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Aga Khan: Trudeau n'aura pas à témoigner

Prime Minister Justin Trudeau takes part in a town hall meeting, in Yellowknife, Northwest Territories, on Friday, Feb. 10, 2017. Trudeau will be making a stop in Nova Scotia next week, according to the website of a Liberal member of Parliament from the province. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: THE CANADIAN PRESS
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les libéraux sauvent leur chef Justin Trudeau d’une comparution forcée devant le comité permanent de l’éthique, où les élus de l’opposition espéraient questionner le premier ministre au sujet des vacances qu’il a passées sur l’île privée de l’Aga Khan.

Les six députés libéraux qui siègent au comité qui s’était réuni en rencontre extraordinaire, mardi, ont voté contre une motion qui aurait contraint le premier ministre à témoigner au comité à la mi-janvier, avant la reprise des travaux parlementaires.

Le député conservateur Peter Kent, qui avait déposé la motion, a fait valoir aux élus libéraux assis en face de lui que la requête, bien qu’inhabituelle, était «raisonnable» vu les circonstances inhabituelles — le fait qu’un premier ministre ait violé une loi fédérale.

Son collègue néo-démocrate Nathan Cullen a fait un plaidoyer similaire, arguant que Justin Trudeau avait promis d’être irréprochable sur le plan éthique, et qu’en raison de cet accroc, il devait maintenant rendre des comptes aux parlementaires.

Ce fut en vain: grâce à la majorité dont ils disposent au comité parlementaire, les libéraux ont empêché l’adoption de la motion conservatrice, qui a été défaite à six voix contre trois.

Avant d’enregistrer son vote, le libéral Nathaniel Erskine-Smith a déclaré que le rapport rendu public le 20 décembre par la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, Mary Dawson, «parlait de lui-même».

Il a ajouté que Justin Trudeau aurait l’occasion de répondre aux questions des Canadiens dans le cadre de la tournée d’assemblées publiques dont il donnait le coup d’envoi mardi soir à Halifax, puis à celles des élus au retour de la pause des Fêtes.

Justin Trudeau a été sévèrement blâmé par la commissaire Dawson dans un volumineux document déposé quelques jours avant Noël, intitulé «Le rapport Trudeau».

La commissaire y a déterminé que le premier ministre avait enfreint quatre articles de la Loi sur les conflits d’intérêts en acceptant de passer quelques jours avec famille et amis sur l’île privée de l’Aga Khan, aux Bahamas.

Car ces vacances acceptées par Justin Trudeau et sa famille «pourraient raisonnablement donner à penser qu’elles ont été offertes pour l’influencer dans l’exercice de sa charge de premier ministre», a tranché Mme Dawson dans son rapport.

Le premier ministre a présenté ses excuses en conférence de presse au parlement, quelques heures après la publication du rapport, mais les réponses qu’il a offertes ont laissé l’opposition sur sa faim.

Pas de consigne, disent les libéraux

En début de journée, au micro de CBC, le principal intéressé avait refusé de dire s’il aurait accepté de témoigner devant le comité s’il avait été contraint à le faire, suggérant que l’opposition cherchait à marquer des points politiques avec cette démarche.

À l’issue de la rencontre extraordinaire, la députée libérale Mona Fortier a assuré que les élus du comité n’avaient pas reçu d’instructions du bureau du premier ministre en prévision du vote. «Pas du tout», a-t-elle laissé tomber en mêlée de presse.

Nathan Cullen n’y a pas cru. «Vous avez vu la même chose que moi: il y avait six députés, deux ont parlé et ont dit pratiquement la même chose, mot pour mot — un en anglais, l’autre en français — et les autres ont gardé le silence», a-t-il dit aux journalistes.

Lorsqu’on a demandé au néo-démocrate si le vote des libéraux du comité pourrait avoir un coût politique, il a répondu que l’analyse était difficile à faire, mais que selon lui, un «nuage planerait toujours au-dessus de la tête du premier ministre».

Le pari des libéraux n’était pas que le nuage se dissipe de lui-même alors que la Chambre ne siège pas, a insisté Mona Fortier, disant «espérer» que les Canadiens profiteront de la tournée du premier ministre pour poser les questions sur ce voyage.

«C’est pour ça qu’il fait une tournée, pour entendre ce que les Canadiens ont à dire dans leur région, et ce soir, c’est la première rencontre en Nouvelle-Écosse, alors probablement qu’il y aura des questions», a-t-elle souligné.

Les députés de l’opposition, eux, reviendront certainement à la charge aussitôt qu’ils rentreront dans la capitale fédérale, a signalé le député Peter Kent. La rentrée parlementaire à Ottawa est prévue le 29 janvier.

Entre-temps, les élus du comité parlementaire auront l’occasion de questionner Mary Dawson, dont le mandat est venu à échéance cette semaine.

La comparution de la commissaire aura lieu mercredi à Ottawa.

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