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Rapport du Protecteur du citoyen: les soins à domicile sont en baisse au Québec

Patient qui reçoivent des soins palliatifs à domicile. Photo: Archives | Isabelle Bergeron photographe

QUÉBEC — Le gouvernement a beau prétendre augmenter l’offre de soutien à domicile, dans les faits il réduit les services donnés à la population en ce domaine.

C’est là le constat accablant fait par la nouvelle protectrice des citoyens québécois, Marie Rinfret, dans son premier rapport annuel, rendu public jeudi à l’Assemblée nationale.

On assiste à «un nivellement vers le bas», conclut Mme Rinfret, à propos de la prestation de services de soutien à domicile.

L’organisme qu’elle dirige dénonce une fois de plus, pour la cinquième année consécutive, la nonchalance du gouvernement quand vient le temps d’aider les plus vulnérables de la société — personnes âgées en perte d’autonomie, handicapés, malades chroniques — à demeurer dans leur maison malgré leurs limites physiques.

Comme chaque année, le Protecteur du citoyen cible donc le secteur de la santé et des services sociaux comme une des principales sources de plaintes et de mécontentement de la population quant à la qualité des services publics.

Loin d’augmenter, le nombre de personnes ayant reçu des soins à domicile a diminué de près d’un pour cent, entre 2015 et 2016.

De plus, la durée moyenne des services rendus a chuté de 7 pour cent entre 2010 et 2016. Il peut s’agir par exemple de réduire le temps consacré à aider une personne handicapée à prendre un bain ou à préparer un repas.

En 2015-2016, un service à domicile a duré en moyenne 44 minutes, résultat des nouvelles balises à la baisse imposées par Québec.

«Cessons de leurrer les gens», a commenté la protectrice, exhortant le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, à donner l’heure juste à la population quant aux services qu’elle est en droit d’attendre du gouvernement.

On estime qu’entre 15 et 18 pour cent des gens de plus de 65 ans auraient besoin de soutien à domicile, alors que seulement 8 pour cent y ont droit dans les faits.

Le gouvernement ne semble tout simplement pas en mesure de répondre à la demande et Mme Rinfret estime qu’il est urgent de corriger le tir.

Elle demande donc au ministre Barrette de présenter avant la fin de l’année un plan d’action ayant deux objectifs: augmenter de 10 pour cent par année le nombre moyen d’heures de soutien à domicile offertes, et accroître de 15 pour cent le nombre de personnes admissibles à recevoir de tels services.

Dans son rapport de quelque 160 pages, le Protecteur du citoyen recommande par ailleurs au ministre Barrette d’intervenir pour augmenter le nombre de places en Centre hospitalier de soins de longue durée (CHSLD) destinées aux personnes âgées en lourde perte d’autonomie.

Le nombre de plaintes déposées au Protecteur du citoyen et portant sur les services de santé et les services sociaux a augmenté de 26 pour cent cette année. La piètre qualité des services et les trop longs délais d’attente sont au coeur des motifs de récriminations.

Et les gens ont raison de se plaindre: pratiquement une plainte sur deux est jugée fondée, un phénomène jugé «inquiétant» par la protectrice.

Sur le terrain, les ressources chargées d’offrir les services de soutien à domicile «sont un peu laissées à elles-mêmes», a déploré Mme Rinfret en conférence de presse, si bien que la qualité et la quantité de services peut varier beaucoup d’une région à l’autre.

De plus, elle déplore que parfois ces ressources ont tendance à couper des heures de services de façon arbitraire, sans justification et sans avoir d’abord vérifié les besoins réels d’une clientèle vulnérable «en croissance constante».

Le gouvernement Couillard «devrait avoir honte», a réagi le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, en interpellant le premier ministre Philippe Couillard, en Chambre.

Ce dernier s’est dit au contraire «très fier» de rappeler que son gouvernement s’était engagé à investir 150 millions $ par année durant cinq ans dans les soins à domicile, un objectif en voie d’être atteint.

En point de presse, le ministre Barrette a dit de son côté ne pas vouloir démarrer une guerre de chiffres avec la protectrice, tout en soutenant que Québec augmentait chaque année le budget consacré aux soins à domicile, de même que le nombre d’heures de services.

«On est en train d’améliorer la situation», a dit le ministre, se disant tout de même conscient que l’offre actuelle ne répondait pas aux besoins de la population, globalement.

Selon ses calculs, une injection additionnelle de 4 milliards $ de fonds publics serait requise pour combler toutes les demandes d’aide de soins à domicile.

«On a à faire des choix», a conclu le ministre, faisant valoir que le gouvernement n’avait tout simplement «pas le budget» pour répondre à une telle explosion de la demande.

Il a invité les familles des personnes vulnérables à s’impliquer davantage auprès de leurs proches ayant besoin de soutien.

La nouvelle protectrice, Marie Rinfret, a pris la relève de Raymonde Saint-Germain, en mars dernier.

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