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Les organismes communautaires manquent d'oxygène

MONTRÉAL — Plusieurs organismes sont en train de péricliter en raison de leur sous-financement chronique, s’il faut en croire la coordonnatrice du Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA), Caroline Toupin.

Interviewée par La Presse canadienne dimanche, cette dernière a expliqué que cet étranglement à petit feu est lourd de conséquences.

«Bien des organismes sont obligés de réduire leurs services, de faire des mises à pied. Il y a beaucoup de fermetures temporaires ou définitives», a souligné Mme Toupin.

Du même souffle, elle a soulevé une question à laquelle elle s’est empressée de fournir une réponse.

«Qui souffre le plus [en raison des situations financières précaires de nombreux organismes]? Évidemment, c’est la population qui a besoin de soutien (de leur part)», a-t-elle mentionné.

Malgré les constats alarmants qu’elle a dressés, Caroline Toupin a quand même une raison valable de voir une petite lueur poindre au bout du tunnel.

Selon un nouveau sondage, dont les résultats ont été dévoilés dimanche et dont la marge d’erreur est de 5 points de pourcentage, 19 fois sur 20,les organismes jouissent d’un solide appui auprès de plusieurs Québécois qui s’accordent pour dire qu’ils auraient besoin de voir leurs coffres être regarnis.

Pas moins de 84 pour cent des 1132 répondants, qui ont été questionnés par la firme L’Observateur du 28 septembre au 4 octobre pour le compte du RQ-ACA, ont affirmé être favorables à ce que ces organisations «soient financé[e]s adéquatement».

Ce résultat n’est guère étonnant puisque la plupart des personnes interrogées ont reconnu sans hésiter que les organismesexercent diverses fonctions de premier plan.

En effet, 83 pour cent d’entre elles ont soutenu qu’ils constituent des lieux d’appartenance servant à «briser l’isolement».

En outre, 82 pour cent des gens consultés ont indiqué que ces organisations contribuent à améliorer les conditions de vie de la population alors que les trois quarts d’entre eux ont fait valoir qu’elles sont étroitement associées à la protection des droits.

En raison des différents rôles joués par les organismes, il est temps de leur offrir une aide digne de ce nom, d’après Mme Toupin.

Elle a qualifié sans ambages leur situation financière de «critique» et elle a lancé un vibrant cri d’alarme en espérant sans doute être entendue jusqu’à Québec.

«Il est urgent que le gouvernement s’engage en soutenant adéquatement [le] travail» des organismes, a-t-elle martelé.

Dans un monde idéal, Caroline Toupin souhaiterait assister à «un réinvestissement massif de 475 millions de dollars» et ce, dès le dépôt du prochain budget.

Par la suite, il faudrait, à son avis, «une indexation annuelle qui tiendrait la route».

Pour s’assurer que ces grandes revendications se rendent jusqu’aux oreilles des membres de la classe politique, une délégation du Réseau québécois de l’action communautaire autonome sera dépêchée à l’Assemblée nationale, mercredi prochain, pour y rencontrer une quarantaine d’élus de différents horizons.

Elle réclamera non seulement un engagement financier ferme à la place des investissements ponctuels, mais aussi un nouveau plan global pour la province en matière d’action communautaire.

Pour convaincre les politiciens provinciaux de se plier à de telles demandes, la délégation fera tout simplement appel à leur logique.

Mme Toupin a résumé le noeud de l’argumentaire qui leur sera servi.

«Le sondage démontre que le secteur communautaire passe haut la main le test de l’opinion publique. Il a l’appui de la population. Si vous décidez de faire votre part pour les organismes, vous allez l’avoir aussi.»

Caroline Toupin a ensuite pris le soin de préciser que toute promesse se devra d’être globale et non pas ciblée.

«Il y a des secteurs de l’action communautaire qui sont plus facilement  »vendables » que les autres comme la santé, l’éducation et les services sociaux», a-t-elle énuméré.

Selon Mme Toupin, il est donc vraiment tentant pour la classe politique d’appuyer des organismes se nichantdans ces quelques domaines phares afin de redorer son blason auprès de l’électorat.

Or, d’après elle, il s’agit là de la meilleure façon d’entretenir un déséquilibre malsain.

«Il ne faut pas que ce soit juste les organismes les plus populaires auprès de la population ou du gouvernement qui obtiennent des fonds […] Ça prend un engagement cohérent, concerté pour que dans tous les secteurs, il y ait des investissements, qu’aucun d’entre eux ne soit laissé pour compte dans cette histoire-là », a-t-elle conclu.

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