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La droite identitaire manifeste à Québec

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot
Ugo Giguère, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le Service de police de la ville de Québec (SPVQ) a dû procéder à 44 arrestations, en deux temps, samedi, pour prévenir la confrontation entre groupes opposés et empêcher les casseurs de passer à l’action.

Vers 12 h 45, un premier groupe de 21 personnes a été arrêté. «On a observé qu’ils étaient en train de comploter pour venir contrer la manifestation. Des armes blanches ont été trouvées, des bâtons télescopiques, des lance-pierres, des bouteilles contenant un liquide inconnu pour l’instant et en plus ils étaient cagoulés», a rapporté l’inspecteur André Turcotte, du SPVQ.

Ces individus ont rencontré les enquêteurs et pourraient faire face à des accusations de complot pour attroupement illégal et de port de déguisement dans un dessein dangereux.

Dans un deuxième temps, alors que la manifestation était terminée, 23 autres arrestations sont survenues face à l’Assemblée nationale. «C’est un groupe qui a reçu plusieurs ordres de dispersion. Ils tentaient toujours de revenir. Ils circulaient à travers les rues, ils marchaient à travers les véhicules, ils continuaient de se mobiliser», précise M. Turcotte.

Ce deuxième groupe d’individus arrêtés serait lui aussi lié aux contre-manifestants s’identifiant comme des groupes antifascistes de gauche.

Selon le SPVQ, un total d’environ 1000 personnes, tous groupes confondus, ont participé à l’événement. L’inspecteur Turcotte s’est dit satisfait du déroulement, n’ayant aucun blessé, ni bris matériel à déplorer.

Les policiers ont tout de même dû avoir recours à un irritant chimique sous forme liquide, aspergé en direction de personnes ciblées chez les contre-manifestants. L’utilisation de la force visait à refouler le groupe qui semblait chercher la confrontation avec les marcheurs de Storm Alliance et de La Meute.

Manifestation anti-gouvernementale

Comme prévu, les sympathisants des groupes identitaires de droite Storm Alliance et La Meute se sont rassemblés devant le Grand théâtre de Québec avant de défiler sur le boulevard René-Lévesque en direction du Centre de congrès où était réuni le Parti libéral du Québec.

Ils devaient par la suite poursuivre leur route jusqu’à l’Assemblée nationale, mais les contre-manifestants de groupes antifascistes de gauche ont tenté de leur barrer le chemin à l’intersection du boulevard Honoré-Mercier.

Les contre-manifestants ont été refoulés par des policiers portant leur équipement anti-émeute, d’abord vers l’Assemblée nationale, puis jusqu’aux Plaines d’Abraham. Ils ont parfois dû faire usage de poivre de Cayenne. Les tensions étaient vives entre les représentants de l’ordre et ce groupe.

Des contre-manifestants ont notamment répliqué en lançant des balles de neige vers les policiers.

Par ailleurs, des signes de division sont apparus entre les divers groupes identitaires, notamment sur le plan de la tactique.

Ainsi, dans un premier temps, un premier groupe d’une centaine de manifestants issus de Storm Alliance ont pris la route, scandant des slogans «Couillard dehors!», «Liberté» et chantant La Marseillaise, l’hymne national de la France. Parmi eux, plusieurs brandissaient le drapeau des Patriotes.

Environ deux cents autres manifestants, liés à La Meute, les suivaient à environ 200 mètres de distance. Fidèles à leur tactique habituelle, ceux-là marchaient silencieusement dans les rues de Québec.

Un troisième groupe de radicaux ultranationalistes du groupuscule Atalante Québec a monté sur les fortifications.

Au terme du parcours, le porte-parole de Storm Alliance, Dave Treggett a qualifié l’événement de «gros succès».

«Ça s’est déroulé dans la paix. Ça ne reflète pas ce qui s’est passé le 20 août dernier. On a dit aux gens: venez dénoncer les libéraux, venez leur dire ce que vous n’aimez pas», a-t-il précisé.

Plusieurs autres groupuscules d’idéologies plus radicales se sont toutefois joints à la marche. «On leur a dit qu’ils étaient les bienvenus en tant que Québécois qui dénoncent les libéraux. Ils n’ont pas scandé autre chose et ont respecté ce qu’on a demandé», a commenté M. Treggett.

Il explique la décision de La Meute de se tenir plus loin derrière par un désir de passer un autre message. «C’est une décision de La Meute, ils voulaient parler contre le hidjab et nous, on n’en parle pas, alors c’était correct», a expliqué le cofondateur de Storm Alliance.

Dave Treggett espère avoir pu passer un message de la frustration des Québécois envers le gouvernement. Il souhaite éventuellement que son regroupement puisse obtenir un poids politique assez fort pour influencer les décisions des partis en place.

Réactions politiques

Quelques représentants du gouvernement ont réagi aux manifestations qui se déroulaient à quelques mètres du congrès du PLQ.

Le premier ministre Philippe Couillard a soutenu qu’il ne leur donnerait «pas plus d’attention qu’ils ne le méritent».

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Moreau, a fait savoir qu’il ne partageait pas leur opinion.

«Je ne respecte pas l’opinion de ces groupes-là, mais quand on accepte de vivre en démocratie on accepte que toutes les idées s’expriment (…). Je fais confiance aux Québécois et je sais que ce genre de discours-là n’a pas beaucoup d’emprise. (…) Quelle que soit la manifestation, quand il y a de la casse, c’est inacceptable. (…) Ce qui est incorrect, c’est quand on se donne rendez-vous sur le ring pour boxer ensemble», a-t-il commenté.

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