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Montréal: difficile de bannir les boissons sucrées

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz

MONTRÉAL — Le nouveau conseil municipal de Montréal a eu beau adopter une motion qui prévoit la disparition graduelle des boissons sucrées dans les installations municipales de la métropole, comme les arénas ou les chalets, certains maires d’arrondissement estiment que la mesure sera difficile à appliquer, ou que cet enjeu de santé publique n’est tout simplement pas du ressort des Villes.

«Je suis pour la prévention, pour une taxe d’accise lorsqu’elle peut financer le système de santé, par exemple pour le tabac», explique Luis Miranda, maire de l’arrondissement d’Anjou, dans l’est de l’île. «Mais je ne suis plus d’accord s’il faut jouer la police pour vérifier ce qui entre dans les arénas, ou l’été dans les parcs pendant un tournoi de baseball.»

Un groupe de travail devrait proposer des façons d’implanter progressivement des mesures pour interdire les boissons énergisantes, les «boissons pour sportifs» et les eaux aromatisées dans les édifices municipaux des 19 arrondissements de Montréal. Le maire d’arrondissement Miranda estime que ces restrictions vont créer certains problèmes — par exemple pour des clubs sportifs de jeunes, qui sont parfois commandités par des entreprises de boissons.

Les conseillers de LaSalle au conseil municipal de Montréal ont voté contre le règlement. La mairesse de l’arrondissement, Manon Barbe, préférerait que l’on informe les citoyens plutôt que de leur imposer un interdit municipal.

L’arrondissement de LaSalle, dans le sud-ouest de l’île, a adopté en 2008 une politique générale qui prévoit que 30% de ce qui est offert dans les édifices publics municipaux constituent des «choix santé», sans toutefois interdire spécifiquement des aliments ou des boissons. Les casse-croûte des deux arénas municipaux de LaSalle ont ensuite fermé boutique parce qu’ils ne se disaient plus rentables. Ils ont été remplacés par des distributrices, qui offrent des «choix santé» et l’éventail habituel.

«Je ne veux pas décider à la place des citoyens», explique la mairesse Barbe. «Quand je fais mon épicerie, personne ne me dit quoi mettre dans mon panier.» Comme d’autres opposants, elle estime que cet enjeu concerne les gouvernements fédéral et provincial.

La taxe fait l’unanimité

La motion, adoptée au conseil municipal le 11 décembre avec 54 votes pour et 5 contre, avait été présentée par l’opposition. Elle prévoit que les boissons sucrées disparaîtront des machines distributrices et des casse-croûte à mesure que les contrats avec les fournisseurs seront échus. La motion originale demandait seulement à Ottawa d’imposer une taxe d’accise nationale sur ces boissons sucrées — une idée qui faisait l’unanimité auprès des élus montréalais.

Plusieurs organismes de santé publique appuient d’ailleurs le principe d’une taxe d’accise. En mai dernier, des groupes comme la Fondation des maladies du coeur et de l’AVC, la Société canadienne du cancer et la Fondation de l’obésité infantile vantaient les mérites d’une telle taxe pour la santé publique mais aussi pour l’économie, en se basant sur une étude commandée à l’Université de Waterloo.

Des chercheurs de l’Université de Toronto ont aussi conclu qu’une taxe d’accise pourrait contribuer à l’amélioration des habitudes alimentaires. Dans un rapport publié en 2016, l’Organisation mondiale de la santé recommandait l’imposition d’une taxe d’au moins 20% sur les boissons sucrées.

Au Canada, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a indiqué cette année qu’il songeait à imposer une telle taxe pour lutter contre l’obésité. Le gouvernement fédéral a jonglé avec l’idée, mais ne l’a pas retenue dans son budget de 2016, suggèrent des documents internes du ministère des Finances.

L’Association canadienne des boissons, elle, s’est évidemment dite déçue de l’initiative montréalaise. Elle soutient qu’en l’absence de toute taxe, la consommation de calories provenant des boissons sucrées a chuté d’au moins 30% depuis 2004, alors que les taux d’obésité ont augmenté.

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