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La distraction au volant a fait plus de morts sur les routes que l’alcool

Photo: Archives Métro
Michel Saba - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le nombre de collisions mortelles sur les routes du Québec attribuables à la distraction au volant a connu une hausse fulgurante de 41% en 2017, passant de 17 à 24, au point de dépasser pour une première fois celles causées par l’alcool et les drogues, révèle le bilan routier provisoire de la Sûreté du Québec (SQ) publié vendredi.

Le problème va au-delà du cellulaire au volant, a expliqué Patrick Després, l’inspecteur en charge de la sécurité routière à la SQ.

«Régulièrement les policiers vont voir des gens lire au volant, se maquiller ou faire toute autre chose que de se concentrer sur la tâche la plus importante: conduire leur véhicule», a-t-il expliqué.

L’utilisation du téléphone intelligent comme GPS est très populaire, remarquent les policiers. «Une fois qu’il est arrimé sur le tableau de bord, c’est très tentant de le manipuler pour aller voir ses textos, mais c’est tout aussi illégal que de l’avoir en main», a insisté M. Després en entrevue avec La Presse canadienne.

Bon an, mal an, la Sûreté du Québec distribue plus de 10 000 constats reliés à l’utilisation du cellulaire au volant.

«On a beaucoup de sensibilisation à faire», a reconnu l’inspecteur Després en soulignant que les véhicules sont davantage munis de tableaux de bord interactifs et d’écrans tactiles.

Il a comparé ce défi au travail acharné de sensibilisation du port de la ceinture de sécurité. Ces efforts continuent de porter fruit, comme en témoigne la chute de moitié en 2017 du nombre de personnes décédées qui n’avaient pas bouclé leur ceinture.

La vitesse, principale cause

La vitesse excessive se maintient au premier rang des causes de collisions mortelles. Elle en a été responsable de plus de 30% l’an dernier, malgré une diminution notable de 89 en 2016 à 76 en 2017.

Les policiers préviennent la population de se méfier des croyances populaires: ce n’est pas la nuit et l’hiver que se produisent la majorité des accidents mortels, mais bien l’inverse. Près des deux tiers se sont produits en plein jour.

Les automobilistes roulent plus vite lorsqu’il fait beau dehors, a expliqué Patrick Després. Les collisions sont plus intenses, les blessures et le taux de mortalité également. L’hiver, en raison de la neige, les automobilistes circulent plus lentement. Lors des pertes de contrôle, la neige peut amortir davantage les chocs. La police déplore qu’après quatre années de baisse, le nombre de personnes décédées âgées entre 16 et 24 ans dans des collisions a augmenté de 46%, passant de 39 en 2016 à 57 l’an dernier.

«Il faut amener les jeunes à s’affirmer lorsqu’ils sont à bord d’une automobile et dire à son ami qui est au volant: « ralentit, tu vas trop vite »», a lancé l’inspecteur Després.

Marijuana au volant

L’alcool et les drogues au volant prennent la troisième place du bilan provisoire de la SQ sur les causes de collisions mortelles, glissant à 9%.

À moins de six mois de la légalisation de la marijuana à des fins récréatives, les policiers se disent prêts en cas de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue.

«Ce n’est pas un phénomène qui est nouveau et qui va survenir au moment de la légalisation, a déclaré Patrick Després. Pratiquement l’ensemble des patrouilleurs de la Sûreté du Québec sont formés pour détecter les symptômes des facultés affaiblies par la drogue.»

La SQ signale que ses policiers arrêtent plus de 19 personnes par jour pour capacités affaiblies par la drogue ou l’alcool.

Dans l’ensemble, le bilan provisoire de la SQ fait état d’une hausse de 1,7% du nombre de collisions mortelles en 2017 par rapport à l’année précédente.

Sur le territoire patrouillé par les agents de la SQ, le nombre de collisions mortelles est passé en un an de 240 à 244, mais le nombre de décès pour la même période a augmenté de 3,5%, de 260 à 269.

Le tableau n’est pas entièrement sombre. Selon la Société de l’assurance automobile du Québec, le nombre de morts sur les routes du Québec était de 2209 il y a 45 ans, dont la grande majorité sur le territoire patrouillé par la SQ.

Le bilan provisoire de la Sûreté du Québec ne prend pas en compte les accidents qui sont survenus sur les territoires desservis par les corps de police municipaux, dont ceux de Montréal et de Québec.

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