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Une Canadienne cherche la vie extraterrestre

Justin Knight / La Presse Canadienne Photo: Justin Knight
Michael McDonald, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

HALIFAX — Sara Seager a promis de consacrer le reste de sa vie à la recherche d’une nouvelle Terre parmi les milliards d’étoiles du cosmos.

«C’est notre objectif: de trouver de la vie là-haut», dit l’astrophysicienne torontoise d’un ton banal, comme si elle décrivait une simple expédition jusqu’au dépanneur du coin.

La scientifique de renommée internationale croit que cet objectif est finalement à portée de main — et elle est bien placée pour le savoir.

«Il y a 40 ans, ceux qui cherchaient des exoplanètes étaient tournés en ridicule, rappelle-t-elle en référence aux planètes qui se trouvent à l’extérieur de notre système solaire. On considérait que c’était très marginal, tellement c’était difficile (…) Mais la ligne qui délimite ce qui est fou ne cesse de bouger.»

Mme Seager enseigne au prestigieux Institut de technologie du Massachusetts et compte parmi les sommités mondiales du domaine des exoplanètes. Elle a fait l’objet de reportages par le New York Times, CNN et le magazine Cosmopolitan, et elle a reçu une bourse MacArthur «pour génie». Dans le monde de l’astronomie, c’est une vedette.

Ultimement, ses travaux pourraient répondre à certaines des questions les plus brûlantes de l’humanité. Sa mission de trouver de la vie ailleurs dans l’univers semble tirée d’une émission de science-fiction, mais les percées récentes en astrophysique donnent raison à l’optimisme de cette astrophysicienne.

Avant les années 1990, seulement deux planètes — Uranus et Neptune — avaient été découvertes depuis que les Babyloniens avaient observé les allées et venues des corps célestes, il y a 4400 ans. Pluton n’a été repérée qu’en 1930, mais elle a été rétrogradée au rang de planète naine en 2006.

Une percée monumentale a eu lieu en 1995, quand deux astronomes suisses ont annoncé la découverte, à l’extérieur de notre système solaire, d’une première planète en orbite autour d’une étoile. L’existence de 51 Pegasi B a été démontrée par sa gravité, qui faisait osciller son étoile.

Puis en 2014, le télescope spatial Kepler, de l’agence spatiale américaine (NASA), a découvert Kepler-186f, la première exoplanète d’une taille similaire à celle de la Terre, à l’intérieur de la zone Boucles d’or (Goldilocks zone).

«C’est quand une planète n’est ni trop chaude, ni trop froide, tout juste correcte pour la vie», explique Mme Seager.

L’amélioration de la technologie a mené à la découverte de plus de 3600 exoplanètes depuis 30 ans. Seulement 52 d’entre elles se trouvent toutefois dans la zone habitable, où de l’eau liquide pourrait exister. Mais une exoplanète de la taille de la Terre qui se trouve dans cette zone n’héberge pas automatiquement la vie.

«Tant que nous ne pourrons pas examiner l’atmosphère de la planète (…) nous ne saurons vraiment rien à son sujet, dit Mme Seager. Ça ne veut vraiment rien dire tant que nous ne pouvons pas jeter un meilleur coup d’oeil.»

Ce n’est pas aussi facile qu’on pourrait le croire: la plupart des exoplanètes sont trop loin de la Terre pour pouvoir être observées directement. Mais en août 2016, des chercheurs européens ont annoncé la découverte d’une exoplanète de la taille de la Terre qui se trouve dans la zone habitable de la naine rouge Proxima Centauri, notre voisin céleste le plus rapproché à seulement 4,2 années-lumière d’ici.

Cela représente quelque 40 000 milliards de kilomètres, mais c’est quand même 480 fois plus proche que Kepler-186f.

«C’était vraiment la porte voisine, mais très difficile à trouver, dit Mme Seager. En astronomie, la proximité est très importante.»

Mais pour observer une planète relativement petite collée sur une étoile beaucoup plus grosse, il faut tout d’abord bloquer la lumière intense dégagée par cette étoile. C’est pourquoi Mme Seager collabore au projet Starshade de la NASA: haut de 15 étages, l’appareil serait déployé dans l’espace et ses «pétales» bloqueraient la lumière qui aveuglerait autrement le télescope qui l’accompagne.

«C’est mon projet préféré, dit-il. Un des buts de ma vie serait de contribuer à la concrétisation de Starshade.»

Avec Starshade, Mme Seager souhaite examiner l’atmosphère des exoplanètes à la recherche de gaz, comme l’oxygène, qui pourraient témoigner de la présence de vie.

«Quand j’aide à trouver ces planètes, le but est de (…) chercher des signes de vie par le biais de gaz (comme l’oxygène) qui ne devraient pas être là, explique-t-elle. Nous ne serons même pas certains à 100 pour cent qu’ils sont produits par de la vie… Et si c’est le cas, on ne saura pas si ce sont des êtres intelligents ou simplement un dépôt gluant.»

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