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Les libéraux tentent de définir la classe moyenne

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick
Joanna Smith, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les libéraux parlent constamment de renforcer la classe moyenne canadienne, mais toute définition précise de cette catégorie vague s’est avérée au mieux ambiguë.

Mais récemment, le gouvernement libéral a tenté de préciser ses intentions.

Plus tôt cette semaine, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a dévoilé aux Communes les critères de son gouvernement pour cerner la classe moyenne.

«Le gouvernement du Canada définit la classe moyenne en utilisant un large éventail de caractéristiques qui comprend les valeurs, le mode de vie et le revenu», a-t-il exposé, lundi, en réponse à une question écrite soumise en mai par l’élue conservatrice Kelly Block.

«Les valeurs de la classe moyenne sont des valeurs qui sont communes à la plupart des Canadiens, de tous horizons confondus, qui croient qu’il faut travailler fort pour aller de l’avant et qui ont l’espoir d’un avenir meilleur pour leurs enfants», a-t-il poursuivi.

«Les familles de la classe moyenne aspirent aussi à un mode de vie qui comprend habituellement un logement et des soins de santé convenables, une sécurité d’emploi et un revenu approprié pour des dépenses modestes en loisirs, entre autres.»

Son allocution comprenait un total de 127 mots, mais aucun d’eux ne renvoyait à des chiffres pouvant s’apparenter à une fourchette de revenu annuel.

C’était voulu, a laissé entendre le ministre.

«Le revenu requis pour atteindre un tel mode de vie peut considérablement varier selon la situation particulière des Canadiens, par exemple s’ils font face à des frais de garde d’enfants ou s’ils vivent dans de grandes villes où les logements tendent à être plus coûteux», a-t-il expliqué.

La question inscrite au feuilleton, semblable à une demande d’accès à l’information de la part d’un député, découlait d’une réponse fournie en mars par Karen McCrimmon, la secrétaire parlementaire du ministre Garneau.

Interrogée sur la privatisation des aéroports, Mme McCrimmon avait fait référence aux «voyageurs canadiens de la classe moyenne». Kelly Block avait réclamé par écrit plus de précisions.

Statistique Canada ne fournit pas non plus une définition spécifique de la classe moyenne, mais l’agence se fie habituellement au revenu médian.

Stephen Gordon, un économiste de l’Université Laval, juge impossible d’élaborer une définition parfaite de la classe moyenne.

«Les définitions ne sont pas vraies ou fausses, elles sont seulement utiles ou pas», a-t-il avancé.

«Je mettrais celle-ci dans la catégorie  »pas utile » parce qu’il serait difficile de fonder une politique sur une telle définition, surtout si l’on cherche à cibler des retombées économiques, a-t-il ajouté. Elle est si large que pratiquement tous les Canadiens pourraient être qualifiés  »de classe moyenne ».»

Mais les politiciens ne sont pas des économistes, et même cette définition vague pourrait présenter certains avantages.

«S’ils disent:  »Notre priorité est la classe moyenne », personne ne voudrait entendre:  »Ça veut dire: pas toi »», a raillé le professeur.

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