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Excuses LGBTQ2: malaise chez des conservateurs

Prime Minister Justin Trudeau delivers a formal apology to individuals harmed by federal legislation, policies, and practices that led to the oppression of and discrimination against LGBTQ2 people in Canada, in the House of Commons in Ottawa, Tuesday, Nov.28, 2017 THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld Photo: THE CANADIAN PRESS
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau est allé trop loin dans les excuses qu’il a présentées mardi à la communauté LGBTQ2. C’est du moins ce que lui reprochent ouvertement des élus conservateurs qui n’ont pas boudé le discours, contrairement à environ le tiers de leurs collègues.

Dans les banquettes conservatrices clairsemées, une poignée d’élus qui ont assisté à l’allocution ont choisi de rester assis à chaque fois qu’autour d’eux les députés bondissaient de leur siège pour applaudir.

Le député Harold Albrecht était du nombre.Intercepté dans la rotonde du parlement, mercredi matin, il a affirmé à La Presse canadienne qu’il «appuyait les excuses», mais pas «toutes les choses qui ont été dites dans ces excuses».

L’élu de l’Ontario a ensuite expliqué, lorsqu’on l’a invité à identifier quel passage de l’allocution l’avait indisposé, que «quand on commence à parler d’enfants de six ans dans ce contexte, je décroche».

En clôture de son discours qui a duré près d’une trentaine de minutes, Justin Trudeau s’est adressé «aux enfants qui écoutent chez eux et qui craignent d’être rejetés à cause de leur orientation sexuelle».

«Que vous découvriez votre propre vérité à six ou à 16 ou à 60 ans, la personne que vous êtes est légitime», a dit le premier ministre sous le regard de ses enfants aînés, Xavier et Ella-Grace, qui étaient dans les tribunes.

Au moins trois autres députés conservateurs sont restés assis pendant les quelques ovations qui ont ponctué l’allocution de Justin Trudeau, selon ce qu’ont pu constater des médias, dont La Presse canadienne.

L’un d’entre eux, Ted Falk, a lui aussi affirmé que le premier ministre avait ratissé trop large, refusant cependant de préciser sa pensée. «J’appuie les excuses, mais je trouve que certaines des déclarations sont allées plus loin que… Je vais m’en tenir à ça», a-t-il dit mercredi.

Un autre député conservateur qui ne s’est pas joint aux ovations en Chambre, Bob Zimmer, a pris la poudre d’escampette à sa sortie de la Chambre en refusant de répondre aux questions, mercredi après-midi.

Quant à leur collègue David Tilson, il a soutenu qu’une fracture à la cheville le limitait dans ses mouvements. L’élu, qui s’est montré agacé de faire l’objet d’«accusations», a qualifié d’«appropriés» l’ensemble des discours livrés mardi, incluant celui du premier ministre.

Il n’a pas voulu préciser s’il trouvait que celui-ci en avait trop mis. «Je n’ai pas applaudi à chaque fois, je ne me suis pas levé à chaque fois. Je me suis brisé la cheville, j’ai peine à rester debout», a-t-il tranché.

Des élus conservateurs croisés dans le foyer à la sortie de la période des questions, dont Peter Kent, ont pour leur part indiqué qu’ils n’avaient éprouvé aucun malaise à écouter le discours du premier ministre Trudeau.

Le chef conservateur Andrew Scheer n’a pas voulu commenter directement le fort taux d’absentéisme observé dans les banquettes de son parti. «Je pense qu’avec l’esprit d’hier, ce n’est pas le temps de politiser les questions comme ça», a-t-il fait valoir.

Il a mentionné qu’il avait pour sa part livré un discours «très, très sincère» qui témoigne de la position du Parti conservateur et de son caucus.

Une porte-parole conservatrice avait argué mardi que «plusieurs députés étaient hors d’Ottawa cette semaine, pour plusieurs raisons: personnelles, comités, événements dans le comté».

Selon ce qu’il a toutefois été possible d’observer depuis les tribunes, des élus conservateurs qui étaient présents à la période des questions se sont éclipsés avant le discours de Justin Trudeau.

L’élu libéral Rob Oliphant, qui est ouvertement homosexuel, dit n’avoir pas été vexé par l’attitude des conservateurs ayant refusé de se joindre aux ovations. Le député dit avoir appris qu’il faut prendre les gens là où ils sont.

«Tout le monde approche ces choses avec son propre vécu, avec différents biais, différentes manières de comprendre. Je pense que lorsque vous avez fait partie d’une minorité, vous possédez cette curieuse grâce qui vous amène à dire: « On va travailler ensemble »», a-t-il dit.

Et en ce moment, au Parti conservateur, un noyau de députés influents amène la formation «vers un nouveau monde», a-t-il fait remarquer, citant en exemple Peter Kent, Karen Vecchio, Michelle Rempel et Candice Bergen, et disant considérer l’enjeu «non partisan».

Le conseiller spécial du premier ministre sur les questions LGBTQ2, Randy Boissonnault, a dit être fort conscient «qu’il y a du travail à faire» lorsqu’on lui a demandé comment il s’était senti en voyant des députés de l’opposition quitter la Chambre avant le discours de Justin Trudeau.

«Je ne suis pas naïf, a laissé tomber l’élu de l’Alberta, lui aussi homosexuel. Il suffit de regarder les réponses que je reçois sur Facebook et Twitter: les gens qui aiment haïr sont là; la haine existe (encore)», a-t-il dit en mêlée de presse.

Le premier ministre s’est excusé mardi à la communauté LGBTQ2, disant toute la «honte collective» des Canadiens pour la «chasse aux sorcières» menée par gouvernement, l’armée et la Gendarmerie royale du Canada pendant des décennies.

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