Soutenez

La campagne du coquelicot blanc se dit incomprise

Chris Donovan / La Presse Canadienne Photo: Chris Donovan

Cinq ans après avoir froissé la Légion royale canadienne, le coquelicot blanc, avec son message pacifiste qui commémore aussi les victimes civiles des guerres, a toujours du mal à trouver sa place sur la boutonnière des Canadiens.

Les partisans du coquelicot blanc déplorent que le mouvement soit vu par les vétérans comme un affront à ceux qui ont donné leur vie sur les champs de bataille, et qu’il faille choisir entre les deux causes. L’an dernier, l’organisme a distribué au Canada, avant le jour du Souvenir, environ 1200 coquelicots blancs, souvent faits main, qui portent parfois en leur centre le symbole universel de paix.

Au siège social de la Légion canadienne, qui représente 275 000 vétérans — et qui distribue des millions de coquelicots rouges chaque année en novembre —, la porte-parole a refusé de commenter le débat sur le coquelicot blanc. En 2010, l’organisme avait menacé de poursuivre le mouvement pacifiste, pour violation du droit d’auteur sur le symbole du coquelicot.

En février 2011, le groupe Voix des femmes canadiennes pour la paix avait rencontré la direction de la Légion pour trouver un compromis, mais les vétérans n’étaient pas intéressés, soutient la militante pacifiste Heather Menzies. Le grand-oncle de l’écrivaine a été victime d’une attaque au gaz pendant la Première Guerre mondiale, et son père a été blessé en France et aux Pays-Bas pendant la Deuxième Guerre mondiale. Mme Menzies souhaite un changement de paradigme pour le jour du Souvenir, afin de déplorer aussi la guerre même.

Des militants rappellent par ailleurs que la majorité des victimes de conflits armés sont aujourd’hui des civils — des personnes tuées ou blessées, mais aussi, parfois, des femmes et des enfants violés par les belligérants.

Le coût des conflits armés
Lyn Adamson, coprésidente de Voix des femmes canadiennes pour la paix, soutient que la campagne du coquelicot blanc, tout en commémorant les victimes civiles des guerres, pourrait aussi contribuer à amorcer une discussion sur les coûts réels des conflits armés. Elle rappelle que l’industrie militaire canadienne est florissante et que le gouvernement fédéral a annoncé en juin une augmentation du budget de la défense de 70 pour cent en 10 ans.

Mais pour bien souligner qu’elle ne veut pas insulter les vétérans, qui n’ont fait que suivre les ordres de leurs dirigeants politiques, dit-elle, Mme Adamson portera les deux couleurs de coquelicot cette année en novembre. «On peut se livrer à une réflexion sur la guerre tout en respectant les vétérans qui ont donné leur vie, afin de trouver des façons de mettre fin aux conflits.»

On a aussi vu depuis le début du mois les députés de Québec solidaire porter le coquelicot blanc par-dessus le traditionnel coquelicot rouge.

Si l’utilisation du coquelicot rouge remonte jusqu’aux guerres napoléoniennes du XIXe siècle, son adoption au Canada date de 1921, six ans après le poème du lieutenant-colonel John McCrae, «In Flanders Fields», qui évoquait cette fleur sur les champs de bataille des Flandres. Le coquelicot blanc, lui, avait été choisi comme symbole pacifiste en 1933 par l’organisation féministe britannique Women’s Co-operative Guild.

Le groupe pacifiste londonien qui dirige aujourd’hui la campagne du coquelicot blanc au Royaume-Uni semble cependant adopter une position plus radicale que celle des Canadiens face aux anciens combattants. Sur son site internet, l’organisme Peace Pledge Union précise que le coquelicot blanc, symbole de paix et de commémoration pour toutes les victimes de la guerre, se veut aussi un rempart contre la tentation de «glorifier la guerre».

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.