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La crise au Togo continue, les Togolais du Canada s’organisent

WASHINGTON, DC - AUGUST 05: Togo President Faure Essozimna Gnassingb? arrives at the North Portico of the White House for a State Dinner on the occasion of the U.S. Africa Leaders Summit, August 5, 2014 in Washington, DC. African leaders are attending a three-day-long summit in Washington to strengthen ties between the United States and African nations. (Photo by Mark Wilson/Getty Images) Photo: Getty Images

La communauté togolaise du Canada s’organise pour aider ses concitoyens au pays. Depuis deux mois, des milliers d’opposants au régime togolais manifestent pour exiger la destitution du président au pouvoir depuis 2005.

Après deux mois de manifestations qui ont fait une dizaine de morts et plus de 200 blessés, l’armée a été déployée dans les principales villes du pays. Les opposants au régime dénoncent des atteintes aux droits humains et n’hésitent pas à qualifier le régime de dictature.

Les manifestants appellent à la destitution de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis le décès de son père, Étienne Eyadéma Gnassingbé, qui a été président du Togo de 1967 à 2005.

Celse Amedin est le leader de la communauté togolaise du Canada, qui, selon le dernier recensement de Statistique Canada, compte 5300 ressortissants. Avec sa communauté, il a organisé des marches en appui aux manifestants togolais, à Ottawa et à Montréal. Il mène actuellement une collecte de fonds et tente d’interpeller les députés canadiens sur la situation du Togo. Plusieurs proches de M. Amedin demeurent dans son pays d’origine et lui envoient régulièrement de leurs nouvelles.

«On a eu des nouvelles de la répression la semaine passée, une semaine terrible, avec des milices qui sévissent dans toute la ville [à Lomé, la capitale], témoigne Celse Amédin. Actuellement on a beaucoup de demandes de la Ligue togolaise des droits de l’Homme, ils veulent des moyens pour soigner les blessés: il y en a environ 300 depuis deux mois», ajoute-t-il. À la fin du mois d’octobre, son organisme avait réuni 13 000$ pour aider les blessés sur place.

De son côté, Amnistie internationale dénonce des atteintes aux droits humains et à la liberté de manifester, ainsi que l’utilisation de l’armée pour mater les manifestants. «Les militaires utilisent la force de manière excessive. Des observateurs sur place ont rapporté que les forces de sécurité fonçaient sur la foule et utilisaient des canons à eau ou des armes à feu», précise François Patuel, chercheur pour Amnistie internationale, basé à Dakar au Sénégal.

L’ONG fait état de dix personnes tuées, dont quatre par balles. Le 20 septembre dernier, au court d’une manifestation interdite par les autorités, un enfant de 9 ans a été tué par balle.

Amnistie internationale observe une escalade de tensions, alors que le gouvernement maintient la pression sur l’opposition. Internet et les réseaux mobiles ont été coupés pendant certaines manifestations et l’application de messagerie WhatsApp a tout simplement été fermée, ce qui complique le travail des observateurs et des journalistes sur place, avance François Patuel. Il rapporte aussi que des membres d’une délégation de militants africains prodémocratie ont été arrêtés dans la nuit du 12 au 13 octobre. «Leur matériel informatique a été intercepté et fouillé, en dehors de toute procédure judiciaire», s’indigne-t-il.

Les observateurs sur place craignent que la situation ne s’aggrave dans les prochains jours. «Certains manifestants sont de plus en plus violents, il y a eu des voitures de police brûlées, des bâtiments détruits. Une partie des manifestants se radicalisent», note François Patuel. Deux militaires ont été lynchés à mort par la foule au mois d’octobre, a rapporté l’Agence France presse.

Pour apaiser la situation, le gouvernement a promis de modifier la constitution pour limiter à deux le nombre de mandats du président. Cependant, cette mesure ne serait pas rétroactive, et le président en place pourrait donc briguer deux autres mandats, une situation absurde selon Celse Amedin. «Ces modifications ont déjà été mises en place depuis 2006, mais le gouvernement ne les a jamais appliquées», dit-il, désabusé par des années de promesses non tenues.

L’organisation internationale pour la francophonie (OIF) devait tenir la Conférence ministérielle de la Francophonie à Lomé, du 24 au 26 novembre. Le gouvernement a indiqué que compte tenu du climat actuel, elle ne pourrait pas avoir lieu, et a décidé de l’annuler. Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie, déplore l’escalade de la violence ces dernières semaines au Togo. «Rien ne peut justifier ces affrontements. Nous pensons aux victimes, aux familles endeuillées, au climat général de peur et de colère. Il faut impérativement privilégier le dialogue en toutes circonstances» a-t-elle déclaré par communiqué.

Amnistie internationale espère maintenant que la communauté internationale va mettre la pression sur le gouvernement togolais pour apaiser les violences. Fin octobre, Washington et Paris ont appelé le gouvernement à respecter le droit de manifester et demandent l’ouverture d’un dialogue avec l’opposition.

L’opposition a appelé à trois nouvelles manifestations les 7, 8 et 9 novembre.

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