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Québec prête 10 M $ au Groupe Capitales Médias

Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le gouvernement Couillard a défendu sa décision, jeudi, d’octroyer un prêt de 10 millions $ aux journaux régionaux de Groupe Capitales Médias (GCM) pour qu’ils effectuent leur virage numérique.

L’entreprise de presse appartient à l’ancien ministre libéral fédéral Martin Cauchon. Le prêt avec intérêts, qui est accordé par l’entremise d’Investissement Québec, s’inscrit dans un plus grand projet de modernisation de GCM de 26 millions $.

De passage à Saguenay jeudi, la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a affirmé qu’il s’agissait d’une décision d’affaires. «On investit ici dans une entreprise, on n’investit pas directement dans une salle de presse», a-t-elle déclaré.

«On ne devient pas propriétaire, on ne devient pas actionnaire principal, on fait un prêt (…) à l’entreprise pour assurer sa transformation vers le numérique», a ajouté la ministre, qui dit tenter ainsi de protéger 400 emplois «dans toutes les régions du Québec».

Selon elle, l’information régionale est «primordiale» pour les Québécois, qui seront mieux servis si GCM est en santé.

Mais l’enjeu de l’indépendance des médias a vite rattrapé la ministre. En conférence de presse, les journalistes se sont demandé dans quelle mesure l’entente liait le gouvernement aux salles de nouvelles régionales.

Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a d’ailleurs déversé son fiel sur les réseaux sociaux. Déjà mercredi, il demandait: «Comment le gouvernement peut-il justifier une préférence pour certains médias? La connection libérale?».

Quelques minutes après l’annonce, il récidivait: «L’imposture Desmarais/@MartinCauchon n’avait trompé personne en 2015. Aujourd’hui un « extra » de 10 M $ ne trompera personne non plus».

M. Péladeau a fait valoir que des stations régionales du Groupe TVA perdaient aussi de l’argent. «Est-ce que @phcouillard va également avoir une attention particulière à leur égard?», a-t-il demandé.

Le gouvernement sera équitable, a répondu la ministre Anglade. Toute autre proposition de projet semblable sera étudiée, a-t-elle dit.

L’aide du gouvernement arrive à point, a pour sa part affirmé le président-directeur général de GCM, Claude Gagnon, puisque les médias écrits sont pris dans «une tempête parfaite». L’an prochain, 80 pour cent des nouveaux revenus en publicité seront dirigés vers les plateformes telles que Google et Facebook, a-t-il évoqué.

Par ailleurs, prétendre qu’il y a une «connection libérale» n’est rien de moins qu’une «insulte» à l’intelligence des journalistes de GCM, «qui jour après jour produisent une information de qualité, et qui chez nous, est indépendante», a répliqué M. Cauchon.

GCM regroupe les journaux Le Soleil de Québec, Le Nouvelliste de Trois-Rivières, Le Droit d’Ottawa-Gatineau, Le Quotidien de Saguenay, La Voix de l’Est de Granby et La Tribune de Sherbrooke.

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Stéphane Giroux, a applaudi la décision de Québec de venir en aide à ces journaux.

«La situation des médias écrits est tellement précaire qu’on accepte que le gouvernement doit intervenir», a-t-il dit en entrevue téléphonique.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui représente la grande majorité des employés du GCM, abonde dans le même sens. «L’aide apportée par Québec cible bien sûr un groupe en particulier, mais elle contribue à maintenir à flot un groupe en difficultés financières qui joue un rôle primordial dans notre société, soit celui d’informer la population», a déclaré la présidente de la FNC-CSN, Pascale St-Onge, par voie de communiqué.

La CSN estime toutefois qu’il y a lieu de trouver des solutions plus «globales et structurantes» pour soutenir tout le secteur de la presse écrite.

Le 4 décembre dernier, la ministre de la Culture et des Communications, Marie Montpetit, dévoilait le détail des programmes mis en place par le gouvernement du Québec pour soutenir la presse écrite pendant sa phase de transition vers le numérique. Des 36,4 millions $ annoncés, 19,2 millions $ iront à un programme d’aide à la transformation numérique de la presse écrite. Les médias écrits devront élaborer leurs propres projets et les déposer d’ici le 15 janvier.

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