?», demandait-il alors.
Questionné vendredi à savoir si, en vertu de la même logique, les Nations autochtones ne pourraient pas vouloir aussi se séparer du Canada tel qu’il est aujourd’hui, M. Couillard a rejeté cette hypothèse.
Selon lui, les Autochtones sont «très attachés» au Canada, «à ce qu’ils appellent leur relation avec la Couronne».
«Ils ne vont jamais vouloir abandonner ça», a-t-il commenté.