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Mégaprojet: Hydro se prépare quand même

Hydro Quebec chief executive Eric Martel listens to his introduction before speaking to the Chamber of Commerce, Thursday, February 4, 2016 in Montreal.THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz Photo: Ryan Remiorz/THE CANADIAN PRESS
Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le président-directeur général d’Hydro-Québec, Éric Martel, ne voit «aucune nécessité» de se lancer dans un nouveau mégaprojet à court terme, mais cela n’empêche pas la société d’État de se préparer à cette éventualité si elle doit changer son fusil d’épaule.

En entrevue avec La Presse canadienne, celui-ci a affirmé qu’Hydro-Québec, dans le cadre de son plan stratégique, veut s’assurer d’être en mesure de prendre une décision dès 2020 s’il y a un besoin d’ajouter de la capacité de production.

«Nous voulons être capables de dire « si nous voulons mettre de l’avant un projet hydraulique (un barrage), sur quelle rivière il se réalisera et quelle sera la facture »», a expliqué M. Martel.

Une semaine après la sortie du premier ministre Philippe Couillard dans le cadre de la Climate Week NYC, à New York, où il a affirmé que l’ère de la construction des grands barrages hydroélectriques était terminée, le grand patron de la société d’État a voulu faire le point.

Alors que la mise en service de La Romaine se poursuivra jusqu’en 2020, le Québec a toujours de la marge de manoeuvre au chapitre de la capacité de production, grâce notamment au déploiement de projets ainsi qu’à une stabilisation de la consommation dans la province attribuable au progrès en matière d’efficacité énergétique.

«Pour l’instant, cela serait irresponsable de ma part de dire que nous allons commencer un nouveau grand projet, a affirmé M. Martel. Je ne pourrais pas justifier ce que l’on ferait avec cette énergie.»

Hydro-Québec, qui courtise l’Ontario et convoite d’importants contrats d’approvisionnement dans les États du Massachussetts ainsi qu’à New York, dit avoir la capacité nécessaire pour approvisionner de l’énergie.

Toutefois, la société d’État doit continuer à étudier des scénarios de projets — barrages, éoliens ou un parc solaire — puisqu’il y a plusieurs questions qui demeurent sans réponse, estime M. Martel.

«Il y a une croissance de la consommation du côté des centres de données, explique-t-il. La situation sera similaire avec les véhicules électriques. Par exemple, l’Ontario pourrait fermer des centrales nucléaires (…) et il serait logique pour nous de vouloir être un fournisseur d’énergie.»

De plus, Hydro-Québec ignore pour le moment ce qu’il adviendra de son entente avec Terre-Neuve-et-Labrador entourant l’achat d’électricité à bas prix de la centrale de Churchill Falls. Ce contrat vient à échéance en 2041.

«Est-ce qu’ils vont continuer à nous vendre de l’électricité ou pas? Il faut se poser la question», dit M. Martel.

En raison de ces facteurs, et afin de conserver une expertise à l’interne, la société d’État veut avoir des options claires devant elle en 2020 advenant qu’il soit nécessaire d’ajouter de la capacité de production dans les années suivantes.

«Si l’on arrive en 2025 (…) et que l’on sait qu’il n’y aura plus d’accès à Churchill Falls (après 2041), que l’industrie de l’aluminium continue de croître, nous saurons en mesure de savoir quel projet lancer», dit le dirigeant d’Hydro-Québec.

À son avis, la décision d’aller ou non de l’avant avec un projet majeur sera certainement prise d’ici 2030.

M. Martel a toutefois écarté pour le moment la suggestion du chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, de lancer de nouveaux grands projets hydroélectriques dans le but de bonifier la capacité d’exportation de la province.

«Je ne peux pas vous dire « nous allons construire une nouvelle Baie-James et on verra ce qui arrive après », a-t-il affirmé. Cela serait catastrophique pour les tarifs des Québécois.»

Dans le cadre de son passage à New York la semaine dernière, le premier ministre Couillard avait également évoqué une décentralisation de la production d’électricité, ce qui mènerait à une révolution dans la relation entre les petits producteurs et les services publics comme Hydro-Québec.

Le président-directeur général dit constater une certaine volonté des Québécois pour produire une partie de leur énergie, notamment grâce à la technologie photovoltaïque.

M. Martel doute cependant qu’un nombre significatif de clients d’Hydro-Québec prennent la décision de se «débrancher» de son réseau, puisque le phénomène de la décentralisation de la production est beaucoup moins rapide au Québec.

«Si vous habitez à San Francisco, vous payez 42 cents le kilowattheure, comparativement à 8 cents au Québec, souligne-t-il. Nous avons les tarifs les moins élevés en Amérique du Nord. Cette révolution est beaucoup moins rapide.»

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