Soutenez

Entente sur les Rohingyas: le Canada prudent

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le gouvernement canadien accueille avec un optimisme prudent l’entente conclue en vue du rapatriement des réfugiés Rohingyas au pays qu’ils ont fui, le Myanmar.

«En principe, déjà, c’est une bonne nouvelle que les deux gouvernements se parlent et progressent dans leurs discussions, mais on n’a pas vu l’accord, on n’a pas vu les termes de l’accord», a réagi jeudi la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau.

«On espère que cet accord-là est fait dans le respect des droits des réfugiés, qu’on considère de ramener les réfugiés de façon volontaire et dans le respect des droits de la personne», a-t-elle poursuivi en conférence téléphonique depuis Dacca, la capitale du Bangladesh.

La ministre s’apprêtait à rentrer au Canada après avoir passé quelques jours en sol bangladais, où des centaines de milliers de Rohingyas ont trouvé refuge depuis août dernier, fuyant la répression de l’armée birmane.

Elle a rencontré des membres du gouvernement du Bangladesh et visité le camp Balukhali, actuellement le plus imposant camp de réfugiés au monde. Là, elle dit avoir souvent entendu des réfugiés de cette minorité musulmane apatride lui confier leur désir de rentrer à la maison.

«Ils disent qu’ils veulent rentrer au Myanmar, chez eux, mais — il y a toujours le mais — (ils veulent) rentrer en ayant des droits», a relaté Marie-Claude Bibeau à l’autre bout du fil, assurant que le Canada veut la même chose.

Le Canada parle fort dans le dossier des Rohingyas depuis que la crise humanitaire a éclaté, en août dernier. Le premier ministre Justin Trudeau a abordé plusieurs fois la situation avec la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, qui a été sévèrement critiquée pour son inaction.

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a déclaré en octobre que la minorité rohingya, qui était déjà décrite comme «la plus persécutée du monde» avant la récente flambée de violence, était victime de «crimes contre l’humanité» et de «nettoyage ethnique».

La diplomate en chef du Canada espère ainsi que «l’accord d’aujourd’hui (jeudi) entre le Myanmar et le Bangladesh sur le rapatriement des réfugiés constitue un pas dans la bonne direction», a écrit dans un courriel son attaché de presse, Adam Austen.

L’entente nécessitera néanmoins «un examen approfondi pour s’assurer qu’il est de bonne foi, qu’il est viable et que les réfugiés ne seront pas soumis à une persécution renouvelée à leur retour», a-t-il spécifié.

La porte-parole néo-démocrate en matière d’affaires étrangères, Hélène Laverdière, semble partager cette analyse et souligne que «dans des cas comme celui-là, le problème est toujours la mise en oeuvre» de l’accord.

«La mise en oeuvre va être extrêmement compliquée dans la situation actuelle: des villages ont été détruits, et la confiance entre les communautés est fortement ébranlée», a-t-elle plaidé en mêlée de presse.

«Il ne suffit pas de dire que les gens vont pouvoir revenir. Il faut mettre en place des mécanismes, d’abord, pour la reconstruction, et il va falloir aussi établir des mécanismes de réconciliation, des mécanismes de sécurité également», a soutenu Mme Laverdière.

Fonds d’aide

Dans une déclaration commune, sept organismes non gouvernementaux (ONG) ont invité jeudi les Canadiens à se montrer généreux en faisant un don au Fonds de secours pour la crise au Myanmar mis sur pied par le gouvernement canadien le 31 octobre dernier.

«La situation sur le terrain est toujours critique», ont souligné ces ONG.

Le gouvernement s’est engagé à égaler les dons des Canadiens jusqu’au 28 novembre.

La ministre Bibeau a indiqué que les partenaires humanitaires n’avaient pas demandé une prolongation de la période pour faire des dons. Elle n’était pas en mesure de préciser quel montant avait été amassé jusqu’à présent.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.