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Projet de «gaz propre» de Questerre au Québec

Photo: Archives Métro
Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — L’opposition officielle et les militants écologistes sont alarmés par les ambitions de la pétrolière albertaine Questerre (TSX:QEC) dans la vallée du Saint-Laurent.

L’entreprise a recueilli récemment des millions de dollars en financement pour un «projet de gaz propre» au Québec (Quebec Clean Gas initiative).

Le Parti québécois (PQ) et le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec (RVHQ) soupçonnent Questerre de vouloir relancer l’industrie des gaz de schiste, notamment dans les régions de Lotbinière et Bécancour, et demandent au nouveau ministre des Ressources naturelles, Pierre Moreau, de bloquer toute velléité des pétrolières.

À la fin de septembre, Questerre a fait savoir par communiqué qu’elle avait recueilli 31 millions $ sur les marchés internationaux pour ses activités, notamment son «projet de gaz propre» dans la prochaine année en vue de projets-pilotes dans les basses terres du Saint-Laurent.

«Nous demandons à Pierre Moreau de s’opposer à ce projet, qu’il nous assure que ce projet ne verra pas le jour», a déclaré le porte-parole péquiste en matière d’énergie et de ressources naturelles et député de Richelieu, Sylvain Rochon, dans une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne diffusée lundi.

«Il n’y aucune ambiguïté: cette compagnie se structure et va chercher les fonds, elle trouve des investisseurs qui sont assez confiants dans la possibilité de faire de la fracturation hydraulique dans la vallée du Saint-Laurent pour lui confier des millions, donc ce projet avance de façon indubitable», a déclaré lundi la porte-parole du RVHQ, Carole Dupuis, au cours d’un entretien.

L’expression «Quebec Clean Gas initiative» semble être un «nom assez pervers pour mêler les cartes davantage» et espérer que ce soit bien reçu par les Québécois, a-t-elle poursuivi. «Je ne sais pas comment Questerre s’imagine qu’elle va faire des opérations d’extraction propres des gaz de schiste.»

M. Moreau a déjà déclaré qu’il n’y avait «pas d’acceptabilité sociale à l’égard de la fracturation hydraulique», ce procédé controversé utilisé par les pétrolières pour extraire les gaz de schiste, mais cela ne suffit pas à convaincre les groupes écologistes.

La nouvelle loi sur les hydrocarbures, ainsi que les projets de règlement qui sont actuellement à l’étape des consultations, n’interdisent pas la fracturation hydraulique, a rappelé Mme Dupuis.

Les propos de M. Moreau la rassurent d’autant moins, a-t-elle dit, qu’il a ouvert la porte à la possibilité pour les municipalités d’interdire les activités pétrolières et gazières dans certaines zones. Or cela signifie selon elle qu’on va en sacrifier d’autres.

«Alors quelles zones on va sacrifier? Les terres agricoles? Les berges du Saint-Laurent? La Gaspésie? Les terres publiques?», a-t-elle demandé dans un entretien téléphonique.

Autant le PQ que le RVHQ réclament le retrait des projets de règlement actuellement à l’étude, puisqu’il n’y a pas d’acceptabilité sociale et qu’ils contreviennent aux objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) du Québec.

L’opposition péquiste exige que des projets de règlement complètement réécrits soient étudiés en commission parlementaire, devant les caméras, a résumé M. Rochon.

Rejoint au téléphone, le président de l’entreprise Questerre, Michael Binnion, a qualifié le «Quebec Clean Gas initiative» d’étude qui pourrait être utile à «toute l’industrie gazière»:

«Ça ne concerne pas une région en particulier, c’est pour le Québec en général. C’est une étude qui a pour but de voir si, grâce aux nouvelles technologies, c’est possible de diminuer les émissions et les autres impacts sur l’environnement, reliés à l’extraction du gaz naturel».

En avril, l’entreprise avait dû calmer le jeu à la suite d’un communiqué dans lequel elle faisait part de ses intentions de relancer des projets d’extraction d’hydrocarbures dans la vallée du Saint-Laurent, avec des projets-pilotes dans les MRC de Bécancour et Lotbinière.

Le président de l’entreprise, Michael Binnion, avait alors confirmé à La Presse canadienne sa volonté de «développer les découvertes» de gisements de gaz de schiste. Il avait toutefois ajouté que les projets-pilotes prendraient au moins un an à mettre en place et qu’il faudrait trouver une localité prête à les accepter.

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