Soutenez

Remaniement ministériel mercredi à Québec

Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le premier ministre Philippe Couillard procédera mercredi matin à un remaniement de son conseil des ministres, probablement le plus important depuis 2014.

Son bureau a convoqué les médias à une cérémonie d’assermentation à 10h, au chic Salon rouge de l’Assemblée nationale, ce qui laisse présager d’importants changements.

De nouveaux visages devraient donc faire leur entrée au cabinet, qui pourrait bien compter un plus grand nombre de ministres qu’actuellement.

La rumeur circulait depuis un bon moment que M. Couillard s’apprêtait à rebrasser les cartes, pour s’entourer de plus de jeunes, de femmes et de députés issus des régions, à moins d’un an des élections générales.

Certains noms d’éventuelles recrues reviennent constamment dans l’espace médiatique: Isabelle Melançon (43 ans), députée de Verdun, Véronyque Tremblay (43 ans), députée de Chauveau, et André Fortin (35 ans), député de Pontiac. D’autres noms circulent comme celui de Robert Poëti, ex-ministre des Transports, qui pourrait revenir au cabinet après un long purgatoire.

Si des nouveaux venus montent au cabinet, certains anciens devront céder leur place. Ce sera le cas notamment de Rita de Santis, ministre de la Réforme des institutions démocratiques, qui accumulait les maladresses depuis son entrée en fonctions. On ignore si elle entend terminer son mandat ou si elle démissionnera.

Le jeu de chaises musicales s’annonce substantiel, mais tout indique que le coeur du gouvernement _ Finances, Santé et Éducation _ sera épargné: les ministres Carlos Leitao (Finances), Gaétan Barrette (Santé) et Sébastien Proulx (Éducation) conserveraient leur portefeuille, assurant une stabilité à l’action gouvernementale.

Ce rebrassage n’est pas étranger à la défaite cuisante des libéraux la semaine dernière, lors de l’élection complémentaire dans Louis-Hébert. Pour regagner le coeur de la région de Québec, Sébastien Proulx pourrait remplacer le ministre François Blais comme responsable de la capitale. Ce dernier demeurerait cependant ministre de l’Emploi et de la Solidarité. La région de Québec pourrait aussi compter une ministre de plus, avec Véronyque Tremblay.

M. Couillard devra tenir compte de plusieurs facteurs en redessinant son cabinet: représenter si possible toutes les régions, assurer un bon équilibre entre hommes et femmes, entre ministres expérimentés et novices, et bien sûr prendre en compte les compétences et les ambitions de chacun. En fin de mandat, la volonté ou non de solliciter un nouveau mandat entre aussi en ligne de compte.

On saura aussi mercredi si le premier ministre donne suite à son projet de fondre le ministère des Affaires municipales et celui de la Sécurité publique, tous deux détenus par Martin Coiteux.

Si le premier ministre choisit d’augmenter le nombre de limousines, il pourrait faire l’objet de critiques pour sa gestion, qu’il prétend exemplaire, des finances publiques. Actuellement le cabinet compte 25 ministres, plus le premier ministre.

Deux ministères visés: Agriculture et Transports

Deux des plus gros ministères du gouvernement, l’Agriculture et les Transports, seront certainement touchés. Le ministre Laurent Lessard devait assumer les deux portefeuilles sur une base temporaire.

Déjà mardi, l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) réclamait qu’il soit vite déchargé du ministère des Transports, lui qui est aussi responsable de l’Agriculture.

«Il y a clairement un problème de leadership à la tête du ministère des Transports, a affirmé en entrevue le président de l’APIGQ, Marc-André Martin. Ça va nous prendre un ministre fort, quelqu’un qui va vouloir régler les problèmes, qui va mettre son poing sur la table et qui va dire: «J’ai besoin des gens, j’ai besoin d’expertise», et qui va mener ça à terme.»

Selon M. Martin, M. Lessard n’a plus le coeur à la tâche. «Ça fait quand même un certain temps qu’on sait que M. Lessard ne veut plus le ministère des Transports», a-t-il affirmé.

De son côté, l’Union des producteurs agricoles (UPA) qualifie la situation de M. Lessard «d’intenable», car il n’y a «aucun lien» entre les deux ministères qu’il détient.

«On a besoin d’un ministre à temps plein, a déclaré le président de l’UPA, Marcel Groleau, en entrevue téléphonique. On est vraiment dans deux champs d’activités très différents et ça ne peut pas tenir à long terme.

«Je pense que s’il y a un remaniement ministériel, c’est en partie pour corriger cette situation-là», a-t-il renchéri.

M. Groleau a plaidé pour plus de stabilité, et a dit souhaiter que M. Lessard conserve l’Agriculture. Le milieu agricole est à préparer la toute première politique bioalimentaire du Québec, a-t-il dit. Un sommet sur l’alimentation se tiendra en novembre.

Le vrai test: la santé, dit le PQ

Si le Parti québécois réclame aussi que M. Lessard soit conscrit à l’Agriculture, il souhaite plus que jamais du changement en santé.

L’actuel ministre de la Santé, Gaétan Barrette, est le plus impopulaire du cabinet Couillard, a soutenu le leader parlementaire de l’opposition officielle, Pascal Bérubé, mardi. Ses réformes n’ont rien donné, a-t-il dit.

«Le test est de déloger Gaétan Barrette de la santé, a affirmé M. Bérubé. Son arrivée en politique a servi à deux choses: lui donner un pouvoir sans précédent sur le réseau de la santé à titre de ministre et aussi à augmenter de façon exponentielle le salaire des médecins.»

Si M. Couillard décide de déplacer M. Barrette, cela démontrera qu’il a «écouté la population», a-t-il poursuivi. Sinon, c’est qu’il aura «perdu tout contrôle sur lui».

Le remaniement ministériel, le huitième depuis 2014, a une «odeur de fin de régime», selon M. Bérubé.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.