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L'opposition dénonce l'entente Airbus-CSeries

Photo: Collaboration spéciale
Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont dénoncé en choeur, mardi, la prise de contrôle de la division CSeries de Bombardier par le géant européen Airbus, tandis que le premier ministre Philippe Couillard a estimé qu’elle était devenue inévitable.

Les points de vue divergeaient, au lendemain de l’annonce, qui a pris tout le monde par surprise.

Chose certaine, l’impact négatif de cette transaction sera tant politique qu’économique, selon les partis d’opposition, pessimistes quant à la suite des choses.

Maintenant qu’Airbus est devenu l’actionnaire majoritaire de la CSeries, le premier ministre Couillard a perdu le contrôle du «plus beau produit de génie québécois», a déploré le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée.

«C’est un jour noir pour le nationalisme économique québécois», a-t-il tranché.

En 2015, a rappelé M. Lisée en point de presse, lorsque le premier ministre a annoncé une prise de participation du Québec à hauteur de 1,3 milliard $ dans la CSeries, ce devait être pour que Bombardier puisse faire partie des ligues majeures, sur la scène internationale.

Or, cela ne s’est pas produit, conclut-il de la transaction annoncée la veille.

«Comment a-t-il pu dire oui à ça?», s’est-il interrogé, constatant que la transaction indiquait à quel point Bombardier était placé dans une situation de vulnérabilité devant les grands joueurs mondiaux de l’aéronautique.

Et cette faiblesse tire son origine dans le fait que Québec a choisi de miser uniquement sur la CSeries, au lieu d’investir dans Bombardier dans son ensemble, une erreur stratégique selon le chef péquiste.

Lors d’une mêlée de presse, le premier ministre n’a pas caché une certaine déception, devant la tournure des événements.

«On aurait rêvé que Bombardier devienne aussi gros que Boeing, mais en pratique ça ne pouvait pas se produire», a-t-il dit, réaffirmant que toutes les décisions prises par le gouvernement dans ce dossier avaient pour but principal de maintenir les milliers d’emplois en cause au Québec.

Vendredi, M. Couillard a annulé une mission prévue à Windsor et Detroit sur l’avenir du transport maritime, pour aller rencontrer une nouvelle fois les travailleurs de Bombardier à Mirabel, comme il avait fait fin septembre quand les États-Unis avaient annoncé des droits compensatoires exorbitants pour les avions de Bombardier.

«C’est Airbus qui va tout décider de ce qui va arriver avec la Série C» désormais, a renchéri le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault.

Lui aussi estime que le premier ministre Couillard a fait un pari risqué en investissant massivement des fonds publics dans la CSeries et il a perdu son pari, conclut M. Legault.

Dans ce contexte, le maintien du siège social au Québec n’est que de la poudre aux yeux, car dorénavant «toutes les décisions importantes vont être prises par Airbus», prédit M. Legault.

Le Québec vient donc de perdre encore une fois un centre de décision, le siège social de la CSeries étant promis à devenir une «coquille vide», selon lui.

«C’est un jour triste pour le Québec», a ajouté M. Legault, disant souhaiter que le Vérificateur général fasse le point sur la diminution de valeur de la participation gouvernementale de 1,3 milliard $ placée dans l’aventure.

Mais selon le premier ministre, les chances du Québec de récupérer son investissement sont, au contraire, meilleures qu’auparavant.

M. Couillard estime que la CSeries demeure un fleuron québécois, même en appartenant à des intérêts étrangers.

«Notre fleuron, notre créativité, notre génie québécois, il va voler partout dans le monde» désormais, a-t-il illustré.

Le porte-parole de Québec solidaire, le député de Mercier, Amir Khadir, conclut pour sa part que la participation des Québécois sous forme d’une participation de 1,3 milliard $ servira «à subventionner des jobs d’Airbus en Alabama».

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