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Un caporal critique de la GRC a été réprimandé

Andrew Vaughan / La Presse Canadienne Photo: Andrew Vaughan

MONCTON, N.-B. — Un caporal de la Gendarmerie royale du Canada qui a perdu trois de ses collègues et amis lors d’une fusillade au Nouveau-Brunswick dit avoir été réprimandé pour s’être montré critique envers ses supérieurs.

Le caporal Patrick Bouchard dit avoir reçu un document qualifiant d’inacceptables les propos qu’il a tenus le 29 septembre — et qu’il réaffirme.

M. Bouchard s’était fait entendre à la télévision après qu’un juge eut trouvé la Gendarmerie royale du Canada (GRC) coupable de ne pas avoir fourni à ses agents l’équipement et la formation appropriés dans le cadre de la fusillade meurtrière survenue en juin 2014, à Moncton. Les gendarmes Fabrice Gevaudan, Dave Ross et Doug Larche sont alors tombés sous les balles du tireur Justin Bourque, qui a aussi blessé deux autres policiers.

Le caporal Bouchard, qui compte 15 années de service, estime que ce verdict a levé le voile sur le fossé entre les officiers supérieurs de la GRC et les gendarmes sur le terrain. Le vétéran posté à Miramichi, au Nouveau-Brunswick, a d’ailleurs souligné l’absence de dirigeants du corps policier dans la salle d’audience.

La GRC dit avoir été représentée par ses avocats en cour.

En entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, Patrick Bouchard a rapporté que sa fiche de rendement indique qu’il ne satisfait pas les «compétences de base» exigées par son poste. Le code de conduite de la GRC exige que ses membres «se comportent d’une manière qui n’est pas susceptible de discréditer la Force».

Le caporal âgé de 40 ans n’a pas été puni pour ses propos, mais il croit que des sanctions pourraient être en préparation.

«Je ne crois vraiment pas que j’aie fait quoi que ce soit de mal en parlant franchement, a-t-il lancé. J’ai contesté les officiers supérieurs et leur manque de soutien, et je me fais réprimander.»

Le caporal reconnaît toutefois que la GRC a adopté quelques mesures pour améliorer l’équipement de ses membres depuis la tuerie de 2014.

La carabine C8 s’est trouvée au coeur du procès qui a mené au verdict de culpabilité de la GRC pour avoir contrevenu au Code du travail.

Dans leur témoignage, plusieurs agents ont dit s’être sentis sous-armés contre le tireur, qui avait pour cible les policiers.

Le juge Leslie Jackson a virulemment critiqué le délai de déploiement des carabines au moment de la fusillade.

La GRC a refusé de préciser si des membres de sa direction assisteraient à l’audience de détermination de la peine prévue en novembre.

«Il n’y a pas de changement à la GRC, avance Patrick Bouchard. J’ai espoir qu’il y aura du changement, mais le fait que les officiers supérieurs ne se pointent pas démontre à mes yeux l’absence de volonté de changer.»

Il estime que la présence d’un dirigeant aurait démontré que la sécurité et la santé des policiers constituent une priorité du corps policier et aurait permis d’amorcer un «processus de guérison».

Patrick Bouchard dit avoir reçu une vague de messages de soutien d’autres membres subalternes de la GRC qui partagent son avis.

«Notre carrière est un très petit prix à payer pour mettre ses enjeux en lumière, a-t-il avancé. Mes amis n’avaient pas à mourir.»

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