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Les villes canadiennes prises avec les matériaux recyclables

Darren Calabrese / La Presse Canadienne Photo: Darren Calabrese

OTTAWA — Un moratoire de la Chine sur l’importation de la majeure partie des matériaux recyclables étrangers laisse certaines municipalités canadiennes avec des surplus de plastique et de papier qui pourraient bien se retrouver au dépotoir.

Cette interdiction a aussi pour conséquence de diminuer les revenus que les villes accumulent pour leurs matériaux recyclables, car il est difficile de trouver d’autres pays ou d’autres entreprises canadiennes qui seraient preneurs.

La Chine était auparavant le principal receveur de plastique et de papier, mais le pays a maintenant cessé d’accepter quasiment tous les matériaux étrangers.

Bien que l’interdiction ne soit entrée en vigueur que le 31 décembre, les entreprises chinoises ont commencé à refuser les matériaux il y a quelques mois.

Au Québec, 60 pour cent des matériaux recyclables allaient en Chine. Ce n’est plus le cas.

Matthew Keliher, gérant des déchets solides à la municipalité de Halifax, a indiqué que les trois quarts de ses matériaux recyclables se dirigeaient auparavant vers la Chine.

Halifax a trouvé d’autres marchés pour le plastique rigide ou le papier, mais les pellicules de plastique — les sacs de plastique, les sacs pour la nourriture et les emballages — sont plus difficiles à vendre.

Trois cents tonnes de pellicules de plastiques amassées dans un entrepôt de Halifax depuis le mois d’août sont présentement envoyées au dépotoir.

Calgary, qui envoyait tous ses papiers recyclables en Chine et la moitié de son plastique, a accumulé 5000 tonnes de matériaux dans les derniers mois dont personne ne veut. La ville n’a pas encore décidé ce qu’elle allait en faire.

Il y a au Canada certaines entreprises de recyclage, mais elles acceptent presque exclusivement le plastique de haute qualité comme celui que l’on retrouve sur les boîtes de lait ou de jus, souligne Christina Seidel, directrice générale du Conseil du recyclage de l’Alberta.

«C’est du matériel de très haute qualité. Tout le monde veut de cela. (Les entreprises) ne sont pas de grandes amatrices de plastiques de moindre qualité», a-t-elle analysé.

Concurrence féroce
La Chine a fermé la porte à tous les matériaux recyclables, car elle n’en pouvait plus de gérer les tonnes d’objets contaminés par des déchets. Le pays compte maintenant utiliser ses propres matériaux.

L’Indonésie, la Thaïlande et l’Inde sont parmi les autres pays qui acceptent les matériaux recyclables, mais la concurrence pour leur faire accepter les produits est forte.

Elle est si intense, que Halifax refuse de dévoiler où elle envoie ses produits car elle craint qu’une autre ville lui vole sa place, selon M. Keliher.

«Le marché du recyclage était impitoyable avant que l’interdiction chinoise ne soit imposée, et maintenant que la moitié du marché a fondu et que l’offre est écrasante, il est encore plus impitoyable», a-t-il soutenu.

Baisse de revenus
Halifax gagnait auparavant 2,1 millions $ par année en vendant son recyclage, dont 1,6 million venait de la Chine.

Derek Angove, qui s’occupe de la gestion des déchets à Toronto, a indiqué que la ville n’exportait pas directement ses produits en Chine. Elle avait conclu des contrats à long terme avec des entreprises canadiennes pour protéger Toronto de ce retrait des Chinois.

Il souligne toutefois que le prix des matériaux a diminué, et selon lui, si la Chine ne change pas d’idée, les revenus des villes continueront à baisser.

Christina Seidel croit que le Canada devrait s’inspirer de ce qui se fait en Colombie-Britannique, avec un système qui place le fardeau sur les producteurs de matériaux. Ces derniers doivent payer et s’assurer que leurs produits sont recyclés.

En Colombie-Britannique, cela a contribué à une plus grande part du marché intérieur pour les produits recyclés et une pression moindre sur les villes pour les coûts des programmes.

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