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Le temps chaud retarde l'arrivée des couleurs

Photo: Métro
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Des arbres encore remplis de feuilles vertes en ce début du mois d’octobre près de chez vous? Les températures chaudes du mois de septembre ont assurément joué un rôle dans l’arrivée un peu tardive des riches couleurs cette année, affirme le professeur Jim Fyles de l’Université McGill, spécialisé notamment en écologie des forêts.

Il s’attend toutefois à ce que les arbres se rendent bientôt compte que l’hiver approche, et que l’on puisse voir des feuilles or, orange et rouges dès le week-end à Montréal et dans les régions du Québec qui n’ont pas encore vécu d’épisode de gel.

Il s’agit d’une année différente, a expliqué en entrevue téléphonique le professeur du département des sciences des ressources naturelles et responsable de la Chaire Tomlinson en écologie des forêts.

Les feuilles changent de couleur pour deux raisons: la diminution de la lumière et de la température.

Les températures plus chaudes que la moyenne cet automne ont placé les arbres dans une espèce de conflit interne, indique le professeur.

D’une part, comme il fait plus chaud, ils veulent en profiter au maximum en continuant d’effectuer la photosynthèse — à l’aide de la chlorophylle, le pigment qui donne aux feuilles leur couleur verte — pour capturer un maximum de lumière qui sera transformée en sucre, afin de se faire des réserves pour l’hiver. Ce sucre emmagasiné sera mis à profit au printemps pour favoriser la pousse des jeunes feuilles.

Pour cela, les arbres veulent rester verts le plus longtemps possible, affirme M. Fyles. Car c’est la chlorophylle qui capture la lumière nécessaire à la photosynthèse. Mais d’un autre côté, les arbres savent que hiver approche, car ils se rendent compte que les jours sont de plus en plus courts. Et ils ne veulent pas avoir de feuilles quand les premières neiges vont tomber: cela les alourdira et risque de briser leurs branches. Pour cette raison, ils décomposent la chlorophylle. La couleur verte disparaît alors, et les riches couleurs d’automne apparaissent. Puis une sorte de bouchon se forme à la base des feuilles, qui finissent par tomber.

Une série de réactions physiologiques assez complexes, fait valoir M. Fyles.

Autre facteur: vu les températures chaudes, le bois des arbres feuillus reste chaud et exige du sucre. Mais les arbres veulent plutôt mettre ce sucre de côté pour le printemps.

«Ils se retrouvent un peu dans une situation de conflit ici, dit le professeur de McGill. Et ils cherchent à trouver un équilibre entre ces exigences.»

La présence de feuillus tout verts en ce début d’octobre est inhabituelle, de la même manière que cette température est inhabituelle, tranche M. Fyles.

Il juge toutefois que la situation est «un peu différente» mais que l’écart avec les années précédentes n’est pas si grand. «Il y a peut-être une semaine de retard», dit-il.

Et il est confiant que la fin de semaine de l’Action de grâce fera bien des heureux chez les amateurs des couleurs d’automne dans les forêts québécoises.

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