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Une vingtaine de pays font pression sur Pyongyang

JONATHAN HAYWARD / La Presse Canadienne Photo: JONATHAN HAYWARD
La Presse canadienne - La Presse Canadienne

VANCOUVER — Les ministres des Affaires étrangères d’une vingtaine de pays réunis à Vancouver, mardi, pour discuter de la menace que fait peser la Corée du Nord, ont surtout convenu que les multiples sanctions contre Pyongyang se devaient d’être appliquées de façon rigoureuse.

En point de presse au terme de la rencontre, mardi soir, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a dit croire «absolument qu’une solution diplomatique est possible et nécessaire», et a soutenu que les représentants d’une vingtaine de pays à Vancouver avaient exprimé la même vision de choses.

Mme Freeland a déclaré que les sanctions commençaient à porter leurs fruits, et que la meilleure chose pour la suite était de s’assurer qu’elles sont «totalement implantées».

«Nous voulons qu’il y ait un démantèlement entier du programme nucléaire de façon vérifiable et irréversible. Jusqu’à ce que cet objectif soit atteint, la communauté internationale continuera de prendre des mesures nécessaires pour freiner la nucléarisation de la Corée du Nord et ses agressions», a-t-elle déclaré.

À ses côtés, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson — qui organisait le sommet avec Mme Freeland — a fait valoir qu’il ne pouvait pas y avoir de solution diplomatique sans dénucléarisation de la péninsule coréenne.

«Nous pouvons faire progresser nos efforts diplomatiques et nous préparer à des discussions, (…) mais la Corée du Nord n’a pas encore démontré qu’elle était une partenaire fiable. (…) La Corée du Nord sait que nos canaux sont ouverts», a dit M. Tillerson.

Dans son discours d’ouverture, M. Tillerson avait déclaré que ce rassemblement de pays envoyait un message clair au régime de Kim Jong-un: «Nous n’accepterons pas une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire». Il a appelé la Chine et la Russie, qui n’étaient pas invitées à la rencontre, à appliquer de façon rigoureuse les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord.

Le gouvernement canadien a fait face à des critiques pour ne pas avoir invité la Chine et la Russie à cette rencontre, qui a réuni principalement des ministres de pays ayant soutenu les forces des Nations unies pendant la guerre de Corée il y a plus de 50 ans.

Le secrétaire d’État américain a également affirmé mardi que les tests de missiles menés par le régime de Pyongyang représentaient une menace pour le transport aérien civil. Il a prévenu que les pressions internationales se poursuivraient jusqu’à ce que la Corée du Nord prenne des mesures décisives pour faire la preuve qu’elle renonce aux armes nucléaires.

De son côté, la ministre Freeland a déclaré que cette réunion offrait une occasion importante «de manifester notre solidarité contre les actions dangereuses et illégales de la Corée du Nord, et de collaborer au renforcement des efforts diplomatiques visant à faire de la péninsule coréenne un endroit sûr, prospère et dénucléarisé».

La question d’un embargo maritime

Pour contribuer à renforcer l’application des sanctions, Mme Freeland a affirmé que le gouvernement du Canada avait réservé 3,2 millions $ pour aider d’autres pays dans la formation et certains aspects techniques, ajoutant que l’enjeu des sanctions serait abordé également durant le sommet du G7 dans Charlevoix.

L’une des questions avant la tenue de la rencontre à Vancouver était de savoir si les participants appuieraient un appel des États-Unis à un embargo maritime sur les cargaisons nord-coréennes, au coeur de craintes sur la contrebande.

Bien que les participants aient convenu d’adopter une ligne plus dure, a dit M. Tillerson, les discussions ne devraient pas amener des actions militaires, mais plutôt l’identification et la saisie dans les ports de biens nord-coréens illicites.

Entre ouverture et scepticisme

La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères, Kang Kyung-wha, a quant à elle estimé que la récente reprise des discussions entre les deux pays voisins — les premières en deux ans — représentait «une étape significative dans le rétablissement des relations intercoréennes».

Elle a toutefois souligné que malgré les récents signes d’ouverture, la Corée du Nord devait encore faire la preuve de son intention de respecter ses obligations en matière de dénucléarisation de la péninsule coréenne. Les sanctions resteront en place tant que Pyongyang continuera sur sa trajectoire actuelle, a-t-elle prévenu.

Son homologue japonais a exprimé son scepticisme quant aux intentions du régime nord-coréen. Selon Taro Kono, ce régime cherche «à gagner du temps afin de poursuivre son programme nucléaire et son programme de missiles».

La réunion de Vancouver intervient après un certain relâchement des tensions entre Pyongyang et Séoul, lié notamment à l’annonce récente de la participation de la Corée du Nord aux Jeux olympiques qui auront lieu en Corée du Sud le mois prochain.

Lors d’une récente entrevue accordée à La Presse canadienne, le professeur titulaire Gérard Hervouet, du département de science politique de l’Université Laval, a toutefois estimé que l’accalmie pourrait être de courte durée.

«Si, après les Jeux olympiques, il y a de nouveau des essais de missiles ou un essai nucléaire, je pense que les choses vont retomber au point de départ (…) Le jeu, pour eux, ils l’ont clairement affirmé: c’est de gagner du temps pour parvenir au statut réel avec des armements avérés, confirmés, des armements nucléaires à longue portée.»

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