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Garneau est préoccupé par un accident de drone

Photo: Archives Métro
Vicky Fragasso-Marquis et Morgan Lowrie, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le ministre fédéral des Transports exhorte les propriétaires de drone à s’informer des règles encadrant ces petits appareils sans pilote après que l’un d’eux est entré en collision avec un avion commercial à Québec, jeudi dernier, ce qui serait une première au Canada.

Marc Garneau s’est dit «extrêmement soulagé» qu’un accident entre un drone et un avion commercial de la compagnie SkyJet n’ait pas causé de dommage important à l’appareil, qui a pu se poser sans problème à l’aéroport Jean-Lesage à Québec.

En point de presse à Westmount, dimanche après-midi, le ministre Garneau a incité les propriétaires de drone à s’informer des règlements en place parce que s’ils se font pincer à violer la loi, ils pourraient se voir imposer une amende salée et même une peine de prison — qu’ils soient au courant des règles, ou non.

Selon les règles intérimaires adoptées par Transports Canada, l’usage d’un drone à des fins de loisirs est interdit dans un rayon de moins de 5,5 kilomètres autour de tout aéroport et à plus de 300 pieds au-dessus du niveau du sol (environ 90 mètres).

«Il ne faut pas utiliser son drone dans les nuages et il ne faut pas le perdre de vue», a résumé M. Garneau.

Des règles finales seront présentées au début de l’année 2018, et elles seront beaucoup plus contraignantes: il y aura un âge minimum pour utiliser ces appareils et ses propriétaires devront passer un test afin de s’assurer qu’ils comprennent toutes les implications de cette activité. Il sera également obligatoire d’identifier son drone.

Dans le cas de l’accident de jeudi dernier, le drone n’a pas encore été retrouvé et le propriétaire n’a pas été localisé. Comme il n’est pas encore obligatoire d’identifier l’appareil, il se peut qu’il soit impossible de retracer le propriétaire, a admis le ministre.

«On espère toujours pouvoir trouver la personne. Mais de temps en temps, quand des crimes sont commis, même avec toutes les mesures nécessaires qu’on met en place, ce n’est pas possible retrouver la personne, a-t-il indiqué. On fait tout ce qu’on peut pour maximiser les chances de retrouver la personne.»

M. Garneau dit suivre la situation de près et être en contact avec tous les intervenants impliqués, dont le Service de police de Québec et le Bureau de la sécurité des transports (BST), qui n’a pas encore annoncé s’il allait ouvrir une enquête.

Chris Krepski, porte-parole au BST, a affirmé que le BST évaluait en ce moment la situation et qu’il déterminerait dans les prochains jours s’il enquêtera sur l’incident.

Le Service de police de Québec n’a pas répondu à un courriel de La Presse canadienne et Transports Canada n’a pas donné suite à un message vocal.

Percuté à l’aile droite

Mathieu Claise, de l’aéroport Jean-Lesage, a relaté que l’accident était survenu vers 17 h 55, jeudi. L’avion impliqué était un appareil de type King Air, de la compagnie SkyJet, qui était en provenance de Rouyn-Noranda. Il transportait huit personnes, dont deux membres de l’équipage.

L’avion était alors à trois kilomètres de l’aéroport, à environ 1500 pieds (457 kilomètres) au-dessus de l’autoroute Laurentienne, lorsqu’il a été percuté par un drone à l’aile droite.

L’avion a pris contact avec l’aéroport et il a pu atterrir sans problème. Lorsqu’il a été informé, l’aéroport a immédiatement mis en place ses mesures d’urgence et informé Transports Canada, ainsi que le 911, a précisé M. Claise, qui n’a pas pu s’avancer sur l’ampleur des dommages ou l’état de santé des personnes à bord l’avion.

Selon le ministre Garneau, l’appareil a subi des «dommages mineurs».

Le BST annoncera pour sa part dans les prochains jours si l’événement nécessitera une enquête approfondie de l’agence fédérale. La politique de classification des événements du BST indique qu’il enquête sur incidents ou des accidents lorsqu’il «croit qu’une enquête sur ces cas pourrait permettre de relever des manquements à la sécurité qui risquent de compromettre la sécurité dans les transports».

Selon le communiqué du ministre, 1596 incidents liés aux drones ont été recensés depuis le début de l’année 2017. Parmi ces cas, 131 ont été jugés préoccupants pour la sécurité aérienne.

«Une question de temps» avant que ça arrive

Greg McConnell, président de l’Association des pilotes fédéraux du Canada, ne semblait pas surpris qu’un tel incident se produise. «Il y a plusieurs personnes qui font voler des drones en pensant que ce sont des jouets. Et ce ne sont pas des jouets, a-t-il confié en entrevue téléphonique. C’était seulement une question de temps avant que quelque chose comme ça arrive. C’est arrivé au Royaume-Uni. Est-ce que c’était prévisible? Bien sûr que ce l’était.»

M. McConnell prévient que selon la grosseur du drone, il serait possible que l’un d’eux provoque l’écrasement d’un avion de ligne. «Ça dépend de la grosseur, mais si quelques oies peuvent écraser un avion dans la rivière Hudson, est-ce qu’un drone peut faire quelque chose comme ça ou causer un événement catastrophique? Oui», a-t-il affirmé.

M. McConnell faisait référence à un accident qui s’est produit en 2009 à New York, alors qu’un avion de US Airways avait miraculeusement réussi à amerrir sans faire de blessés après avoir heurté des oies sauvages.

Le président du syndicat reconnaît que le gouvernement fédéral est «dans la bonne voie» quant à la règlementation, mais il l’invite à accélérer les choses pour adopter les directives finales.

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