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Cannabis dans les aliments: les Canadiens confus

Brennan Linsley / The Associated Press Photo: Brennan Linsley / The Associated Press
Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les Canadiens sont ouverts, mais encore confus, face au cannabis. Un sondage indique ainsi que près de la moitié se disent prêts à acheter des muffins au cannabis à l’épicerie, mais près des deux tiers ne sont pas prêts à utiliser du cannabis comme ingrédient pour cuisiner eux-mêmes à la maison.

Ces données contradictoires ressortent d’un sondage réalisé par l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, sur les perceptions des Canadiens face à la marijuana utilisée comme ingrédient dans les aliments, à des fins récréatives.

Il en ressort par exemple que 46,1 pour cent des personnes interrogées considéreraient l’achat de muffins, brownies ou pâtisseries au cannabis à l’épicerie, si cela était légalisé. Quelque 27 pour cent feraient de même pour tout produit prêt à consommer au cannabis.

Paradoxalement, 44 pour cent indiquent qu’ils ne seraient pas prêts à commander au restaurant un plat contenant du cannabis, alors que 38,5 pour cent seraient prêts à le faire.

Et autre paradoxe: 66 pour cent ont dit ne pas connaître suffisamment le cannabis pour l’utiliser eux-mêmes comme ingrédient pour cuisiner à la maison. Cela semble d’autant plus étonnant que s’ils l’apprêtaient eux-mêmes, ils en connaîtraient au moins le dosage.

Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, le professeur Sylvain Charlebois, de la Faculté en management de l’Université Dalhousie, a dit sentir une certaine «gêne» des Canadiens face au cannabis, bien qu’on en parle beaucoup depuis quelques mois.

«Ce qui se passe dans la tête des gens, c’est qu’en principe, ils sont favorables à l’idée, mais il semble que les consommateurs qui font partie de notre étude comprennent mal, saisissent mal les effets de la marijuana. Ils se sentent un peu mal à l’aise ou maladroit par rapport à l’utilisation du cannabis, parce qu’ils ne l’ont jamais fait. J’ai l’impression que c’est la curiosité qui les pousse à dire ‘oui, je serais prêt à essayer, mais par contre, j’ignore les conséquences’», résume-t-il.

Le professeur en distribution et politiques agroalimentaires perçoit aussi «un manque d’éducation» quant au cannabis et à ses effets, ainsi qu’un manque «d’acceptation sociale».

«On a du rattrapage à faire au niveau social. Ce qui m’inquiète un peu, c’est qu’on aille de l’avant avec la légalisation de la marijuana sans vraiment penser aux conséquences sociales en alimentation. Il va quand même y avoir des gens qui vont vouloir cuisiner avec leur produit à la maison; ce ne sera pas interdit, ça. Il y en a qui vont peut-être concocter certaines recettes et vont offrir ces produits-là à des amis, de la famille; ce n’est pas interdit non plus», souligne le professeur Charlebois.

Les jeunes

Et les gens lui semblent aussi inquiets quant à la plus grande accessibilité du cannabis pour les jeunes. Des médecins ont effectivement sonné l’alarme à cet effet.

Ils sont ainsi 58,5 pour cent à se dire d’accord avec l’énoncé «je suis inquiet quant aux risques associés au fait que les enfants et les jeunes adultes en développement auront accès à la marijuana, une fois que son utilisation à des fins récréatives sera légalisée».

L’inquiétude face aux jeunes est particulièrement manifeste en Colombie-Britannique (81 pour cent) et au Québec (73 pour cent). Elle l’est moins dans les provinces atlantiques (49 pour cent) et en Ontario (48 pour cent).

Le sondage a été réalisé pendant quatre semaines, en août dernier, auprès de 1087 adultes canadiens. La marge d’erreur est de 3,1 pour cent, 19 fois sur 20.

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